Les travailleurs marocains célèbrent, aujourd'hui samedi, à l'instar de leurs collègues du monde, la Fête du Travail qui correspond au 1er mai de chaque année. “L'Opinion” profite de l'occasion pour adresser ses félicitations sincères et ses vœux les meilleurs à la classe laborieuse marocaine, ce pilier incontournable du développement économique et social du pays et cette forteresse, chère au peuple marocain, du patriotisme sincère et de l'attachement aux valeurs et constantes nationales. Les travailleurs marocains fêtent cet événement dans un contexte marqué par les discussions en cours sur l'évaluation des résultats du dialogue social entre le gouvernement, les centrales syndicales et le patronat. C'est l'occasion idoine pour dresser le bilan de ce dialogue, dont la forme et les résultats restent sans précédent, compte tenu des acquis enregistrés et de ses contributions en matière de démocratisation des rapports entre ses acteurs. Compte tenu aussi de son caractère désormais institutionnel -deux rounds par an- qui en fait l'espace démocratique idéal pour la discussion et le traitement des dossiers revendicatifs, selon les urgences, les ordres de priorité et les possibilités rassemblées et imaginées par l'Exécutif dont la fibre sociale n'est pas à démontrer. Tout observateur lucide et objectif ne peut qu'admettre et reconnaître le colossal effort fourni par le gouvernement en matière de satisfaction des revendications des travailleurs et fonctionnaires et de prise de mesures protectionnistes du pouvoir d'achat des citoyens, pour le moins courageuses, dans un contexte économique mondial des plus difficiles. Jamais un gouvernement n'a été tellement à l'écoute et aussi apte à répondre aux attentes, avec la célérité requise, malgré les contraintes internes et externes, elles aussi sans précédent. Certes, depuis l'institutionnalisation du dialogue, c'est-à-dire depuis l'avènement du gouvernement actuel il y a deux années et demi, toutes les revendications n'ont pu être satisfaites dans leur totalité et d'un seul coup. Aucun gouvernement ne pourra y prétendre au regard du cumul des attentes sur de nombreuses années et des contraintes qui s'invitent sans crier gare. En gestion économique et sociale, il n'y a pas de baguette magique. Soutenir le contraire, c'est soit faire preuve d'ignorance inexcusable, soit plonger dans la surenchère politicienne stérile et démobilisatrice. Par contre, toute bonne gestion a besoin d'une volonté politique réelle et affichée, associée à une stratégie financée qui tient compte du réalisable à court, moyen et long terme, le tout scellé par un dialogue constructif et participatif où toutes les parties s'érigent en partenaires et non en adversaires. Un dialogue est conçu pour trouver un terrain d'entente, pour rechercher le compromis et non pour placer la barre toujours très haut en vue de justifier, plus tard, les “nuisances programmées”, sachant pertinemment et d'avance que les finances de l'Etat ne permettent pas de donner satisfaction à toutes les revendications en bloc. Dans ce genre d'entreprise où l'on doit tenir compte des intérêts des masses populaires comme de ceux de l'Etat, la persévérance dans la revendication est certes demandée, mais elle doit absolument aller de pair avec la patience, la modération et le réalisme. Sinon, les travailleurs et les citoyens en général seraient en droit de se poser des interrogations sur les motivations réelles des uns et des autres. Pendant ce temps, c'est justement armé d'une réelle et vérifiable volonté politique et d'une stratégie applicable que le gouvernement a pris sur lui, conformément à sa déclaration devant le Parlement, d'améliorer, moyennant des mesures concrètes, la situation matérielle et sociale des différentes catégories sociales et de préserver leur pouvoir d'achat. Durant toutes les manches du dialogue social, le gouvernement a prôné la logique -compréhensible, voire recommandée- de la philosophie de l'action progressive fondée sur la satisfaction graduelle et échelonnée, dans un processus dont il a par ailleurs été l'initiateur. Le dialogue social, le gouvernement l'a voulu, non pas pour faire dans la parade politique, mais pour se donner le cadre de la mise en oeuvre de ses engagements contenus dans la déclaration gouvernementale et associer les différentes parties concernées. D'où le caractère ridicule des allégations accusant le gouvernement de chercher à “provoquer l'échec du dialogue social”. On ne cherche pas à provoquer l'échec de ses propres choix sociaux pour la concrétisation desquels plusieurs milliards de dirhams ont par ailleurs été mobilisés. La volonté du gouvernement de poursuivre la marche au profit des différentes catégories sociales et d'aller de l'avant dans la satisfaction des revendications est intacte. Pour preuve, la figuration à l'ordre du jour du round tripartite du 7 mai prochain de nombreuses questions d'importance particulière. Le dialogue s'articulera autour de l'amélioration du revenu à travers la réforme du système des salaires, la révision du système de promotion, l'indemnisation sur le travail dans les zones difficiles et éloignées, la révision du statut de la Fonction publique, la réforme des régimes de retraites, le parachèvement de la législation du travail à travers le renforcement des libertés syndicales, la promotion des négociations collectives dans le secteur privé, les problématiques liées à l'application de certaines dispositions de la législation du travail, la formation continue, les œuvres sociales des administrations et établissements publics, ainsi que les mesures accompagnant l'horaire continu... Tout un programme au fait qui ne pourra aboutir que si toutes les parties font preuve de bonne foi et se donnent les moyens de travailler dans la sérénité. Ce travail viendra compléter l'extraordinaire effort fourni jusqu'ici par le gouvernement et dont l'enveloppe budgétaire a atteint près de 19 milliards DH pour les années 2008 et 2009. Toute une batterie de mesures a vu le jour englobant la revalorisation des salaires, la révision à la baisse -trois années de suite- de l'impôt sur le revenu (IR), l'augmentation des allocations familiales, la suppression des échelles de rémunération de 1 à 4 et l'augmentation du quota de la promotion interne, l'accroissement des retraites minimales dans le secteur public, l'augmentation des subventions attribuées aux syndicats, aux secteurs touchés par la crise économique internationale, ainsi que l'indemnisation sur le travail dans les zones éloignées. Dans la foulée, il y a eu l'augmentation de 10% du salaire minimum pour les secteurs de l'industrie et de l'agriculture, l'augmentation de la valeur des allocations familiales pour atteindre 200 DH et l'élargissement du panier des soins pour englober les soins ambulatoires, depuis le 1er février 2010, en plus du relèvement du quota de la promotion interne des fonctionnaires de 22 à 28% entré en vigueur le 1er janvier 2010, la revalorisation de 20% des montants versés par les Caisses du travail en cas d'accident de travail ou de maladie professionnelle avec effet rétroactif à partir de 2008, ainsi que la résolution de plusieurs conflits collectifs liés au travail. Pas besoin d'être sorcier pour savoir que l'effort est bien réel, qu'il saute aux yeux, sauf si on préfère regarder ailleurs. Les travailleurs, eux, auxquels nous souhaitons davantage d'acquis dans l'avenir, le savent et surtout savent établir la comparaison objective entre les situations antérieures et celles d'aujourd'hui.