Renouvelé à 50%, le Comité Exécutif de l'Istiqlal est censé conduire le Parti de la Balance sur le chemin des reconquêtes électorales. Décryptage. C'est un vent de fraîcheur qui vient de souffler sur le Parti de l'Istiqlal qui a achevé son édifice avec l'élection de son organe exécutif. Après des mois de concertation ardue et approfondie, les héritiers d'Allal El Fassi sont parvenus enfin à se mettre d'accord sur le nouveau Comité Exécutif. Réunis, samedi à Salé, lors d'une session maintenue ouverte depuis la fin du 18ème Congrès général, les membres du Conseil national du Parti de l'Istiqlal ont validé la nomination des nouveaux membres du Comité, dont la moitié a été renouvelée. Un signe clair de la volonté du parti de conduire la nouvelle étape avec un nouvel esprit et une nouvelle perspective dans un contexte politique en pleine transformation. À l'issue d'un rassemblement tenu à huis clos, ils ont validé, à la majorité absolue, les candidats proposés par le Secrétaire Général du parti, Nizar Baraka, qui a visiblement fait le choix du renouveau en proposant de nouveaux visages. Les Istiqlaliens ont validé une liste de 30 membres. Quatre membres supplémentaires devront être désignés par le Secrétaire Général selon les principes de représentativité régionale, honorifique et paritaire conformément au statut du parti. "Cette liste reflète l'unité et l'homogénéité du parti", se félicite la formation de la Balance dans un communiqué, rappelant que le parti parie sur la nouvelle équipe pour s'acquitter dûment de ses rôles constitutionnels en vue de poursuivre une politique de proximité vis-à-vis des citoyens.
Nouvelles figures pour une nouvelle ère De nouvelles personnalités ont rejoint l'organe exécutif du parti. Il y a des figures connues du grand public telles que l'actuel ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, qui a pu convaincre du bien-fondé de sa candidature. Idem pour le président de la Région Casablanca-Settat et président de l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) Abdellatif Maazouz. Parmi les nouveaux arrivants, des militants de la première heure dont la voix compte au sein du parti, comme c'est le cas du directeur du doyen des journaux marocains, Al Alam, Abdellah Bekkali, qui est revenu au-devant de la scène. Des étoiles montantes se sont également procuré une place dans la nouvelle équipe. Il s'agit des députés de Fès, Allal Amraoui et Abdelmajid Fassi Fihri, qui se sont forgé une bonne image au sein du parti par leur maillage territorial et surtout par leur parcours parlementaire où ils se sont fait remarquer à l'hémicycle. Force est de constater que les parlementaires expérimentés sont remarquablement représentés. Le groupe parlementaire de l'Istiqlal à la Chambre des Représentants, Omar Hjira, a été élu, de même que le Conseiller istiqlalien et président du groupe d'amitié Maroc-France à la deuxième Chambre, Mohammed Zidouh. La nomination de ce dernier était attendue tant il est devenu l'une des figures de proue des troupes istiqlaliennes et l'un des ténors de l'hémicycle. Aussi, l'élection de Moulay Ahmed Afilal n'est-elle pas passée inaperçue, le vice-président du Conseil Communal de Casablanca a réussi à s'imposer dans la nouvelle task-force istiqlalienne. La liste ne manque pas de surprises. L'ancien Chef de file des députés, Noureddine Modiane, a quitté le navire comme la députée Khadija Ezzoumi, l'une des icônes de l'action féminine istiqlalienne.
Des poids lourds maintenus La liste comprend des poids lourds du parti qui ont été maintenus, on en cite le député et président de la Commune de Laâyoune, Hamdi Ould Errachid, l'ancien ministre Abdessamad Kayouh, le président de la Région de Laâyoune-Sakia El Hamra, Sidi Hamdi Ould Errachid, et le président de la Confédération marocaine des exportateurs (ASMEX), Hassan Sentissi, ainsi que le président de la Chambre des Conseillers, Ennam Mayara, et Abdeljabbar Rachdi.
Renouveau dans la discrétion La composition du Comité Exécutif a fait l'objet de consultations approfondies, menées par Nizar Baraka avec l'ensemble des organes et structures du parti et qui n'ont pas été faciles. Face à la profusion des candidatures, le leader de l'Istiqlal a préféré prendre le temps nécessaire, autant qu'il le faut, quitte à prolonger incessamment la session du Conseil national, avant de statuer sur la liste définitive. En quête de rassemblement, il a mené les consultations dans la discrétion absolue, à l'abri des radars médiatiques, la gestion des différentes sensibilités partisanes et des rivalités qui puissent surgir ici et là commande qu'on mène les concertations avec beaucoup de retenue et loin des indiscrétions et du vacarme médiatique, explique un haut cadre istiqlalien qui se félicite du succès de la session du Conseil national. "Nous avons démontré notre capacité à gérer harmonieusement les divergences et à nous en sortir encore plus solides qu'avant", exulte-t-il.
Les ambitions avouées Plébiscité au 18ème Congrès général où il s'est fait réélire pour un second mandat, Nizar Baraka compte sur le nouveau Comité Exécutif pour faire perdurer la renaissance du parti dans les années à venir. Porteur d'un bilan jugé honorable, le leader de l'Istiqlal a de fortes ambitions pour les héritiers d'Allal El Fassi. A chaque prise de parole devant les foules de militants, il ne cache nullement son ambition de remporter les élections législatives de 2026 pour diriger le prochain gouvernement, après avoir renoué avec les victoires électorales après le 8 septembre 2021. Un objectif pleinement assumé et revendiqué par le leadership istiqlalien. Nizar Baraka commence dès maintenant à s'adresser aux électeurs. En s'adressant aux militants pendant le meeting du samedi, M. Baraka a parlé de pouvoir d'achat des classes moyennes qu'il faut protéger quoi qu'il en coûte, face aux assauts de l'inflation. Le leader de l'Istiqlal a appelé à consentir plus d'efforts pour soutenir les classes moyennes et inhiber l'expansion phénoménale du chômage qui commence à prendre des proportions inquiétantes. Les termes sont forts. "Notre engagement au sein de la majorité ne nous empêche pas d'être sensibles aux préoccupations des citoyens, surtout dans le contexte actuel", a-t-il déclaré, ajoutant que son parti et l'alliance gouvernementale dans son ensemble sont appelés à freiner l'hémorragie de l'épuisement des classes moyennes, dont le pouvoir d'achat est manifestement érodé. Il a plaidé pour l'élargissement de cette catégorie de la population qui demeure la colonne vertébrale de l'économie et la clé de la paix sociale.