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L'expérience des factrices peine à se maintenir
Poste Elles étaient 60 femmes à distribuer le courrier, elles n'en sont plus que quatre
Publié dans L'opinion le 08 - 03 - 2010

L'un des importants événements pour la poste à Casablanca c'est le prochain déménagement du centre de tri de l'édifice où il avait élu domicile depuis les années 80, place Bandoeng, vers un autre siège du côté de Deroua. Un déménagement qui coïncidera, au passage, à l'automatisation des services de la poste.
Une occasion de revenir sur ce qui rend emblématique la poste à savoir le courrier et le traditionnel facteur et notamment les factrices ces femmes distributrices de courrier qui ont vu leur apparition en 2001 et qui en moins d'une décennie ont presque disparu.
Mais où sont passées les factrices ? se demande-t-on. On se souvient d'elles à chaque occasion de célébration du 8 mars la journée mondiale de la femme pour montrer une innovation : féminiser les rangs de la distribution du courrier de Barid Al Maghrib. Spectacle inhabituel : on voyait des femmes facteurs distribuer le courrier en se déplaçant à pied du centre de tri vers les points de distribution à travers les boulevards et rues du centre de la ville de Casablanca.
L'expérience était lancée à Casablanca en 2001 dans le centre de la ville pour commencer, ce qu'on appelle aujourd'hui le centre de distribution Sidi Belyout, centre pilote. Des femmes distribuant du courrier à Casablanca et à pied, c'était bien vu en général comme une expérience originale. Neuf ans après elles ne sont plus visibles. Pourquoi ?
« C'est une expérience qui n'a pas été concluante, les femmes avait mal au dos à cause de la lourdeur de la sacoche du courrier sans compter qu'il y a eu des réticence pour les femmes qui se sont mariées » confie un responsable.
Une parmi les anciennes factrices pourtant affirme le contraire.
« C'était une expérience parfaitement réussie à Barid Al Maghrib la féminisation dans les rangs des facteurs et j'ai pratiqué cette fonction de factrice pour distribution du courrier à pied au moins pendant 6 ans » dit cette jeune femme mariée.
Elle raconte avoir découvert un métier qui parait banal extérieurement mais qui est très particulier.
«Nous faisions connaissance avec les gens très différents les uns des autres de toutes les catégories sociales en faisant le porte à porte et jusqu'à présent il y a des gens qui demandent après nous. Il en est qui nous demandent de revenir».
Une autre ancienne factrice rattachée à un autre service affirme :
« Contrairement à ce qui pourrait être dit pour d'autres, moi je n'ai pas voulu quitter la distribution qui me conviendrait mieux car on est dans une ambiance ouverte au lieu de confinée dans un bureau et ce qui est encore mieux on termine très tôt le boulot, on peut parfois partir chez soi à partir de 14 heures une fois la distribution du courrier terminée ! »
D'autres ont un autre point de vue bien arrêté :
« C'est parce qu'elles se sont mariées ont eu des enfant et que leur mari exige qu'elles ne restent plus en contact avec les clients dehors» dit un fonctionnaire de la Poste.
Un autre fonctionnaire ajoute :
« Sans démagogie des factrices ont montré qu'elles sont à la hauteur des responsabilités ce qui explique que certaines ont été engagées dans d'autres services où elles ont fait preuve de grandes compétences, rendement et assiduité, de toute les façons on n'est pas obligé de rester à un même service tout le temps »
Expérience réussie ou pas, les factrices ont disparu. Au niveau de Casablanca il en reste quelques quatre encore en service de distribution sur un total de soixante, apprend-on.
1200 à 1600 lettres à distribuer
par jour
Au centre de la ville les facteurs à pied sont désormais tous des hommes. Ils sont une dizaine sur une cinquantaine de facteurs, soit le tiers, pour le centre de distribution Sidi Belyout un des 8 centres de distribution du courriers que compte actuellement Casablanca.
« Dans la norme pour faire la distribution à pied il ne faut pas que le parcours dépasse 12 kms car au-delà de cette distance les facteurs doivent disposer d'engins deux roues » déclare un facteur.
D'après la même source le facteur distribue en moyenne entre 1200 à 1600 lettres par jour sachant qu'il peut remettre plusieurs courriers par destinataire jusqu'à cent lettres parfois. Cela s'explique par la nature de la clientèles des entreprises, des banques etc. Le grand nombre de courrier c'est pendant la période de pointe qui va du premier du mois et jusqu'au 18 pendant laquelle il y a toujours un grand nombre de courriers à distribuer. C'est des fois assez lourd au point qu'on devient une sorte de porte-faix. Même les facteurs à pied se font aider pour porter le lourd courrier par une voiture de service. Seulement le grief qu'on retient le plus chez les facteur c'est le fait que le courrier à distribuer leur soit remis « tardivement » au centre de tri au point qu'on ne commence la distribution que vers 11 heures du matin alors qu'on est au centre depuis 7 heures.
« Cela pose des problèmes pour les lettres recommandées par exemple qu'il faut remettre à des cabinets d'avocats qu'on risque de ne pas trouver au cabinet si on arrive en retard » confie un facteur.
La qualité de service de l'acheminement du courrier est garantie par les qualités du facteur consistant à éviter les erreurs et à reconnaître sans faute les destinataires du courrier qui doit arriver à destination dans le temps réglementaire. La connaissance du secteur d'opération géographique permet au facteur d'être un appoint essentiel pour le travail des centres de tri et de distribution.
Quoiqu'on dise les facteurs seraient enviés car ayant une fonction pas bureaucratique du tout. Hommes de terrains, ils sont constamment en relation avec le public des clients de la poste et de plus terminent à 14 heures et « même avant ! une fois le courrier acheminé au lieu de 15h30 heure d'administration, renchérit un fonctionnaire.
Autre point positif du moins pour les facteurs à pied qui ont toujours été tenus pour de grands marcheurs : ils seraient à l'abri des maladies cardiaques du fait des exercices de marche quotidienne, d'après une enquête sociologique effectuée à Casablanca.
« Parce que j'étais facteur pendant vingt ans je me suis fait de solides amitiés avec des médecins et des avocats qui ne demandent qu'à me rendre service chaque fois que j'ai besoin d'eux et refusent de toucher des honoraires » confie un ancien facteur.


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