A 100 jours du Mondial-2010, l'Afrique du Sud a achevé les gros travaux de préparation et se concentre sur la promotion du pays pour attirer les fans étrangers, que la criminalité et la flambée des prix rendent frileux. "Les infrastructures, la sécurité et la logistique sont en place", assurait le président Jacob Zuma à la mi-février. "Les briques et le ciment sont posés", renchérissait le vice-président, Kgalema Motlanthe. Il reste quelques finitions sur le stade de Soccer City à Johannesburg, qui accueillera la finale, mais les neuf autres stades ont déjà été testés lors de matches de championnat. Les aéroports de Johannesburg, du Cap (sud-ouest) et de Bloemfontein (centre) ont subi un lifting en profondeur en vue de cette première Coupe du monde africaine, prévue du 11 juin au 11 juillet. Les travaux sont bien avancés sur les grands axes routiers. Le pays se concentre désormais sur l'émulation de sa population. Des affiches proclament que "le Mondial, c'est Ayoba!" (cool), des spots radio encouragent les Sud-Africains à apprendre les salutations en espagnol, arabe ou français... Et l'enthousiasme semble monter dans le pays. Selon un sondage récent, 86% des Sud-Africains attendent avec impatience le début du tournoi. Depuis le tirage au sort, le 4 décembre au Cap, ils se sont rués sur les billets. Aujourd'hui, ils disposent de près d'un million de places sur un total de trois millions mis en vente pour les 64 matches de la compétition. Même les tickets pour voir les Bafana Bafana, le médiocre Onze national, ont fini par s'envoler. Mais à l'étranger, la sauce peine à prendre. La Fédération internationale de football (Fifa) vient de revoir à la baisse le nombre de visiteurs attendus. "Nous prévoyions entre 4 et 500.000, ce sera moins. Combien? Je n'en ai pas idée", a déclaré son secrétaire général Jérôme Valcke. L'Afrique du Sud, qui enregistre 50 homicides par jour, n'arrive pas à rassurer les fans inquiets pour leur sécurité. Et l'attaque en Angola contre l'équipe du Togo à son arrivée pour la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), début janvier, a encore compliqué sa tâche. Les organisateurs ont immédiatement souligné que l'Angola et l'Afrique du Sud étaient deux pays très différents. Mais la multiplication des commentaires témoigne de leur nervosité. Il faut dire que depuis des mois, ils énumèrent sans cesse les efforts déployés (plus de 100 millions d'euros dépensés pour la sécurité, 40.000 policiers recrutés, 54 tribunaux spéciaux mis sur pied...), sans convaincre. Une entreprise britannique a ainsi mis en vente des gilets pare-couteaux pour le Mondial. La légende du foot allemand, Franz Beckenbauer, a recommandé aux supporteurs de "faire attention où qu'ils aillent" et de "rester en groupe autant que possible". Avec une pointe de désespoir, Jérôme Valcke a prié les médias étrangers de "ne pas tuer la Coupe du Monde avant qu'elle ne commence". "Donnez une chance à l'Afrique du Sud", a-t-il plaidé. Le problème n'est pas uniquement psychologique. De nombreux étrangers pourraient être découragés par la flambée des prix, particulièrement perceptible dans les transports et le logement. Face à l'essor des prix des billets d'avion, les autorités de la concurrence ont même ouvert une enquête pour vérifier que les compagnies British Airways ou South African Airways (SAA), entre autres, ne s'étaient pas entendues sur les prix. Malgré tout, le gouvernement reste optimiste et prévoit que la Coupe du monde apportera un demi-point de croissance supplémentaire au pays en 2010.