L'Agence japonaise de sûreté nucléaire a jugé mardi extrêmement faible la possibilité que les piscines de combustible usé et les barres de combustible de la centrale nucléaire de Fukushima atteignent à nouveau un stade de "criticité". De la vapeur s'élevait mardi au-dessus du réacteur n°2 de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima-Daiichi mais le phénomène ne porte pas à conséquence, selon l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco). De la fumée a également été vue au-dessus du réacteur 3 durant plusieurs heures mardi mais ce n'était plus le cas en fin de journée, a déclaré l'Agence japonaise de sûreté nucléaire. L'agence a déclaré que le panache blanc au-dessus du réacteur 2 était probablement de la vapeur provenant de la piscine de combustible usé. "La vapeur s'échappait déjà avant", a déclaré un porte-parole de Tepco. "Nous avons jugé qu'il était sans danger de poursuivre les travaux." Tepco a annoncé la reprise des travaux pour rétablir l'électricité dans les réacteurs n°1, 2, 3 et 4, préalable à une tentative de remise en service des pompes de refroidissement.Les pénuries de carburant, les pluies parfois verglaçantes et les pannes de courant ralentissent les efforts des secours dans le nord du Japon, même si des routes endommagées ont pu être rouvertes dans les zones dévastées par le séisme et le tsunami du 11 mars. La catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire de l'humanité - évaluée à 250 milliards de dollars - a fait dans les 21.000 morts et disparus, et 319.000 personnes ont dû être évacuées. À ce jour, 221.000 foyers sont toujours privés d'électricité et 2,4 millions de personnes n'ont plus accès à l'eau courante. "La situation s'améliore en termes de logistique et de distribution des vivres et d'autres produits de première nécessité", déclarait mardi Francis Markus, membre de la délégation de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Tokyo. "Mais elle n'en demeure pas moins très difficile", ajoute-t-il. Depuis le début de la semaine, la pluie a cloué au sol les hélicoptères qui acheminent des produits de première nécessité et les autorités n'ont pu utiliser que la route pour ces livraisons, selon l'OCHA (Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies). Et les problèmes d'accès à l'eau "demeurent préoccupants" dans 11 préfectures, ajoute-t-il. Dans les centres d'évacuation mis sur pied dans l'urgence, où s'entassent des centaines de survivants depuis plus d'une semaine, la situation se dégrade dans certaines régions, où l'on note des cas de diarrhée, de stress et d'épuisement. Takeshi Murakami, un retraité de 67 ans de la ville dévastée de Kesennuma, vit provisoirement dans le gymnase d'une école, en compagnie de 450 autres personnes. La semaine dernière, l'endroit a accueilli jusqu'à 800 personnes. Rares sont ceux qui ont pu prendre un bain depuis le séisme du 11 mars, dans ce pays où c'est pratiquement un rite quotidien, et beaucoup n'ont pour habits que ceux qu'ils portaient le jour du drame. Près de son sac de couchage, les quelques effets que Murakami a pu sauver sont entassés dans un coin. "La seule chose qu'on puisse faire, c'est tenir le coup", dit-il. Dans ce centre d'hébergement, le sommeil est fréquemment interrompu par les cris d'un malade d'Alzheimer. Les évacués utilisent des toilettes portatives installées à l'extérieur du gymnase. Des progrès, lents, ont été réalisés vers un retour à une vie normale. L'autoroute du Tohoku, qui relie Tokyo au nord de l'île de Honshu, a été rouverte aux poids lourds. À Rikuzentakata, où plus de 80% des 8.000 maisons ont été emportées par le tsunami du 11 mars, des logements temporaires sont en construction. Environ 5,5 millions de repas, 380.000 couvertures et 90.000 couches pour bébés avaient été distribués à la date de lundi dans les zones ravagées par le raz-de-marée, selon l'OCHA. Mais dans la préfecture d'Iwate, où près de 46.000 personnes étaient logées dans des centres d'hébergement lundi, la pénurie de carburant empêche l'acheminement de l'aide vers les zones isolées. "Des produits de première nécessité sont envoyés aux centres d'hébergement mais à cause de la pénurie de carburant, ils ne parviennent pas à certains endroits", a dit un responsable des opérations de secours dans la préfecture d'Iwate.