L'opposition socialiste française dénonçait jeudi le manque d'ambition du plan d'austérité présenté la veille par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, tout en fustigeant des mesures "injustes" relevant du "bricolage" et qui pourraient augmenter le "risque de récession". Le député François Hollande, candidat à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012, a raillé des "recettes de poche qui finissent par faire les poches des Français". Confronté à la crise financière et une croissance en baisse, le gouvernement a annoncé mercredi un vaste plan antidéficit qui rapportera 12 milliards d'euros de recettes supplémentaires à l'Etat en 2011 et 2012. Parmis les mesures présentées, figurent une taxe exceptionnelle sur les revenus des plus riches et des allègements de charges moins avantageux pour les entreprises sur les heures supplémentaires. Pour François Hollande, qui devance Nicolas Sarkozy d'une courte tête dans un sondage CSA publié jeudi dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle (27% contre 26%), l'effort de ce plan pèse sur "les catégories populaires, les classes moyennes, les épargnants, les propriétaires immobiliers" alors que "sur les entreprises, la contribution est modeste". La dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, qui brigue également l'investiture socialiste, a quant à elle mis en garde contre une politique qui consiste à "réduire les déficits" mais à augmenter les "risques d'une récession", au micro de la radio RTL. "On peut faire de la relance à condition de la financer", a-t-elle ajouté, rappelant l'opposition du PS à un texte du gouvernement pour un retour à l'équilibre budgétaire. Evoquant une taxation des supers-riches, elle a lancé: "C'est l'arbre qui cache la forêt". "On vient de leur donner 1,8 milliard, on leur demande 200 millions d'euros", a-t-elle dit, en référence à la somme (1,8 milliard) estimée restituée aux ménages soumis à un impô_t sur la fortune grâce à des avantages fiscaux décidés sous Sarkozy. Claude Perdriel, patron de presse et une des 16 fortunes françaises à avoir demandé une contribution des plus riches, a lui aussi jugé "ridicule" la taxe de 3% annoncée. "Si on augmentait de 5% les impô_ts sur ce que touchent réellement les 1% les plus riches, cela représenterait 5 milliards d'euros et je ne crois pas que ça diminuerait d'un iota ni la croissance, ni la consommation", a expliqué M. Perdriel à RTL. Selon le sondage CSA publié jeudi dans plusieurs médias français, les Français font "plus confiance" à François Hollande (47%) et Martine Aubry (44%) qu'à Nicolas Sarkozy (respectivement 35% et 38%) pour "apporter des solutions efficaces et durables pour réduire la dette".