C'est ce qui s'appelle mettre les pieds dans le plat. La douloureuse histoire du Togo, dont l'équipe nationale a été mitraillée par des « rebelles » au Cabinda alors qu'elle se rendait à la CAN 2010 qui se déroulait à Angola, vient de trouver une sorte d'achèvement à Zurich. Le président Blatter a convaincu son collègue Hayatou de lever les sanctions – 4 ans de suspension - qui pesaient sur les Togolais coupables d'avoir abandonné la compétition sur injonction du gouvernement, faisant ainsi fi des règlements de la FIFA qui interdisent aux instances gouvernementales d'interférer dans les choses du football. Le Togo avait déposé un recours au T.A.S. (Tribunal Arbitral du Sport), celui ci a refilé le bébé à Blatter qui a trouvé la solution. Solution qui consiste clairement à demander à Hayatou de piétiner les règlements que la FIFA a, elle-même, établis. Rappelons que la décision de suspendre le Togo avait été prise par le comité exécutif de la C.A.F. (Confédération Africaine de Football), lequel comité exécutif avait basé sa décision de suspendre le Togo pendant 4 ans sur les textes qui régissent le football international. Hayatou, pressé par Blatter de trouver une solution a déclaré que ce sera le comité exécutif qui doit trancher. Justement cette honorable instance du foot africain va se réunir le 15 mai prochain, et on peut déjà dire que le Togo sera « pardonné ». La FIFA a justifié son intervention pour des raisons spéciales liées à des questions « humanitaires ». Il n'en reste pas moins que la FIFA a avalé une belle couleuvre. Le nombre de fois où la maison zurichoise du football brandissait ses foudres dès que l'ombre d'une intervention du gouvernement planait sur une fédération, menaçant celle-ci de suspension immédiate, résonne encore dans toutes les mémoires. Cela donnait à la FIFA une sorte de force occulte qui impressionnait les esprits. On peut rappeler, qu'en 1996, Havelange qui était alors encore président de la FIFA, avait menacé la France de Jacques Chirac de lui retirer l'organisation de la Coupe du Monde 98 si Bernard Tapie persistait de traduire la FIFA en justice. Car la FIFA qui se protège des interventions gouvernementales interdit aussi le recours à la justice pour tout différent concernant le football. Aujourd'hui, avec cette affaire du Togo, il y a comme une brèche. Sera-t-elle vite refermée, ou bien désormais sera-t-elle considérée comme un précédent qui pourra transformer fondamentalement les choses dans le football mondial ? L'avenir nous le dira. En attendant, la réunion du 15 mai du bureau exécutif de la CAF devra réfléchir sur le retour du Togo en compétition, au moment où le tirage des éliminatoires de la CAN 2012 a été déjà effectué. Sans le Togo.