A mi-parcours du championnat professionnel 2011-2012, le Wydad de Fès est enfoncé en bas de tableau, quasiment en position de reléguable… De quoi mettre la pression sur ce nouveau messie venu des neiges et des glaciers d'un pays champion de la neutralité. Tu parles de neutralité, indifférence, etc. pour le citoyen suisse Charly Roesly ?! Aussitôt débarqué sur les paisibles rivages de Oued Fès que le bonhomme a vite fait de fixer les règles du jeu. A savoir un projet de… 4 années !! Rien à voir avec la folie des courses aux titres où il s'était embarqué avec les Mernissi, Amrani et consorts pour forcer le couronnement d'un MAS… chimérique. Quatre années suivies au même club ? Mais c'est le football marocain à l'envers !! Tant pis pour la « logique locale »… Alléché par le virage vers le professionnalisme, mais aussi par un comité où il y a moins de dissensions que chez le voisin, Charly a démarré crânement sa révolution… exploitant le vivier et la pépinière wafiste en y engageant les anciens joueurs du WAF. « Ainsi, j'exploite l'expérience de ces anciens pour faire appliquer mon programme de formation et d'adaptation. Je coiffe et enseigne à la manière d'un coach anglais pour assurer homogénéité et continuité disciplinaire, tactico-tactique et vision à long terme… ». Pour commencer, Roesly réclame du comité un espace de 2 à 3 hectares. « Cela suffirait pour démarrer ». Mais à l'intérieur il exige terrain gazonné naturel à côté d'une pelouse synthétique « c'est déjà une base importante d'autant plus que Fès jouit d'un climat et d'une pluviométrie convenables », se réjouit Charly. Mais d'ici-là, l'actualité presse. A savoir ce championnat et ce classement plutôt médiocre. D'où l'impatience du coach suisse de renforcer son effectif à la faveur du mercato hivernal. « Il me faut d'urgence deux attaquants potentiels. Certes, Souanga n'est pas mauvais mais il manque d'efficacité. En plus, Benjelloun n'a pas assez récupéré physiquement. « Or, je tiens à deux qualités essentielles chez mes joueurs : le potentiel et la motivation i » De fait, le « British coach du championnat marocain » chasse l'oiseau rare tous azimuts… Déjà du gibier montre son museau… Ainsi, d'un n° 8 franco-marocain proposé par l'ami… Aziz Bouderbala ! Ou encore un Franco-algérien, un Centrafricain, etc… Voilà pour le plus pressé ! Car Mister Roesly lorgne vers un « 20 février tranquille » au sein des «Rosso-Nero » ! «Quand je vois tous ces jeunes défavorisés qui sont délaissés, je n'accepte pas ça ! C'est d'ailleurs la même chose en Algérie et Tunisie et autres pays tiers-mondistes. « De fait, si les ressources financières suivent, je voudrais travailler avec cette base-même. D'ailleurs, la force d'avoir un manager général, c'est qu'il n'y a effectivement qu'un seul chef et donc un interlocuteur qui détermine les moyens humains prioritaires, sportifs, logistiques, etc, et qui décide qui doit gagner quoi et qui doit faire quoi. Le problème d'un fonctionnement adéquat est que les gens ont de la peine à se cantonner dans un rôle précis, une fonction bien déterminée, et donc empiètent sur les prérogatives des autres. Ceci-dit, la casquette de chef pour moi n'est pas synonyme d'aventure individuelle. Et comme le dit l'adage : « Pour aller vite, il faut aller seul, mais pour aller loin, il faut aller ensemble ». En parlant d' « ensemble », l'une des tâches essentielles était de décomplexer le groupe de ce « Petit WAF » non pas en augmentant les primes de match, mais en poussant ces joueurs dans la partie adverse du terrain ! Concrètement, pour cette saison, il s'agit de stabiliser l'équipe tout en confectionnant un jeu spectaculaire. Histoire de ramener plus de supporters au stade et d'assurer le maintien. Mais qu'on est-il du fameux « à l'offensive » tant prôné dans le MAS d'antan ? « Vous savez, il y a deux manières d'appréhender le football. En fait, il y a beaucoup d'usurpateurs dans le monde du football. Chez les entraîneurs, les journalistes, les dirigeants, les joueurs, les agents, etc. Pour moi, donc, il faut se concentrer sur la direction du jeu. Car quand on court derrière le ballon on… subit ! Ça me n'intéresse pas de subir sauf si l'adversaire est très fort. Au lieu de mettre des petits soldats qui obéissent à des ordres, je préfère des joueurs plutôt créatifs. Autrement, dit je suis contre la thèse du joueur qui se sacrifie au service de l'équipe. Je suis pour l'individualité mais je combats l'individualisme ! C'est ma fille handicapée qui me l'a appris… A partir de là, la différence ne doit pas nous effrayer. En conséquence, le projet est là, il s'agit de l'approvoiser ». Et Charly de regretter une compétition nationale où il y a trop de peur autour des matches et pas assez de patience des dirigeants. Et s'il y a des gradins qui restent vides c'est parce qu'il n'y a pas de spectacle sur la pelouse. Que dire du professionnalisme au Maroc ? Quelles chances de réussite ? « Tout d'abord, il faut que la FRMF donne l'exemple. En matière de programmation, il faut que les responsables se mettent à la place des autres. Quand on change de programmation à la dernière minute, c'est qu'on n'a pas compris l'importance de la périodisation. C'est inadmissible pour un pays comme le Maroc qui doit rattraper son retard. Il faut que les compétences se manifestent d'abord au niveau de la Fédération. Au même moment, je me réjouis d'apprendre que des audits se pratiquent ici et là au Royaume ». Pour les chances du Maroc en finales de la CAN, Charly renvoie à la stratégie de la « Manshaft » (sélection allemande) qui s'inscrit dans la durée, quitte à rater le 1er match. D'ailleurs, rien n'est immobile, rien n'est permanent, sauf… le changement ». Doux comme du chocolat !