Les forces de sécurité syriennes ont bouclé dans la nuit de dimanche à lundi les accès à la ville côtière de Banias, théâtre de violences à caractère imputées à des miliciens partisans du président Bachar Al Assad, ont rapporté des témoins. A Damas, la capitale syrienne, des centaines d'étudiants ont manifesté sur le campus de la faculté des sciences. Un militant pro-démocratie dit avoir reçu un SMS indiquant qu'un étudiant avait été tué par les forces de l'ordre qui encerclent la faculté dans le centre-ville, information qui n'a pu être vérifiée. Après des manifestations en faveur de la démocratie vendredi et samedi à Banias, ville majoritairement sunnite entre Lattaquié et Tartous, des miliciens alaouites, les «chabbiha», circulant en voiture ont ouvert le feu à l'arme automatique sur des habitants. Au moins quatre personnes ont été tuées, a déclaré à Reuters l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Bachar al Assad est lui-même membre de la secte alaouite, issue du chiisme. Un autre militant des droits de l'homme a déclaré que les routes menant à Banias étaient bloquées. «Nous avons essayé de rejoindre Banias à partir de l'autoroute longeant la côte mais la police secrète bloquait la sortie principale et forçait les voitures à faire demi-tour. Les routes voisines étaient également bloquées», a-t-il dit. «L'électricité est coupée depuis hier, les gens sont terrifiés», a déclaré par téléphone à Reuters Anas al Choughri, l'un des organisateurs des manifestations. «L'armée est déployée dans les rues et il y a des barrages dans tout le secteur.» Citant une source autorisée, l'agence de presse officielle Sana a pour sa part rapporté qu'un groupe armé avait tendu dimanche une embuscade à une patrouille de l'armée sur l'autoroute entre Lattaquié et Tartous près de Banias, tuant neuf soldats. Au moins 90 morts Au moins 90 personnes sont mortes depuis le début en mars des manifestations, parties de Deraa, dans le sud de la Syrie. Alors que le mouvement de contestation se poursuit pour une quatrième semaine consécutive à travers le pays, les forces de sécurité syriennes se sont déployées samedi soir à bord de chars près de la raffinerie de Banias, près du quartier alaouite de Koussour. Des coups de feu ont été entendus dimanche en divers endroits de la ville. «Les ‘chabbiha' sont descendus des montagnes voisines. Les habitants de Banias savent qu'il s'agit de voyous agissant sur ordre et que des divisions confessionnelles conduiraient à des destructions pour tout le monde», a dit un défenseur des droits de l'homme, selon lequel des sunnites comme des alaouites ont participé aux dernières manifestations en faveur de changements démocratiques à Banias. «Les rues de la ville se sont vidées après ces meurtres. Les gens ont peur. Les chabbiha tirent de manière aveugle et on peut voir les impacts de balles sur les bâtiments», a-t-il ajouté. Selon un médecin et un professeur d'université, ces chabbiha ont notamment attaqué un groupe de personnes gardant la mosquée sunnite Abou Bakr al Siddiq. «Quatre personnes ont été touchées aux pieds et aux jambes. Une cinquième personne a subi des blessures plus graves, une balle d'AK-47 ayant pénétré dans le côté gauche de sa poitrine», a dit ce médecin, qui se trouvait sur les lieux au moment des faits. «Banias est une ville de 50.000 personnes. Nous nous connaissons tous et nous le saurions s'il y avait des agents infiltrés», a dit le professeur d'université.