Depuis plusieurs mois, les tribunaux du Royaume fonctionnent à un rythme ralenti, en raison des grèves du corps judiciaire. Si le boycott partiel des greffiers paralysait déjà le travail de la Justice nationale, vu leur rôle crucial dans l'enregistrement des affaires, la gestion des documents juridiques et la tenue des audiences, aujourd'hui, les avocats annoncent la suspension complète des audiences, à partir du 1er novembre, jusqu'à ce que le ministère de tutelle réponde à leurs revendications. Une montée au créneau qui aura de graves conséquences, surtout sur les justiciables, qui, en plus des incidences émotionnelles, devront payer cher le coût des reports, surtout dans les affaires déposées au sein des tribunaux commerciaux. C'est dire que le bras de fer prolongé entre le corps judiciaire et la tutelle risque de raviver les mêmes déceptions générées par les crises de l'Education et de la Santé durant les deux dernières années. Et s'il y a bien une leçon à tirer de ces épisodes de grogne, c'est que seul un dialogue inclusif permet de ramener le calme et de restaurer la confiance. Sur ces mêmes colonnes de « L'Opinion », le ministre de la Justice a exprimé son intime conviction qu'on ne peut mener des réformes profondes sans inclure pleinement tous les acteurs du domaine pénal, qu'il s'agisse des autorités gouvernementales, des organes judiciaires, des institutions de sécurité ou de la société civile. Il en va de même pour les professionnels du secteur qui nous ont affirmé leur disposition à lâcher du lest, si le gouvernement change son mécanisme de dialogue. La volonté de dénouer existe donc, de part et d'autre, mais le blocage résulte de certains calculs d'épicier, et aussi de certaines considérations politiques, qu'il faut absolument dépasser. Sinon, et comme l'Histoire l'a montré à maintes reprises, chacun en sortira perdant - en premier lieu : le citoyen.