Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé ce mardi l'adoption d'un Plan industriel et technologique pour la sécurité et la défense, qui portera dès 2025 l'effort national dans ce secteur à 2 % du PIB — contre 1,4 % en 2024. Un engagement pris sans augmenter les impôts, ni affecter les dépenses sociales, ni creuser le déficit, a-t-il assuré lors de sa présentation à La Moncloa. Ce plan mobilisera un investissement additionnel de 10,47 milliards d'euros, dont 87 % resteront injectés dans l'économie espagnole. Une stratégie qui vise à moderniser les équipements des forces armées, renforcer la cybersécurité, soutenir l'innovation technologique et développer des capacités de dissuasion face aux menaces croissantes. Le gouvernement estime que cette démarche pourrait stimuler la croissance du PIB de 0,4 à 0,7 point, accroître la R&D publique de 18 %, et générer plus de 36 000 emplois directs et près de 60 000 emplois indirects à travers le pays. Structuré autour de cinq piliers, le plan accorde la priorité à l'amélioration des conditions des militaires, à l'acquisition de systèmes de défense avancés, au renforcement des infrastructures numériques - y compris la cybersécurité - ainsi qu'à la préparation aux catastrophes et au soutien des troupes en mission à l'étranger :
* 35 % des fonds seront dédiés à l'amélioration des conditions de travail des forces armées. * 31 % de l'enveloppe sera consacré au développement des capacités de cybersécurité et de télécommunications, dans un contexte où les cyberattaques contre l'Espagne ne cessent de se multiplier. * 19 % des investissements viseront la modernisation et l'acquisition de nouveaux équipements de défense et de dissuasion. * 17 % permettront de renforcer les capacités duales des forces armées pour mieux intervenir lors de crises humanitaires ou de catastrophes naturelles. * Le solde sera consacré à la protection des militaires espagnols déployés dans le cadre de missions de paix internationales.
Une réponse stratégique aux défis géopolitiques Pour Pedro Sánchez, ce plan s'inscrit dans une volonté de moderniser les capacités de sécurité et de dissuasion de l'Espagne tout en affirmant sa loyauté envers l'Europe et l'OTAN. L'objectif est clair : préparer le pays à faire face à une période marquée par l'instabilité mondiale et transformer ce défi sécuritaire en levier de croissance économique et technologique. Financer le Plan sans toucher un seul centime de l'Etat-providence Pedro Sánchez a insisté sur le fait que cet investissement supplémentaire dans la sécurité et la défense sera pleinement aligné avec les intérêts stratégiques de l'Espagne et les principes du gouvernement de coalition progressiste. Il a décliné cet engagement en quatre axes, en soulignant que le financement de ce plan se fera sans réduire les budgets alloués à l'Etat-providence ni alourdir la charge financière des citoyens. Pour 2025, le financement de cette enveloppe reposera sur trois sources principales : la réaffectation de crédits du Plan de relance, de transformation et de résilience, notamment dans le domaine de la cybersécurité, qui dispose déjà d'un budget de plus de 1,3 milliard d'euros ; les excédents générés par les bons résultats économiques de 2024, supérieurs aux prévisions officielles ; et enfin, les marges dégagées par certaines lignes budgétaires des comptes publics de 2023, devenues inutilisées. Grâce à ces leviers, le chef du gouvernement a affirmé que l'Espagne sera en mesure de financer ce plan sans compromettre les politiques sociales et environnementales, sans hausse d'impôts, ni aggravation du déficit ou de la dette publique. Il a ajouté que le gouvernement espère également un appui financier complémentaire de la part de la Commission européenne, déjà sollicité par Madrid. « En résumé, nous allons consolider la sécurité nationale tout en préservant et en renforçant le bien-être social », a conclu Sánchez Un investissement qui dopera la croissance économique de 0,4 à 0,7 point Le second engagement majeur du gouvernement repose sur la volonté de maximiser les retombées économiques nationales. Pedro Sánchez a précisé qu'environ 87 % des fonds engagés, soit près de 9 milliards d'euros, resteront en Espagne. Ces investissements bénéficieront directement à un large éventail d'entreprises et de travailleurs implantés dans l'ensemble des communautés autonomes. Au-delà de la modernisation des capacités de défense, ce plan vise aussi à transformer le contexte géopolitique tendu en une opportunité de relance industrielle, en stimulant la formation et le développement des technologies à double usage, destinées aussi bien aux secteurs militaires que civils. D'après les prévisions du gouvernement espagnole, cette stratégie devrait générer une croissance de 0,4 à 0,7 point de PIB, booster la recherche et développement publique de 18 %, et créer plus de 36 000 emplois directs ainsi que 60 000 emplois indirects. Une majorité de ces postes offriront des niveaux de qualification et de rémunération supérieurs à la moyenne nationale.