Le mardi 10 mai, les manifestations des diplômés chômeurs dans la capitale ont pris une nouvelle et grave tournure. Tous les accès du Parlement ont été pris d'assaut et la circulation sur l'avenue Mohammed V et dans les rues adjacentes bloquée. Plus grave encore, des manifestants ont opté pour la violence et l'agression de paisibles citoyens dont l'unique tort est de s'être trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment. C'est le cas de deux jeunes femmes qui, à bord de leur voiture, voyant que la circulation était bloquée sur l'avenue Mohammed V, voulaient contourner le siège du Parlement par la rue d'en bas. Mal leur en a pris. Des manifestants en blouses jaunes et oranges avec comme étiquettes «cadres diplômés chômeurs», étaient là aussi et, sans crier gare, ils ont encerclé la voiture devant deux fourgonnettes pleines de policiers qui ont visiblement opté pour la neutralité. Le saccage pouvait commencer: pneus crevés, poignets de la voiture et plaques d'immatriculation arrachés, tôle enfoncée par des coups de pied et les vociférations fusaient de toute part. Terrorisées et esseulées, les deux jeunes femmes ne savaient à quel saint se vouer. Elles ont bloqué les portières et, pendant plus d'une demi heure, elles allaient passer les pires moments de leur vie. Les agresseurs, revendiquant le droit au travail, et donc «instruits» n'ont pas lésiné sur les mots ni sur les actes de vandalisme, avec haine, insultant, traitant les agressées de tous les mots : voleuses, pourquoi elles ont une voiture etc Le comble, c'est que tous ces actes se sont déroulés sous les regards des éléments de police qui n'ont pas réagi. A plusieurs reprises, les agressées ont appelé par téléphone la police qui leur aurait spécifié qu'elle a consigne de ne pas s'attaquer aux manifestants. Une telle consigne est sage, mais doit-elle être observée dans toutes les situations ? Au bout de la suffocation et par instinct de survie, les deux femmes ne s'en sont sorties qu'en faisant marche arrière et en forçant le passage malgré les pneus crevés, laissant derrière elles, ou plutôt devant elles, une foule enragée. Elles ont immédiatement pris la direction du commissariat de police où elles ont déposé plainte. Visiblement, dans ce cas précis, on ne peut parler de manifestation pacifique et devant une telle situation, les forces de l'ordre deviennent dans l'obligation d'intervenir pour préserver l'ordre et la sécurité des personnes et des biens. Manifester ne doit pas être assimilé à l'anarchie et à l'agression des citoyens. Ce qui s'est passé mardi est un signal d'alarme à prendre très au sérieux. Il y va de la préservation des droits de la communauté.