L'incendie survenu, la semaine dernière, au cœur de l'internat de l'INSEA a suscité le débat concernant les conditions de vie dans les districts universitaires. Détails. Les étudiants de l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (INSEA) de Rabat vivent dans le choc, après l'événement tragique survenu la semaine dernière au campus des filles de l'institut. En effet, un incendie a déclenché au 3ème étage du campus, mettant en péril la sécurité de plus de 100 résidents dont les cris de panique ont résonné haut et fort à travers le campus. La chambre, qui a pris feu, a été détruite au point qu'elle est devenue invivable pour les étudiants concernés.
Bien que l'incident n'ait pas fait de pertes de vies humaines, les étudiants font état de 20 autres hospitalisées, dont 2 dans un état critique après avoir inhalé de la fumée. Un bilan qui aurait pu être moins conséquent si l'internat remplissait les conditions de sécurité nécessaires en cas de danger, selon les étudiants de l'Institut.
« Les issues de secours, censées garantir l'évacuation rapide des résidents, ont été fermées en plus des extincteurs qui ont été vidés et périmés. Pour sauver notre vie, nous avons dû traverser les flammes », nous raconte une étudiante de l'Institut, ajoutant que l'opération « éteint l'incendie » était encore plus compliquée en l'absence de l'eau dans les tuyaux dédiés à cet effet, ce qui a retardé les efforts des pompiers sur place. Bref, les étudiants reprochent à leur Institut son inaction et le non-respect des mesures de sécurité, un aspect crucial de la vie en résidence que l'établissement devrait prioriser dans la gestion de l'internat. Pour rattraper le coup, l'administration s'est réunie avec le bureau d'étudiants lors de laquelle les responsables ont tenté de rassurer les étudiants et ont promis d'améliorer les conditions de vie dans l'internat, à travers l'installation des équipements de base, notamment d'une alarme d'incendie, extincteurs, la réhabilitation des chambres endommagés entre autres. En attendant la tenue du Conseil d'administration de l'Institut, qui devra voter les mesures à adopter pour prévenir la répétition d'un tel incident et améliorer les conditions de résidence des étudiants, ces derniers expriment leur mécontentement face à l'inaction des responsables. Ainsi, ils réclament des actions concrètes pour renforcer la sécurité, mettre en place des protocoles d'urgence plus efficaces et garantir des conditions de vie dignes pour tous les résidents. « Les circuits répétitifs, qui se produisent dans l'internat, doivent absolument pousser l'administration à agir. Il ne faut pas attendre qu'un drame survienne pour réagir, mais prendre des mesures concrètes pour prévenir des incidents qui pourraient avoir des conséquences graves », rétorquent les étudiants, qui s'inquiètent également de savoir si l'assurance prendra en charge les pertes matérielles, y compris celles de la victime directe de l'incendie. Outre la gestion de l'incendie, les étudiants déplorent des conséquences graves sur leur santé mentale, à l'approche des examens. « Traumatisés par cet événement, les étudiants ont fui l'internat bien avant la période de vacances », regrette une autre étudiante.
Report des examens et après ?
Face à cette situation, l'administration de l'établissement a décidé de reporter les examens de deux jours. Cependant, cette mesure est jugée insuffisante par les étudiants, lesquels estiment que des actions plus concrètes sont nécessaires. Ils réclament notamment la mise en place d'une cellule psychologique pour les accompagner et les soutenir après ce traumatisme et pour gérer les séquelles émotionnelles qui en découlent. Contactée par nos soins, l'administration de l'établissement n'a pas répondu à nos sollicitations concernant ses actions futures dans ce sens. A vrai dire, l'incendie survenu, la semaine dernière, n'a fait que révéler les conditions de vie dégradantes dans l'internat de l'INSEA. Les étudiants pointent du doigt le manque de propreté, la qualité insuffisante de la nourriture et les installations en mauvais état. Toutefois, ces problèmes ne sont pas spécifiques à la résidence des étudiants de l'INSEA. Les cités universitaires à travers les différentes régions du Royaume souffrent de dysfonctionnements similaires, mettant en péril la santé et le bien-être des étudiants. De nombreux rapports présentés au Parlement ont mis en évidence un manque flagrant d'équipements et d'infrastructures, une surpopulation, l'incapacité de répondre à la demande croissante en logements, ainsi que des services de restauration jugés insuffisants tant en quantité qu'en qualité. Cette situation souligne l'urgence de réformer la gestion des infrastructures universitaires, d'améliorer les conditions de vie des étudiants et de renforcer les ressources humaines chargées de leur sécurité et de leur bien-être. De plus, un récent rapport sur une mission exploratoire menée par le groupe parlementaire du Progrès et du Socialisme, suite à l'incendie survenu en 2023 dans la cité universitaire d'Oujda, sera prochainement présenté à l'Hémicycle. Ce rapport met en lumière la réalité des conditions de vie dans les résidences universitaires et soulève des questions cruciales sur la gestion de la sécurité et du bien-être des étudiants dans ces établissements.