Les dirigeants israéliens et palestiniens se sont retrouvé hier jeudi à Washington pour relancer leur dialogue direct, sous la houlette du président Barack Obama qui a appelé les deux parties à saisir la «chance» de la paix, malgré les nombreux obstacles restant à surmonter. Alors que les pourparlers directs reprennent, de nombreux points de désaccord persistent entre les deux parties, bien qu'elles se disent confiantes sur les chances de parvenir à s'entendre sur un texte C'est dans un climat marqué par de nouvelles violences sur le terrain et par des annonces de fermeté que les pourparlers directs israélo-palestiniens ont débuté hier à la Maison Blanche. Les protagonistes du processus de paix ont néanmoins affiché mercredi leur bonne volonté en arrivant chez leur hôte américain, après que le président Barack Obama les eut appelés à saisir une chance de faire la paix qui pourrait, selon lui, ne plus se représenter. Prêt à un «compromis historique» Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, connu pour ses positions de «dur», a multiplié les déclarations conciliatrices en fin de journée, qui aura vu plusieurs des principaux acteurs de la région, à commencer par lui-même, se succéder dans le Bureau ovale de Barack Obama. Benjamin Netanyahou a affirmé être prêt à un «compromis historique» avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qu'il a qualifié de «partenaire pour la paix», et vouloir mettre fin «une fois pour toutes» au conflit israélo-palestinien pour parvenir à une «paix qui durera des générations» malgré «les sceptiques». Les deux hommes se sont d'ailleurs chaleureusement serré la main après leurs discours en début de soirée dans la salle d'apparat de la Maison Blanche, en présence de Barack Obama, du roi Abdallah de Jordanie et du président égyptien Hosni Moubarak. Un aboutissement d'ici un an ? Les cinq dirigeants, aux côtés de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et du représentant du Quartette Tony Blair, devaient ensuite dîner ensemble. Les dirigeants «ne peuvent pas se permettre de laisser s'échapper» cette chance, a affirmé Barack Obama. «Le temps est venu pour les dirigeants courageux et visionnaires d'ouvrir la porte à la paix que leurs peuples méritent», a-t-il ajouté, en promettant de jeter «tout le poids» des Etats-Unis dans la balance. Les Etats-Unis avaient fait savoir, il y a quelques jours, qu'ils souhaitaient voir aboutir les discussions d'ici un an. Le dialogue direct à proprement parler reprend jeudi à 10h (14h GMT, 16h heure française) au département d'Etat. Selon le président américain, tant Benjamin Netanyahou que Mahmoud Abbas lui ont affirmé qu'ils étaient persuadés qu'une solution était possible dans le délai fixé. Encore de nombreux points d'achoppement Mahmoud Abbas a rappelé «notre engagement à remplir nos obligations». Mais, à l'instar de Hosni Moubarak, il a exhorté les Israéliens à geler toute construction dans les colonies en Cisjordanie. Ce gel «n'est pas une condition préalable», mais l'application d'un accord passé avec les Israéliens, a-t-il dit. La question de la colonisation israélienne, sur laquelle le gouvernement Netanyahou a décrété un moratoire qui arrive à échéance le 26 septembre, constitue un écueil de taille dans le processus de paix. Benjamin Netanyahou ne l'a pas évoquée mercredi soir, mais selon son bureau, il a réaffirmé à Hillary Clinton que ce gel prendrait fin à la date prévue. Les positions des deux parties sur d'autres sujets cruciaux semblent difficiles à réconcilier, nourrissant le scepticisme, sinon le pessimisme des observateurs sur les chances de succès de cette énième tentative de règlement, 17 ans avec le processus d'Oslo. C'est le cas du devenir des réfugiés palestiniens et du statut de Jérusalem, ville dont Israël a annexé la partie orientale, et que l'Etat hébreu défend comme sa capitale indivisible. Dans le passé, les négociations israélo-palestiniennes ont été à la merci de violences sur le terrain. A ce sujet, après un attentat qui a coûté la vie mardi à quatre colons en Cisjordanie et un autre mercredi lors duquel deux Israéliens ont été blessés, Benjamin Netanyahou a promis qu'il «ne laisserai(t) pas les terroristes entraver la marche vers la paix». De son côté, Mahmoud Abbas a condamné ces attaques, jurant que «nous ne voulons pas du tout que le sang soit versé (...), pas une goutte de sang israélien ou palestinien». Le processus doit aboutir à un accord de paix entre les deux parties. Selon M. Obama, tant M. Netanyahu que M. Abbas lui ont affirmé qu'une solution était possible dans le délai fixé d'un an. Les discussions entre Israéliens et Palestiniens avaient cessé fin 2008, avec l'offensive israélienne sur Gaza. Leur reprise ne suscite toutefois guère d'illusions, tant semblent grandes les divergences sur des dossiers clefs: les frontières du futur Etat palestinien, Jérusalem et le statut des réfugiés. Première difficulté immédiate: la colonisation israélienne, partiellement gelée. Les Palestiniens ont déjà prévenu que toute reprise des implantations -le moratoire s'achève en principe le 26 septembre- «vouerait les négociations à l'échec». En contrepoint, la situation sur le terrain rappelle une tension qui persiste plus de 60 ans après le début du conflit: mercredi soir, deux Israéliens qui circulaient en voiture près d'une colonie de Cisjordanie, ont été blessés par balles, selon l'armée. La veille, quatre colons israéliens avaient été tués lors d'une attentat revendiqué par le Hamas. Malgré tout, les parties, présentes depuis le début de la semaine à Washington pour préparer la reprise du dialogue, affichent leur bonne volonté. M. Netanyahu a assuré vouloir mettre fin «une fois pour toutes» au conflit et qualifié M. Abbas de «partenaire pour la paix». Artisan de la reprise des négociations, le président Barack Obama a multiplié les efforts pour garantir le succès du processus, soulignant que «cette chance de paix pourrait bien ne plus se représenter».