Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent à nouveau dimanche soir à Luxembourg pour tenter de parvenir à un compromis sur un second plan d'aide à la Grèce impliquant cette fois le secteur privé. Ils sont également appelés à valider le déblocage de la prochaine tranche de prêts à Athènes dans le cadre du premier plan de 110 milliards d'euros décidé en mai 2010, faute de quoi le pays ferait défaut sur sa dette dès juillet. Cette perspective ainsi que la cacophonie qui entoure les négociations du second plan de soutien ont accru la volatilité sur les marchés au cours des dernières semaines et fait bondir la prime de risque associée aux obligations grecques, irlandaises ou portugaises. L'accord vendredi entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sur la manière dont les créanciers privés seraient associés à ce plan n'a pas totalement détendu la situation. Le président de la République et la chancelière allemande se sont entendus sur quatre principes : cette participation devra se faire sur une base volontaire, elle ne devra pas constituer un "événement" de crédit, elle devra se faire en accord avec la Banque centrale européenne et la solution trouvée devra être rapidement mise en oeuvre. Angela Merkel a reconnu que l'"initiative de Vienne", par laquelle des banques privées avaient accepté en 2009 de maintenir leur exposition à l'Europe centrale au plus fort de la crise financière, constituait "une base satisfaisante". Selon un diplomate européen de haut rang, ces principes seront endossés par l'ensemble des membres de la zone euro à Luxembourg puis par les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept lors d'un sommet jeudi et vendredi à Bruxelles. "Il y aura un accord politique et de solidarité vis-à-vis de la Grèce à Luxembourg. Cela ne fait aucun doute", a-t-il dit. Mais il restera ensuite à s'entendre sur les modalités pratiques de cette implication des créanciers privés d'ici à une nouvelle réunion des ministres des Finances, le 11 juillet. Si la solution initialement proposée par l'Allemagne d'un échange d'obligations grecques en circulation contre de nouvelles d'une maturité plus longue, qui risquait de déclencher un mouvement de défiance généralisé sur l'euro, a été écartée, une série d'options sont actuellement négociées. Plusieurs sources impliquées dans les négociations indiquent qu'une montée en première ligne du Fonds européen de stabilité financière (FESF) créé en mai 2010 est envisagée. Selon le magazine allemand Der Spiegel, le ministre allemand des Finances pourrait d'ailleurs mettre sur la table à Luxembourg une proposition de compromis visant à permettre au FESF d'émettre des obligations en faveur de la Grèce et des banques grecques. La capacité effective de prêt du FESF serait par ailleurs revue à la hausse, comme les Européens s'y sont engagés depuis plusieurs mois sans y parvenir pour le moment en raison des réticences politiques rencontrées dans plusieurs pays. Le ministre allemand a toutefois répété samedi que tout plan d'aide devrait être accompagné d'une participation du privé qui soit substantielle, quantifiable et démontrable, une manière de signifier que Berlin resterait vigilant sur ce point. Quelle que soit la solution retenue, les membres de la zone euro devront dans un premier temps s'assurer de disposer du temps nécessaire pour la mettre en oeuvre, alors que la situation politique reste très précaire à Athènes et que le pays doit faire face à plusieurs échéances de refinancement importantes dans les mois qui viennent. Une réflexion a ainsi été engagée au sein de la zone euro pour verser plusieurs tranches du programme d'aide en cours en une seule fois, ont indiqué plusieurs sources.