C'est de cette façon qu'on peut s'adresser au genre cinématographique. Le genre a une naissance imprévisible. C'est après le déploiement de plusieurs films que l'on se rend compte qu'on est en présence d'un genre. De même pour le courant et tendance cinématographiques. On ne sait quand cela a démarré et quand a-t-il pris fin. Plusieurs exemples viennent illustrer ces interrogations que se posent les historiens, les critiques et les cinéphiles. Que l'on se rappelle du « Cabinet du Dr Caugari », datant de 1919, dû à Robert Wiene. On dit que c'est le film qui inaugura « L'expressionnisme allemand ». Et pourtant, l'on va se rendre compte que dès 1914, les premiers germes expressionnistes commencent à apparaître dans le cinéma germanique. On décèle dans « Golem » quelques ingrédients prêts à s'épanouir. De même pour néoréalisme. On marque son début au lendemain de la seconde guerre mondiale, dont les précurseurs sont Roberto Rossellini et Vittorio de Sica. En approfondissant l'analyse l'on va se rendre compte que la naissance du « Néo-Réalisme » Italien remonte à 1942 avec « Ossessione » de Luchino Visconti, donc en pleine guerre. D'emblée, on peut se poser cette question fataliste, quand la « Nouvelle vague » a-t-elle pris fin, elle dont les débats se situent en 1957 avec « Les mistons » de François Truffaut. A cette question on trouve plusieurs réponses concordantes selon l'approche du phénomène et ses ramifications. Qui a sonné le glas à la nouvelle vague : Godard, Truffaut, Chabrol, Rosier, Rivette ou Rohmer ? Les points de vue divergent évidemment à ce sujet. De même pour le genre. Il est difficile de marquer le début et la fin d'un genre. Pour le « péplum » par exemple, cela remonte aux années 20 en Italie ou en Amérique dans les années 50. Le « Western spaghetti » est-il né en Italie ou en Allemagne ? Le cinéma de karaté, à Hong Kong ou à Hollywood ? On peut trouver une multitude de réponses à ces questions reposant toutes sur des titres concrets, des faits et des chiffres, mais sans jamais avoir de réponses absolues. Mais une chose est certaine. On n'assiste jamais à une mort absolue d'un genre. Un genre peut à tout moment été ressuscité, peut faire face, réapparaître ici ou là. Que l'on se souvienne du péplum, genre relevant d'un passé ancien, vieux d'une quarantaine d'années. Soudain, il ressuscite avec « Gladiators », film qui sortit dans les salles américaines le jour même de la mort de Steve Reeves, la légende du péplum américain puis italien depuis la fin des années 50. Triste ironie du sort : la mort produit une naissance. De même pour le film de karaté qu'on croyait enterré à jamais avec la mort de sa légende Bruce Lee. Le genre se maintien dans le fonds et dans la forme au sein de la production asiatique et son impact sur Hollywood est toujours aussi efficace. Il continue à se développer même autrement et sans parfois dire son nom. Ainsi, ne pleurons pas le Western Européen, qui a connu son heure de gloire dans les années soixante avec ces coproductions exemplaires entre l'Italie, l'Espagne, la France et l'Allemagne bien avant « Pour une poignée de Dollars ». S'il n'a duré que quelques misérables décennies, il a permis de revisiter le genre et grâce à lui, aussi méprisé soit-il, à poussé la réflexion sur la philosophie et la conception du Western en général. Que nous réserve l'avenir en matière de genres, mais aussi de cinéma en général ?