Les médecins et pharmaciens istiqlaliens ont souligné, jeudi, l'importance de la souveraineté pharmaceutique comme un levier essentiel pour réussir le projet de généralisation de la protection sociale actuellement en cours de mise en œuvre au Maroc. Détails Réunis, jeudi, soir lors d'une conférence organisée par le Parti de l'Istiqlal, les médecins et pharmaciens istiqlaliens ont mené une réflexion approfondie sur le projet de généralisation de la couverture sociale, un levier essentiel pour consolider les fondements de l'Etat social. L'Alliance des médecins et celle des pharmaciens istiqlaliens se sont réjouies des avancées notables réalisées dans ce domaine, notamment en ce qui concerne le régime « AMO Tadamoun », qui couvre désormais plus de 11,1 millions de bénéficiaires en situation de précarité. "Ces derniers continuent de bénéficier de la gratuité des soins médicaux et de l'hospitalisation dans les établissements de santé publics, tout en ayant accès à un panier de soins identique à celui offert par le régime d'assurance maladie obligatoire dans le secteur privé", a souligné Khalid Lahlou, Président de l'Alliance des médecins istiqlaliens. Ce chiffre demeure particulièrement significatif si l'on prend en compte le nombre limité des anciens bénéficiaires du régime RAMED. Le président de l'Alliance des pharmaciens, Karim Ait Ahmed, a, pour sa part, exprimé son regret que la souveraineté pharmaceutique n'ait pas encore trouvé sa place centrale dans la mise en œuvre de ce projet royal. En effet, le marché des produits pharmaceutiques souffre de nombreux dysfonctionnements, impactant considérablement l'accès au médicament. Malgré l'augmentation du nombre de pharmaciens, estimé à 13 000 et répartis entre zones urbaines et rurales, de nombreux médicaments se font toujours rares, mettant ainsi en danger la santé des patients, malgré les assurances du ministère de la Santé quant à la disponibilité des traitements. C'est pourquoi, selon les professionnels, il est nécessaire de revoir la définition même de la disponibilité de médicaments au Maroc, afin de l'aligner sur les standards internationaux. "Un médicament devient en situation de pénurie si le pharmacien peine à s'en approvisionner 72 heures après la commande", a précisé Ait Ahmed. Par ailleurs, la question des prix élevés de certains médicaments reste un fardeau pour les patients, notamment ceux à revenus très limités, surtout lorsque l'on considère les écarts de prix entre le Maroc et le marché international, soutenant des marges bénéficiaires excessives. Mais ce n'est pas tout. D'autres défis ont été mis en évidence, sur lesquels nous reviendrons en détail dans un prochain article consacré aux enjeux du secteur pharmaceutique marocain. Pour y remédier, le président de l'Alliance des pharmaciens istiqlaliens a appelé à la mise en place d'une politique médicamenteuse solide, parallèlement à la généralisation de la couverture sociale, avec l'engagement des professionnels, en vue de renforcer les capacités du secteur pharmaceutique en tant qu'acteur clé du système de santé national. Cette politique devrait, selon lui, permettre de renforcer la sécurité sanitaire en atteignant au moins 80% d'autosuffisance pour les médicaments essentiels, les fournitures médicales et les vaccins, y compris les stocks stratégiques, et 100% pour les médicaments liés aux maladies chroniques, tout en garantissant des prix accessibles pour tous.