Au moment où l'Algérie se livre frénétiquement à une course unilatérale à l'armement, le Maroc reste serein en rationalisant ses dépenses militaires. Loin de céder à la fièvre dépensière, le Royaume a élevé modérément le budget des Forces Armées Royales, comme en témoigne le PLF 2025 qui prévoit une hausse de 7,5% pour atteindre les 133 MMDH (13,5 milliards de dollars) après une légère baisse en 2024. Cette poussée n'est pas fortuite et répond au besoin de doper l'industrie de défense dont les grands contours commencent à se dessiner. La marche vers la fabrication des véhicules blindés a d'ores et déjà commencé avec le deal conclu avec le géant indien Tata, au moment où le Royaume s'apprête à faire son entrée au club des fabricants de drones militaires après le succès du test de l'"Atlas Istar", conçu par Aerodrive Engineering Services. Cette enveloppe additionnelle servira en même temps à financer le chantier ininterrompu de modernisation de l'arsenal des FAR dans un contexte de redressement des rapports de force au niveau régional. Ce vent de modernisation concerne principalement le dopage de la flotte aérienne dans toutes ses composantes et des capacités de défense anti-aérienne, sans oublier les capacités logistiques auxquelles l'Armée Royale accorde une importance cardinale, vu le caractère quasi-décisif de l'intendance et de la mobilité dans la performance militaire dans les conflits contemporains. En témoigne l'achat des hélicoptères H135 d'Airbus et le contrat annoncé des "Caracal" français. Par ailleurs, l'effort budgétaire est tourné aussi vers la valorisation du personnel militaire avec l'augmentation des salaires dans un contexte de raffermissement du corps des sous-officiers et de renforcement du service militaire. Bien que le Maroc consacre une part jugée élevée de son PIB (10%) à la Défense avec une tendance haussière depuis 2004, le Royaume se garde de céder à une course effrénée à l'armement face à une Algérie dont le budget atteint la somme vertigineuse de 25 milliards de dollars. Dans un contexte économique où les caisses de l'Etat sont sous pression, le Maroc poursuit la politique des choix ciblés avec une appétence pour la haute technologie et les armes ayant prouvé leur efficacité dans les conflits contemporains. Une stratégie qui contraste radicalement avec l'obsession quantitative du voisin de l'Est. Confortée par la manne gazière, l'ANP reste encore prisonnière d'une vision surannée, héritée des vieux réflexes de l'ère soviétique.