Reporters sans Frontières (RSF) publie lundi à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse sa liste actualisée des "40 prédateurs" recensant dirigeants politiques, religieux ou organisations terroristes prenant systématiquement pour cible le travail des journalistes. "Puissants, dangereux, violents, ils sont au-dessus des lois", souligne l'organisation non gouvernementale de défense de la presse. Pas moins de 17 chefs d'Etat et de nombreux chefs de gouvernement figurent sur la liste, aux côtés de certaines forces armées régulières, d'organisations criminelles, mafieuses ou terroristes. Présidents chinois, iranien, rwandais ou tunisien disputent ces tristes honneurs aux FARC, à l'ETA ou aux Forces israélienne ou palestinienne. Par continent, l'ONG stigmatise les plus féroces adversaires de la liberté d'expression. "En Amérique latine, les violences proviennent toujours du même quatuor infernal: narcotrafiquants, dictature cubaine, FARC et groupes paramilitaires". RSF souligne que "le continent africain voit également peu de modifications", mais que "certains rapports de force évoluent en revanche au Moyen-Orient et en Asie". Plusieurs prédateurs ont disparu de la liste, comme en Somalie : Mohamed Warsame Darwish, le chef des services de renseignements révoqué en décembre 2008, "commanditaire de raids musclés, d'arrestations arbitraires et de tirs délibérés sur les rares journalistes du pays". Au Nigeria, le SSS, Service de sécurité d'Etat, a perdu de son pouvoir. La police nationale, et plus particulièrement son responsable Ogbonna Onovo, apparaît depuis peu dans ce pays comme l'acteur central des exactions contre la presse, selon RSF. Reporters sans frontières a aussi retiré certains groupes islamiques de sa liste de prédateurs. En revanche, Ali Abdallah Saleh, président du Yémen, fait son apparition dans ce sinistre palmarès. Figurent également cette année sur la liste, "les milices privées" des Philippines suite au massacre par les nervis du gouverneur local d'une cinquantaine de personnes, dont 30 journalistes, dans la province de Maguindanao le 23 novembre 2009. "Le mollah Omar a gagné sa place dans la liste des prédateurs, tout comme Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, que Reporters sans frontières avait rencontré en mars 2009", selon le rapport de RSF. RSF, qui fête cette année ses 25 ans d'existence, lance par ailleurs une campagne de publicité, conçue par une des entreprises qui soutient l'ONG, l'agence Saatchi & Saatchi. Trois affiches détournant les portraits des trois chefs d'Etat Kim Jong-il, Mahmoud Ahmadinejad et Mouammar Kadhafi illustrent cette nouvelle campagne contre les prédateurs de la liberté de la presse. RSF rappelle que "depuis le début de l'année, neuf journalistes ont payé de leur vie leur liberté de ton et près de 300 professionnels de la presse et citoyens du Net sont actuellement en prison".