Le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahou, a réfuté les allégations selon lesquelles les sociétés de distribution de carburants engrangeraient des bénéfices énormes, estimant que les taxes de l'Etat contitunt une part importante dans les prix. Détalis. Lors d'un panel organisé jeudi par le « Café citoyen » à Casablanca, Ahmed Rahou est revenu sur les prix des carburants. Il a rappelé que le secteur compte 35 acteurs, dont 9 grandes entreprises. « À l'importation, les prix oscillent entre 5 et 6 dirhams le litre, auxquels s'ajoutent 3,5 dirhams de taxes imposées par l'Etat. En intégrant les frais de transport et la TVA, le coût final avoisine les 11 dirhams », a-t-il expliqué. « Il est faux de penser que les entreprises réalisent des bénéfices exorbitants. Même en intégrant leur marge, l'augmentation ne dépasse pas 50 centimes par litre », a-t-il précisé. Il a également souligné que seuls trois types de pays profitent de carburants à bas prix : les pays producteurs de pétrole, ceux ayant réduit les taxes à l'importation pour alléger les coûts des entreprises, et ceux qui subventionnent les carburants. Or, le Maroc ne fait partie d'aucune de ces catégories. Ainsi, Rahou a relevé que 40 % du prix du carburant au Maroc correspondent à des taxes reversées au Trésor public, servant à financer des projets et infrastructures nationaux. « C'est un choix de l'Etat, qui relève de sa seule compétence. Il peut décider de réduire ces taxes, mais pour l'instant, il faut composer avec cette réalité », a-t-il déclaré. Concernant la sanction infligée aux sociétés de distribution, le responsable a clarifié que le Conseil de la concurrence a pris en compte ce paramètre. « L'impôt ne peut être un motif de sanction, seuls les bénéfices ont été pris en considération dans la décision du Conseil », a-t-il signalé.
En réponse aux appels en faveur du retour des subventions sur les carburants et de l'abolition de la libéralisation, M. Rahou a réaffirmé que le Conseil de la concurrence s'oppose fermement à cette mesure : « À mon avis, la subvention est la pire des mesures, et c'est également la position du Conseil de la concurrence, car ce ne sont pas les citoyens ordinaires utilisant les transports publics qui en bénéficient, mais les propriétaires de voitures de luxe ». « Je plaide pour une aide directe aux personnes qui en ont vraiment besoin. Il suffit de fournir des fonds aux classes vulnérables et de les laisser gérer comme bon leur semble », a-t-il expliqué. Tout en soulignant que 90 % de la consommation des Marocains concerne des produits non subventionnés et sujets à des fluctuations. Dans ce même contexte, Ahmed Rahou a rappelé que les organisations internationales ont observé que « la sanction la plus sévère infligée aux sociétés de distribution de carburant a été récemment prononcée par le Conseil marocain de la concurrence ». Cependant, il a insisté sur la nécessité de maintenir un certain équilibre : « Le Conseil de la concurrence ne vise pas à éliminer les entreprises, et les montants évoqués par certains médias concernant les sanctions que nous imposons ne sont pas fondés ». « Si nous infligeons des sanctions à des entreprises qui dépassent leur chiffre d'affaires, elles risquent de déclarer faillite. Dans ce cas, la première victime sera le consommateur marocain, qui pourrait se retrouver du jour au lendemain privé d'un produit essentiel. Les employés de ces entreprises en souffriront également », a-t-il ajouté.