Meryem en avait marre de cet exercice quotidien et de cette cuisine Elle aurait souhaité vivre avec son mari, ne serait-ce que dans un studio mais seuls. Elle ne se sentait pas à l'aise et même pendant les moments intimes, elle avait l'impression de se trouver en résidence surveillée avec des caméras qui suivaient tous ses mouvements et des oreilles attentives qui captaient tout ce qui peut faire l'objet d'un commentaire et tout ce qui peut offrir à Zoubida l'occasion « bach tnakkate echemaâ » si ce n'est « ezzite » aâla Meryem. L'idée de chercher un logement à part hante l'esprit de Meryem. Elle veut en discuter avec Karim, mais comment peut-elle aborder cette question avec lui. Deux handicaps majeurs : d'abord, il est attaché à sa famille, ensuite c'est une question de budget. El Haj Brahim est retraité et sa pension ne lui suffit pas pour faire face aux différentes charges familiales (eau, électricité, soins de santé, transport, alimentation, habillement, taxes urbaines). Quant aux loisirs et aux voyages, ils sont devenus rares faute de moyens. Karim doit donc aider son père et surtout continuer à réserver la dotation mensuelle à sa mère qui n'accepte aucun argument pour le décharger de cet engagement. Meryem a pensé chercher de nouveau un job puisqu'elle était détentrice d'une Licence en littérature arabe - ah ! Littérature arabe -, une expression qui équivaut à un rejet de toutes les demandes d'embauche et se traduit par l'expression : « Nous avons le regret de vous annoncer qu'il n'y pas de poste budgétaire disponible ». Elle a essayé de trouver un piston pour l'aider à trouver un emploi mais en vain. Une fois, une femme – « semsara » prétendait qu'elle connaissait quelqu'un qui « a le bras long » et lui a demandé un million de centimes comme « hlaoua ». Les parents de Meryem ont cherché à droite et à gauche pour ramasser cette somme qu'ils ont remise à la « semsara ». Ils ont attendu, attendu … et ils attendent toujours sans pouvoir réagir car c'était en espèces et il n'y avait ni preuves ni témoins. Le problème se pose avec acuité car Meryem commence à se sentir à l'étroit et surtout elle veut être libre. Elle ne se sentait pas qu'elle était chez elle, maîtresse de sa maison.