La ville de Khouribga a encore une fois vécu un vendredi noir avec un véritable climat de suspicion dans l'esprit de tous les habitants qui ne comprennent plus rien à ce qui se passe dans leur ville. Tout recommença cette fois-ci par l'occupation de la voie ferrée au niveau du quartier Massira par des centaines de jeunes manifestants en majorité des jeunes recrutés dans le cadre de la sous-traitance et qui demandent leur intégration au Groupe OCP. A cet effet, ils optèrent pour le blocage de la voie ferrée pour empêcher les trains de transport du phosphate de quitter la ville. Et après des tentatives de dialogue avec les manifestants, les forces de l'ordre durent intervenir pour libérer la voie et les jets de pierre de se déclencher pour durer plus de dix heures, se prolongeant jusqu'aux premières heures de la matinée de samedi, laissant derrière un lourd bilan d'une centaine de blessés dont des cas très graves parmi les forces de l'ordre dont un agent des forces auxiliaires évacué d'urgence à l'hôpital militaire de Rabat. On nota aussi une quinzaine d'arrestations parmi les manifestants qui seront déférés au parquet avec comme chefs d'accusation : actes de vandalisme et de désobéissance civile. Ainsi, la ville de Khouribga vit ces derniers jours au rythme d'une véritable confusion qui plonge citoyens et autorités dans un interminable climat de chaos : marches coléreuses, sit-in quotidiens sur toutes les voies et places publiques, blocages de la voie ferrée et du transport du personnel, attroupements séditieux, incursions dans des administrations et lieux ciblés… En effet, depuis le mardi 15 mars 2011 et malgré les multiples réunions avec les postulants à l'emploi dans les services du Groupe OCP, dont le nombre dépasse les 30 mille, la situation reste équivoque et continue de soulever de vives polémiques bien que la Direction OCP ait proposé un plan de 5.800 emplois nouveaux au niveau de tous les sites OCP en plus du programme de formation de 15.000 personnes et de l'accompagnement de projets générateurs de revenus. La tension est donc au top niveau et on craint le pire pour le jour où on allait sortir les listes des bénéficiaires, date déjà annoncée pour le début juillet 2011. En attendant, le climat reste malsain et confus et des rumeurs souvent occultes et colportées par des individus de mauvaise foi continuent d'envenimer donc les esprits. Pour l'habitat, c'est encore pire car le siège du premier khalifa du gouverneur est quotidiennement pris d'assaut par des milliers de citoyens dont 95 % sont des femmes qui postulent à l'octroi d'un lot de terrain. Faut-il rappeler que la ville de Khouribga a été déclarée, il y a belle lurette, ville sans bidonvilles ? Faut-il rappeler également que tous les bidonvillois, et sans exception aucune, ont bénéficié de cette opération de grande envergure ? Or, cette fièvre de contestations houleuse et endémique et souvent instrumentalisée par des élus et des courtiers de mauvais augure, a viré vers le chaos. Ainsi, le nombre de dossiers déposés dépasse l'imaginable car tous les bénéficiaires de toutes les opérations de recasement de bidonvillois viennent déposer des dossiers de tous leurs descendants. Beaucoup d'observateurs justifient cette confusion par un manque de transparence dans les rouages des autorités locales. « Qu'ils nous disent qu'il n'y a rien à distribuer et on ira chez nous ! », dut lancer une femme exaspérée par ce climat de confusion. Pire, à ce nombre incroyable de dossiers déposés vient s'ajouter une autre catégorie de postulants : les locataires qui viennent, chaque jour, brandissant leurs reçus de location et comme on le sait des vrais et des milliers de faux. Pire encore, ces attroupements devant le siège du pacha attisent les rumeurs bien tissées et aggravent l'affluence. Pire encore, des courtiers véreux se mêlent de la situation pour décrocher des promesses de vente de ces lots qu'on distribuerait… un jour qu'il faut chercher dans les calendes grecques. Et alors que ces jeunes postulent à un emploi et ces « dames » postulent à un lot, des procès sont ouverts pour passer en jugement des élus et des fonctionnaires impliqués dans des affaires de malversations, de rançonnements et de corruption. Toute l'opinion publique locale et surtout la société civile suivent de près l'aboutissement de ces dossiers et de là ils tireraient la conclusion si la justice est vraiment souveraine et incorruptible.