Les avions de l'Otan ont frappé mardi par vagues régulières des cibles à Tripoli, qui n'avait jamais subi de bombardements d'une telle intensité depuis le début des raids occidentaux contre le régime du colonel Kadhafi, en mars. Dans l'après-midi, les avions ont frappé régulièrement, toutes les heures, des cibles dans diverses parties de la capitale, faisant voler en éclats les vitres des fenêtres. Des colonnes de fumée grise se sont élevées dans le ciel. Ces bombardements intenses en plein jour ont commencé lundi. Jusque-là, les frappes aériennes sur la capitale étaient sporadiques et généralement menées de nuit. Le porte-parole du gouvernement libyen a parlé dans la soirée d'un total de 60 frappes aériennes de l'Otan mardi contre la capitale libyenne, où elles ont fait au moins 31 morts. Selon le porte-parole, Moussa Ibrahim, il s'agit de "l'une des journées les plus horribles" depuis le début des opérations de l'Otan, et des civils figurent parmi les victimes. Des bombes sont tombées sur les environs de l'immense caserne de Bab al Azizia, où réside normalement Mouammar Kadhafi, qui a appelé mardi dans un message diffusé par la télévision libyenne la population de Tripoli à le rejoindre. La télévision d'Etat libyenne a diffusé en fin de journée des images d'une rencontre entre Mouammar Kadhafi et des chefs de tribu. Le numéro un libyen, portant une djellabah et des lunettes de soleil, a accueilli les chefs de tribu dans une petite pièce sans fenêtres. Le présentateur de la télévision a assuré que l'entretien avait bien eu lieu ce mardi mais n'a pas dit où exactement il s'était tenu. Un responsable a précisé à la presse regroupée sous haute surveillance dans un hôtel de la capitale que les cantonnements des gardes révolutionnaire et populaire avaient été touchés, mais il n'a fourni aucun bilan. A Naples, QG de l'opération de l'Otan en Libye, un responsable a confirmé que les bombardements actuels étaient les plus intenses lancés jusqu'à présent contre la capitale. "Il s'agit juste d'accroître la pression sur le régime de Kadhafi", a-t-il dit en précisant que les cibles restaient les mêmes: centres de commandement ou de contrôle, dépôts de véhicules et de munitions - tout "ce que le régime de Kadhafi peut utiliser pour attaquer les civils". Surmontant leurs traditionnelles préventions contre toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, Russie et Chine ont entrepris d'établir des ponts avec le Conseil national de transition (CNT) des rebelles à Benghazi, d'où est partie la révolte contre Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 41 ans. S'estimant bien placée pour exercer une médiation dans la guerre civile en Libye, où elle possède de gros intérêts, la Russie a dépêché dans la capitale de la Cyrénaïque Mikhaïl Margelov, représentant spécial du président russe Dmitri Medvedev en Afrique. . "La Russie jouit actuellement d'une position unique en Libye: nous n'avons pas rompu nos relations avec Tripoli, nous avons établi des relations avec Benghazi", a-t-il dit à son arrivée. "Nous sommes prêts, si c'est possible, à jouer les médiateurs pour nouer une dialogue politique interne à la Libye". Lors du récent sommet du G8 à Deauville, Dmitri Medvedev s'était joint à ses homologues occidentaux pour réclamer le départ de Mouammar Kadhafi et s'est posé en médiateur. Selon Margelov, Kadhafi a "perdu sa légitimité dès la première balle tirée contre le peuple libyen". La Russie, qui avait soutenu une première résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sanctionnant le régime de Kadhafi, s'était abstenue lors du vote sur une seconde résolution autorisant une intervention militaire pour protéger le peuple libyen et estime que l'Otan va au-delà de son mandat. De son côté, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Obeidi, est en visite à Pékin au moment où la Chine entend jouer un rôle plus actif en vue de trouver une solution à la guerre civile en Libye. Selon Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, l"émissaire spécial" de Kadhafi doit rencontrer son homologue chinois, Yang Jiechi, pour "échanger des points de vue sur la situation en Libye et sur une solution politique à la crise libyenne". Cette visite avait été précédée par une rencontre entre un diplomate chinois en poste en Egypte et des membres du CNT basés à Benghazi. Auparavant, l'ambassadeur de Chine au Qatar a rencontré Moustafa Abdeldjeïl. "La Chine oeuvre avec toute la communauté internationale à trouver une solution politique à la crise libyenne", a expliqué Hong, semblant sous-entendre que les jours de Kadhafi à la tête de la Libye sont comptés et que le temps de négocier un arrêt des combats s'épuise.