Contrairement à d'autres pays arabes qui interdisent les manifestations populaires et les répriment en recourant à l'usage excessif de la force, le Maroc a toléré l'organisation, dimanche, de manifestations dans différentes villes du Royaume. Soucieux de respecter les Droits de l'Homme auxquels il est fermement attaché, le Maroc a garanti le droit de manifester, le considérant comme une forme d'expression de l'opinion publique. Les forces de l'ordre n'ont aucunement intervenu dans le déroulement de ces manifestations dans la mesure où, selon plusieurs observateurs, elles revêtaient un caractère pacifique et exprimaient des revendications politiques, économiques et sociales, notamment la lutte contre la perversion, la corruption, le népotisme et l'abus de pouvoir. Ces revendications rejoignent, en fait, celles exprimées par des partis nationaux tel que l'Istiqlal qui n'a cessé de lutter, depuis l'accession de notre pays à l'indépendance, pour l'établissement de la démocratie authentique, de la justice sociale et pour le respect de la dignité des citoyens et des Droits de l'Homme. Cette lutte pour la démocratie a valu aux dirigeants de l'Istiqlal et aux responsables de sa presse des procès politiques retentissants et des peines d'emprisonnement. Mais, si les jeunes qui ont exprimé leurs doléances lors des manifestations du 20 février et du 20 mars sont de bonne foi, le risque d'instrumentalisation de ces revendications se confirme puisque des mouvements extrémistes, de gauche comme de droite, ont profité de l'occasion pour servir des agendas politiques aux objectifs obscurs. La lutte contre la perversion, la corruption, le détournement des deniers publics, les privilèges et les passe-droits figure parmi les préoccupations du gouvernement qui dispose d'une réelle volonté politique d'enrayer ces fléaux. Mais cette action nécessite la mobilisation de toutes les énergies et la mise en place d'une stratégie à la réalisation de laquelle l'ensemble des citoyens doivent participer et en premier lieu la jeunesse. Ce qui importe en priorité, c'est d'accentuer la cadence des réformes et de mettre fin à l'impunité. Le peuple marocain soutient les réformes annoncées dans le Discours Royal du 9 mars relatif à la régionalisation avancée et à la réforme de la Constitution. Le débat reste ouvert dans le cadre du respect des constantes immuables de la Nation pour enrichir les projets de réforme et pour que la jeunesse puisse s'exprimer en toute liberté. Nous espérons que les organisations internationales chargées de défendre les droits humains puissent relever l'exception marocaine dans ce domaine et revoir les critères sur la base desquels elles procèdent, dans leurs rapports, au classement de notre pays.