Ça fait maintenant dix jours que la boutique de Si Zoubir est fermée. Ses voisins à la « kissarya » se posent plusieurs questions. - « Peut-être qu'il est malade ! » - « Ce n'est pas dans ses habitudes », commente l'un d'eux. - « Il se peut qu'il soit en voyage » -« Allah ijaâl el maniaâ kheyre »,… Ils laissent tomber le sujet et chacun d'eux s'occupe de son commerce. Deux jours après, l'un de ses voisins leur apporte la bonne nouvelle : « Si Zoubir n'a rien ! Je l'ai rencontré hier avec une ravissante jeune fille. Je ne sais pas si c'est sa fille ou une autre, mais ce qui est surprenant, c'est la façon dont il était habillé ! Si Zoubir portait un t-shirt et un short délavé ! - « Tu ne lui as pas demandé qui était la jeune fille qui l'accompagnait ? » -« Quand je l'ai rencontré, il a évité de me saluer, comme s'il avait honte de l'état dans lequel il se trouvait ! ». - « On va demander à l'un de ses amis intimes de s'assurer de ses nouvelles et de nous informer de ce qui s'est passé ». Si Abderrahmane se rend chez Si Zoubir qui l'a accueilli à la porte du ryad contrairement à ses habitudes. Il ne l'a pas invité à y entrer. Si Zoubir portait un pyjama rayé. Il n'a ni « tchamir » ni « farajia », ni « taguya » ni « belgha » ! Si Zoubir l'informa qu'il a suivi ses conseils et qu'il s'est remarié à une ravissante jeune femme après qu'il se soit séparé de Bahya. - « Mais moi, j'ai gardé la première femme pour vivre avec les deux épouses », dit Si Abderrahmane. Si Zoubir ne réplique pas. Salwa l'appelle, il salue en vitesse Si Abderrahmane et rentre sans tarder à la maison. Si Zoubir a abandonné sa tenue traditionnelle pour avoir – comme l'exige Salwa - un nouveau look et être à la page ! Elle n'aime pas que les gens, en les rencontrant, croient que c'est son grand-père avec sa « jellaba » et sa « taguya ». Pour la prière, il la fait souvent à la maison au lieu de se rendre à la mosquée pour prier avec « el jamaâ », une prière qui vaut vingt sept fois celle faite de façon individuelle. Si Zoubir n'arrive pas à s'accoutumer à ce nouveau look, ses économies sont puisées et son compte en banque est presque vide. Il trouve beaucoup de difficultés à reprendre ses activités commerciales, surtout qu'il n'a plus de capital. - « Que dois-je faire ? Comment procéder ? Demander à Salwa l'argent nécessaire pour acheter ce dont j'ai besoin pour mon commerce ? Demander un prêt à la banque ? » Il informe Salwa qu'il veut reprendre ses activités commerciales et qu'il a besoin d'argent. La réponse fut un choc pour lui. - « C'est ton affaire ! Débrouille-toi ! ». Si Zoubir ne sait quoi dire. Il réalise à présent la gravité monumentale de ce qu'il a commis. Il veut rouspéter, mais Salwa le choque encore une fois par cette réaction : - « Si tu n'es pas content, « el bab ousaâ men ktafek ». Moi je suis chez moi ». Si Zoubir se rend compte alors qu'il n'est qu'une « khoudra fouk taâm ». Il veut réagir, mais c'est trop tard.