Après presque six mois de contestations et manifestations populaires contre le régime en place en Syrie, ce dernier reste inflexible et continue d'envoyer ses forces mater les manifestations quasi-quotidiennes quasiment dans tous le pays. Au deuxième jour de l'Aïd Al Fitr, les troupes syriennes ont procédé à de nouvelles arrestations et mis le feu à des habitations, à la fin du mois de jeûne musulman du ramadan au cours duquel 473 personnes ont péri dans la répression de la révolte. Jeudi, des opérations des forces du régime Assad, ont fait au moins un mort dans la ville de Homs où des explosions ont été aussi entendues. A Hama, les forces syriennes ont procédé à des perquisitions pour le deuxième soir d'affilée. La province de Homs, au sud de Hama, était toujours le théâtre mercredi d'opérations des forces de sécurité et de l'armée qui ont lancé un assaut sur la localité de Houlé, arrêtant 16 personnes, a indiqué l'OSDH. Les autorités avaient remis lundi à leurs familles à Houlé 13 corps de personnes enlevées par les forces de sécurité début août, provoquant la colère des habitants, a-t-il ajouté. Toujours à Houlé, les troupes ont mis le feu aux domiciles de deux hommes et menacé d'arrêter leurs épouses et enfants s'ils ne se rendaient pas, selon les LCC, alors que dans le village d'Aqrab, elles ont incendié une maison, mené des perquisitions et des arrestations. En soirée, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes dont Homs et Hama, alors que dans la région de Damas, des tirs ont été entendus. Une personne a été tuée tôt jeudi dans des opérations des forces de sécurité dans un quartier de Homs, ville du centre de la Syrie où des explosions étaient aussi entendues, selon une organisation de défense des droits de l'Homme. "Un citoyen a été tué à l'aube (jeudi) lors d'une opération des forces de sécurité dans le quartier de Nazihine" à Homs, théâtre de manifestations anti-régime et de violences depuis plusieurs semaines, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Des coups de feu étaient entendus en outre à Bab Sbaa et dans d'autres quartiers" de la ville, a ajouté l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Selon l'ONG, cette opération est survenue après des "manifestations massives hier soir (mercredi) dans les quartiers de Khaldiyyé, Bayyada, Qosour, Hamra, Ghouta, Bab Dreib et Bab Sbaa". A Hama, les forces de sécurité syriennes ont procédé à des perquisitions à Hama pour le deuxième soir d'affilée, témoignent des habitants, quelques heures après la démission du procureur de la province. De nombreuses manifestations ont été organisées à Hama, où la répression a été féroce selon les opposants. Des habitants de Hama affirment que la police et les milices du régime, les chabbiha, ont fouillé des maisons dans la nuit de mercredi à jeudi dans les quartiers d'Al Sabounia et Al Marabet, après une première vague d'arrestations dans deux autres quartiers la nuit précédente. "Les habitants répondent en criant 'Dieu est le plus grand' depuis les fenêtres et les toits", a dit Haidar, un activiste local, à Reuters. "Ce soir il y a plus de raids au hasard par rapport à ce que l'armée a fait hier, en fouillant des maisons précises à la recherche d'activistes inscrits sur une liste." Hama, ville de l'Ouest parmi les plus mobilisées contre le régime de Bachar al Assad, a été la première à faire l'expérience de l'offensive syrienne au début du ramadan. des blindés ont pris position dans la localité d'Al-Qoussour et les forces de sécurité ont été déployées en grand nombre dans celle d'al-Hader, selon les Comités locaux de coordination (LCC), un groupe animant les manifestations. Des tirs sporadiques ont été entendus, alors qu'un grand nombre d'arrestations ont été opérées, ont-ils ajouté dans un communiqué. Les forces de sécurité sillonnaient la ville avec leurs pick-up montées de mitraillettes pour "terroriser les habitants". Aggravation des violations des droits de l'homme Moustapha Rostom, une figure de l'opposition, a été arrêté chez lui la nuit dernière à Salamyeh, dans la province de Homs, par les services de renseignements militaires, ont-ils poursuivi. M. Rostom, dont l'état de santé est instable, n'a pas été autorisé à prendre ses médicaments. Des sources d'ONG des droits de l'Homme font état d'un bilan de près de 500 morts, victimes de la répression durant le seul mois du ramadan. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que 473 personnes, dont 360 civils et 113 policiers et soldats, avaient été tuées lors des manifestations réclamant le départ de M. Assad durant le ramadan qui s'est achevé mardi avec la fête du Fitr. Parmi eux 25 personnes âgées de moins de 18 ans, 14 femmes et 28 personnes ont péri en détention ou sous la torture, la plupart dans la province de Homs, a précisé l'ONG basée en Grande-Bretagne. De son côté, Amnesty International a affirmé dans un rapport que le nombre de décès dans les prisons syriennes avait augmenté de "façon alarmante" en 2011. Elle a recensé "88 cas de décès de prisonniers, arrêtés dans le cadre de la répression" du 1er avril au 15 août. Ils étaient de sexe masculin, dont 10 adolescents âgés de 13 à 18 ans. Pour au moins 52 cas, l'organisation, basée à Londres, déclare disposer de suffisamment d'éléments pour penser que "des actes de torture ou des mauvais traitements ont conduit ou contribué au décès". Démission du procureur général de Hama Le procureur général du bastion de l'opposition au président Assad, Hama, a annoncé sa démission dans une vidéo, citant la répression du régime contre les opposants. Cette répression a été dénoncée par le juge Adnane Mohammed al Bakkour dans la vidéo de sa démission, publiée sur le site internet YouTube par des activistes. Si elle se confirmait, la démission de Bakkour serait la première défection d'un haut responsable du régime après cinq mois de soulèvement contre Bachar al Assad. L'agence de presse officielle syrienne affirmait cependant lundi que le procureur avait été enlevé par des activistes alors qu'il se rendait dans sa voiture au palais de justice de Hama. "Les assertions de la télévision syrienne sur mon enlèvement par des groupes armés sont totalement fausses. Je suis sous protection des rebelles et en bonne santé, aujourd'hui, mercredi 31 août", déclare Bakkour dans la vidéo. Un avocat indépendant a confirmé qu'il s'agissait bien du procureur de Hama. "J'ai démissionné pour protester contre les pratiques sauvages du régime contre des manifestants pacifiques", ajoute-t-il.