C'est déplorable, affligeant, infiniment contestable. L'installation quasi-illégale de grands taxis devant un quartier résidentiel à Ifrane, en l'occurrence la résidence Jbel Habri, suscite des réactions qui pourraient se transformer en mouvements de révolte des locataires. Les habitants de ce quartier, l'un des plus calmes d'Ifrane, menacent aujourd'hui de mener des actions de protestation à grande envergure si les autorités ignorent leurs doléances. «Chaque jour notre quiétude est violée et les règles élémentaires d'une bonne éducation sont transgressées. A longueur de journée, des insultes et des injures choquantes sont proférées. Pis, on se permet de nous bloquer les trottoirs, nos espaces de stationnement, l'entrée de la résidence, et de jeter les déchets en pleine rue, sans parler du vacarme indescriptible qui nous stresse en permanence», affirme un résident de l'immeuble A. «On n'ose plus ouvrir les portes du balcon à cause des bagarres et des insolences. Ces gens nous privent de notre droit à une vie calme et sereine», rétorque un autre père de famille. Pour plusieurs ménages, le rêve d'habiter un quartier calme et propre s'est très vite transformé en cauchemar. En effet, le calvaire a commencé lorsque les autorités locales ont pris la décision unilatérale, sans aucune consultation des habitants, de transférer la station des taxis vers ce quartier résidentiel, comme si Ifrane manquait d'espace pour accueillir ces taxis ! Décision subite et pour le moins curieuse et lourde de conséquence, prise sans l'aval des habitants est en contradiction flagrante avec les nouvelles approches participatives prônées par l'Initiative Nationale de Développement Humain. D'autres places plus appropriées, très nombreuses, existent pourtant à Ifrane et on se demande avec quelle arrière pensée cette décision a été prise. Afin de lever un préjudice réel pour les habitants, un autre emplacement devra être trouvé pour ces taxis qui ont tendance à transformer, faute de toilettes publiques, un espace vert d'une beauté exceptionnelle en toilettes à ciel ouvert. «Aujourd'hui, nous sollicitons l'intervention des autorités avant d'entamer des formes de protestation contre le harcèlement que nous subissons à cause de ces engins, des chauffeurs et autres personnes qui gravitent autour de ce manège et qui ont envahi notre quartier mais aussi nos vies», conclut un habitant de la résidence Jbel Habri. Pour accompagner l'activité des transporteurs, une baraque faisant fonction de téléboutique est déjà dressée, d'autres baraques suivront sûrement pour faire office de cafés, de restaurants… une belle manière d'encourager des phénomènes d'un temps révolu en plein centre ville. Déjà les habitants de Jbel Habri ont un vrai sentiment de marginalisation, n'ayant pas bénéficié des projets de mise à niveau urbaine que connaît la ville, et voilà qu'on touche à ce qu'ils ont de mieux, leur quiétude, en un mot leur vie. Espérons qu'une solution appropriée sera trouvée à ce problème qui semble franchement monté de toute pièce. Doit-on rappeler que le premier rôle des autorités est de servir la population et non pas d'être à l'origine de son malheur ?