Pour avoir plus d'informations, nous avons contacté M. Hicham Masski, écologue halieute travaillant sur les écosystèmes marins et halieutiques au sein de l'Institut National de Recherches Halieutique (INRH). Entretien: L'Opinion: Les quantités des physalies rejetées par la mer est-ce un phénomène nouveau et comment expliquer que seule cette variété de faune marine soit concernée? Hicham Masski: Des arrivées de physalies et/ou méduses en grandes quantités sur la côte Atlantique marocaine n'ont pas été observées durant ces 20 dernières années, et à ma connaissance jamais décrites. Nous n'avons pas d'éléments de réponse sur le fait que ce soit cette espèce et non une autre, mais il parait que des phénomènes similaires sont observés actuellement sur les côtes Atlantiques des Etats Unis. L'Opinion: On parle de pêcheurs sardiniers qui ont pris dans leurs filets de grosses quantités de physalies, c'était à quel endroit et est-ce qu'il y eu des rejets de même type ailleurs? Hicham Masski: Après vérification, il parait que la prolifération est observée de Larache à Agadir.... reste à préciser que ces indications sont rapportées par des professionnels de la pêche. L'Opinion: Est-ce que la question du réchauffement climatique est la seule probabilité à retenir pour expliquer le phénomène? Hicham Masski: Absolument pas, les côtes bretonnes aux eaux fraîches ont eu des cas de prolifération de physalies ces deux dernières années. Ce qui est à pointer du doigt c'est plutôt les perturbations des écosystèmes, le réchauffement étant un élément parmi d'autres. Cependant, il n'y a pas d'avis unanime à ce propos... La complexité ne peut avoir de traitement simple. L'Opinion: Que doit-on comprendre pour le réchauffement? Est-ce qu'il y a des températures connues (donc dites normales) qui ont été dépassées? Hicham Masski: Il existe des gammes normales dans lesquels les températures varient selon des cycles connus et le réchauffement des eaux est une tendance observée, on pense bien sûr fortement aux changements climatiques, mais à ce propos un climatologue ou un océanographe est mieux placé pour répondre. L'Opinion: Est-ce qu'il y a des dangers en cas de rejets marins? Quelles sont vos recherches dans ce domaine? Hicham Masski: Les problèmes majeurs à court terme sont les brûlures occasionnées lors du contact de la peau avec ces animaux, et la gêne occasionnée aux pêcheurs qui voient leurs filets encombrés par des espèces indésirables. Cela changera de figure si ce phénomène se prolonge dans le temps. Pour ce qui est des recherches sur ces espèces, je n'en connais pas à l'échelle du Maroc. Quant aux réponses spécifiques à apporter à ce type de phénomènes, c'est aux instances scientifiques officielles qu'il faut poser la question. Par ailleurs, les recherches dans lesquels je suis impliqué au sein des équipes de l'INRH concernent la compréhension du fonctionnement des écosystèmes face aux perturbations induites par la pêche et l'environnement, et intégrent de fait la prise en compte de ce type de phénomènes. L'Opinion: D'où proviennent les brûlures provoquées sur l'épiderme, c-à-d quel est l'agent nocif ? Hicham Masski: Les brûlures sont dues à du venin qui se trouve dans des cellules présentes sur les longs filaments et qui est utilisé par ces animaux pour chasser des poissons qu'ils arrivent à paralyser par ce biais, avant de les digérer.