La gestion Intégrée des ressources en eau : facteur du développement durable urbain optimisé au climat dans le Grand Casablanca, est l'intitulé d'un projet développé par le Pr. Fouad Amraoui de la Faculté des Sciences Ain Chock, et qui implique la Province de Médiouna et la préfecture de Mohammedia. Présentation. Casablanca et sa région d'une superficie d'environ 1000 Km2 et d'une population actuelle de 4 millions d'habitants (5 millions prévu en 2030), occupent depuis plus d'un siècle une place centrale dans le développement du Maroc, aussi bien sur le plan économique que sur le plan culturel, indique l'initiateur du projet. Ils ont conquis, au fil des ans, le statut de locomotive économique du Maroc, de principal centre d'innovation et création, de principal lieu d'intégration et d'échanges, et de symbole de l'ouverture du pays sur le monde. Le développement de cette future mégapole au cours des deux prochaines décades, représente de ce fait un enjeu majeur pour le Royaume, car le Grand Casablanca va être le fer de lance de la stratégie mise en place par l'Etat - dans le contexte de la mondialisation et des aléas énergétique et climatique - pour moderniser le pays, attirer des investissements et des entreprises, rehausser le niveau de formation et de technicité, assoir une harmonie sociale durable et affronter les défis environnementaux. Toujours selon le Pr Amraoui, l'eau constitue un enjeu majeur du développement durable du grand Casablanca. En effet, la région est caractérisée par un climat aride avec des ressources en eau modestes, très irrégulières dans l'espace et dans le temps. Elle subit aujourd'hui les contraintes des changements climatiques et la forte pression anthropique. Les efforts déployés jusqu'à maintenant ont permis la desserte en eau potable à partir de ressources superficielles lointaines, la protection partielle contre les inondations et le développement de l'énergie hydroélectrique. Le cadre institutionnel a été amorcé par la loi 10/95 qui instaure la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Les problèmes liés à la gestion de l'eau dans le grand Casablanca peuvent se résumer dans les points suivants : * satisfaire une demande croissante d'abord pour l'alimentation domestique, industrielle et puis pour les besoins importants en irrigation (plan vert lancé en 2008) ; * sauvegarde de l'environnement en traitant les eaux usées domestiques ou industriels avant de les rejeter ou de les réutiliser ; * rationnaliser l'usage de l'eau par le contrôle et la réglementation, * s'adapter aux conséquences négatives des changements climatiques (augmentation drastique de la température de l'air, baisse du volume des précipitations, accompagnée d'une augmentation de leur variabilité, atteinte aux conditions économiques et sociales..). La gestion rationnelle des ressources en eau, la protection contre les pollutions, la mobilisation du reste des eaux conventionnelles, la limitation de la demande dans le secteur agricole, la réutilisation des eaux épurées, le recours au dessalement de l'eau de mer, sont des objectifs pour une meilleure gouvernance de la ressource en eau. Le sujet proposé est décliné à deux échelles, poursuit le Pr Amraoui : Niveau Macro : Ce niveau d'activité peut être caractérisé d'abord, par l'établissement des scénarios préliminaires concernant le futur de l'usage de l'eau dans le grand Casablanca sur les 20 années à venir. Ensuite viendra l'analyse des conditions globales du développement urbain, ainsi que de l'Agriculture en interaction avec le climat. Une analyse du potentiel de vulnérabilité, d'atténuation et d'adaptation sera introduite pour tenir compte de la composante du changement climatique dont la tendance dans la région est à l'aridité. Niveau Micro : ce niveau de recherche permet de mettre en œuvre sur le terrain des concepts et des solutions génériques sous la forme de projets pilotes. Deux projets pilotes ont déjà été identifiés et serviront de points de démonstration de l'application des concepts et des solutions innovantes ‘Modules Multifonctionnels' à l'usage de l'eau en synergie avec les activités importantes du Grand Casablanca (industrie, agriculture et tourisme). Ces projets pilotes ont pour ambition de pouvoir servir de modèles duplicables et transférables à des échelles plus ou moins grandes. il s'agit de : - Projet pilote N°1 : la réutilisation des eaux usées pour des besoins urbains, notamment agricoles. Il s'agit ici des eaux usagées industrielles et domestiques pour amélioration de la dimension esthétique des unités industrielles et pour inverser les atteintes à l'environnement liées aux rejets des eaux non traitées dans la nature. Ce projet se focalise sur la région de Médiouna qui a un potentiel agricole très important, une bonne activité industrielle et un sérieux problème de pollution par les eaux usées domestiques qui se déversent brutes dans un cours d'eau (Oued Hassar). - Projet pilote N°2 : Développer le tourisme péri-urbain en favorisant la production alimentaire saine biologique. L'ambition étant de mettre à disposition des ressources en eau pour encourager l'agriculture propre et en même temps, organiser une activité de détente pour les casablancais qui aura des répercussions positives sur la population locale qui vit dans des conditions précaires. Ce projet se focalise sur la région de Mohammadia-Chellalate dotée de beaux paysages et d'atouts non encore exploités. Le sujet proposé est complémentaire d'un projet de recherche-action maroco-allemand en cours (04-2008 au 03-2013) intitulé : Agriculture Urbaine comme facteur d'un développement urbain intégré optimisé au climat, Casablanca. Il fait partie d'un programme international nommé ‘Mégacities' financé par le Ministère Fédéral Allemand de l'Education et de la Recherche. Sur seize projets lancés dans une première phase (2005-2008) à travers le monde, seuls dix, dont celui de Casablanca, ont été reconduits dans une seconde phase de cinq ans. Le projet Agriculture Urbaine à Casablanca à l'ambition de donner un rôle privilégié à l'agriculture dans le développement de la future mégapole. A travers l'agriculture on touche à l'aménagement de l'espace, à l'alimentation de la ville, à la gestion de l'eau et à sa réutilisation, à l'efficience énergétique et à d'autres sujets du développement durable. Le projet de recherche ne se limite pas à l'aspect académique et à la réflexion, mais se décline également sur le terrain par des projets pilotes qui expérimentent les synergies existantes entre l'agriculture et certaines activités de la ville à savoir : l'industrie, l'habitat insalubre, le tourisme et la production biologique. La présente proposition qui se concentre sur le thème des ressources en eau et ses relations avec les activités urbaines, pourrait si elle est retenue, drainer des fonds pour donner de l'ampleur aux projets pilotes, dont les résultats sont plus visibles et ont des retombées positives sur la population locale dont les attentes sont grandes.