L'Algérie, notre cher pays voisin, n'aime définitivement pas son passé grandement très récent. Né en 1962, ce land s'entête à exécrer ses propres enfants qui évitent de le caresser dans le sens du poil. Le dernier en date est le dangereux Kamel Daoud, né en 1970 à Mostaganem. A 24 ans, il intègre le Quotidien d'Oran après un bref séjour dans la mouvance islamiste qu'il combat plus tard. Il s'envole ensuite pour la France qui lui offre la nationalité en 2020. Ecrivain, il collectionne les prix entre 2008 et 2024, une dizaine. Son pays d'origine ne l'a plus dans ses agendas. Jusqu'à ce début octobre lorsqu'il sort « Houris » que l'Algérie bannit de ses librairies. Manque de chance pour le régime militaire, le livre du Franco-algérien décroche le prestigieux Prix Goncourt le 4 novembre. Et pour s'emmêler les narrations, Alger qui accueille actuellement son Salon du livre interdit la venue chez elle de Gallimard, la maison éditrice de « Houris ». Mais que contient l'ouvrage pour faire les frais d'agissements de cette armada de poètes galonnés ? Il rappelle en la romançant la décennie noire (1992-2022), cette guerre civile qui amoche l'Algérie et son image à l'international. Le Maroc et ses années de plomb connaissent, en revanche, une multitude de livres édités sur son sol. Antoine Gallimard, patron de la firme française, s'insurge : « C'est malheureux. Et c'est malheureux aussi, d'ailleurs, puisque l'Algérie nous a empêchés d'être présents à la Foire du livre. Mais je pense que là-bas, ils sont assez forts pour trouver un moyen de le lire autrement. » Et bien évidemment, l'Algérie officielle crie au complot, avançant que l'octroi de ce Prix est une réaction à l'interdiction de la vente de « Houri » sur son territoire. Christine Angot, membre su jury est ferme : « On a une voix. C'est la seule voix qui dit ce qui est à dire. Donc, on ne peut pas ne pas en tenir compte, le reconnaître, s'incliner. On ne peut pas faire comme si on n'entendait pas ce que dit Kamel Daoud. » Et voilà le travail !