Agacé par les internautes qui appelaient à la révolte et qui coordonnaient les manifestations en Egypte sur les réseaux sociaux, et constatant que la censure de Facebook et Twitter pouvait être contournée (cf. notre billet de week-end dernier), le régime en place a eu recours à la méthode radicale jamais utilisée dans le monde à ce jour : couper totalement l'Internet. Plusieurs initiatives à l'international ont été alors déployées par des groupes de hackers et des ONG pour permettre aux Egyptiens de continuer à communiquer avec le reste du monde. La plus spectaculaiure de ces initiatives est venue du géant américain Google qui vient d'acheter la startup SayNow, une entreprise spécialisée dans le marketing par messages téléphoniques. Après «un week-end de travail» avec Twitter, Google a lancé Speak2tweet par le biais de sa nouvelle acquisition, un service permettant aux Egyptiens (et aux autres) de laisse des messages vocaux via un appel téléphonique, qu'il soit fixe ou mobile. Le message oral est ensuite relayé sur la plateforme de microblogging Twitter. Chaque message est tagué (marqué) #egypt ou #jan25, date du début du mouvement de révolte dans le pays des pharaons. La fonctionnalité développée par SayNow peut aussi être appliquée à Facebook, Skype et LinkedIn. En dehors du détournement de cette technique de son usage initial et son utilisation pour contourner la censure de l'Internet, on se demande plutôt comment Google (qui signalait la disparition de l'un de ses cadres en poste en Egypte) pourrait poursuivre ses activités dans ce pays si le régime en place se maintiendra. Selon un éminent professeur d'économie, la publicité dont a bénéficié Google dépasse largement le risque de mettre en péril ses affaires en Egypte. Ce qui n'est pas le cas pour une entreprise comme Coca Cola, car on voit mal comment elle pourrait s'en sortir si elle s'était amusée à faire sa publicité en distribuant des canettes aux manifestants de la Place Tahrir ! Pour les pertes et profits, ce qui est sûr pour le moment, c'est que l'économie égyptienne a subi de grands préjudices à la suite de cette coupure sans précédent de l'Internet. La facture est très lourde. Elle s'élèverait à 90 millions de dollars US en 5 jours et l'image du pays auprès des investisseurs a été sérieusement écornée à croire l'Organisation de coopération et de développement économiques qui compte 34 pays membres (lire ci-contre le communiqué de la OCDE).