Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté une vague vision de la bande de Gaza après le conflit lors de son discours dans une « séance (qualifiée) de la honte » devant le Congrès américain. La vision de Netanyahu pour l'après conflit de Gaza « est celle d'une bande de Gaza démilitarisée et déradicalisée». Et s'il prétend qu'Israël ne cherche pas à se réinstaller à Gaza, il n'empêche qu'il annonce qu'Israël devrait y «maintenir un contrôle de sécurité prépondérant pour empêcher la résurgence de la terreur et faire en sorte qu'elle ne constitue plus jamais une menace pour Israël», a-t-il affirmé lors d'une réunion du Congrès. Dans son discours, Netanyahu implique aussi Washington dans sa vision du conflit en déclarant que pour que prévalent ce qu'il appelle les forces de la civilisation, «les Etats-Unis et Israël doivent se tenir côte à côte», interpelant les responsables américains à fournir davantage d'armes à Israël pour poursuivre sa guerre brutale contre la bande de Gaza depuis 10 mois. Netanyahu a tenu, dans son discours «à remercier Biden pour un demi-siècle de soutien à Israël – et il a lui-même déclaré qu'il était un fier président sioniste», a-t-il martelé. Mustafa Barghouti, secrétaire général du parti Initiative nationale palestinienne, a stigmatisé que son discours était «bourré de mensonges» et que la civilisation à laquelle il prétend est une «dégénérescence».
«Génocide, nettoyage ethnique, punition collective et famine»
Dans une réaction au discours de Netanyahu au Capitole, Barghouti a dénoncé dans un communiqué, «une session de honte du Congrès américain pour le criminel de guerre Netanyahu, qui commet les crimes de génocide, de nettoyage ethnique, de punition collective et de famine». «La civilisation à laquelle Netanyahu prétend n'est pas une civilisation, mais plutôt une dégénérescence. Il a tué 48.000 Palestiniens à Gaza. Il a tué 17.000 enfants, amputé les mains et les pieds de 1.200 enfants palestiniens et expulsé deux millions de Palestiniens après que leurs maisons ont été détruites», a-t-il ajouté. «Le discours de Netanyahu est bourré de mensonges, et il a surpassé le propagandiste nazi Goebbels dans ses mensonges, affirmant qu'Israël fournit de l'aide et que le monde entier ment à ce sujet», a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le journal israélien "Haaretz" a critiqué lui aussi le discours du chef de gouvernement israélien Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain. Selo «Haaretz», le but du voyage de Netanyahu aux Etats-Unis et de sa «prestation» devant le Congrès n'était pas et n'a jamais été de promouvoir un accord qui rendrait les prisonniers israéliens et mettrait fin aux combats et aux souffrances, mais plutôt de mobiliser davantage de soutien américain pour entretenir les flammes de la guerre. "Haaretz" estime que Netanyahu est allé là-bas pour "faire ce qu'il fait de mieux", c'est-à-dire "exercer une pression politique et publique sur la Maison Blanche en s'adressant directement à la Chambre des représentants et aux caméras aux Etats-Unis". Dans une lecture en filigrane du discours, le quotidien israélien démontre que Netanyahu, même s'il le dénie, cherche à réimplanter les colonies juives dans la bande de Gaza, expliquant que ce que Netanyahu appelle «le désarmement et le contrôle de sécurité se transforment rapidement en de véritables colonies», car comme ce fut le cas en Cisjordanie, la véritable colonisation commence toujours par des raisons, ou plutôt des prétextes de sécurité.
Un discours boycotté par les démocrates
Le journal s'est arrêté sur l'absence de représentants du Parti démocrate lors du discours, le considérant comme «un élément tout aussi important de la scène du Congrès». Environ 70 démocrates de la Chambre des représentants des Etats-Unis et du Sénat ont boycotté le discours de Netanyahu, notamment la vice-présidente américaine et présidente du Sénat, Kamala Harris, qui était absente. Devant le Capitole et à la gare Union Station de Washington, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour protester contre la visite de Netanyahu aux Etats-Unis et demander à Washington de mettre fin à son aide militaire à Israël. Alors que la guerre dans la bande de Gaza entre dans son dixième mois, tuant près de 40.000 Palestiniens dont quelque 17.000 enfants, et 90.147 autres blessés. Les habitants de la bande de Gaza sont épuisés par les déplacements forcés et continus dans des conditions de vie inhumaines, et sont piégés dans des zones de plus en plus restreintes et surpeuplées, a déploré mercredi l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Report des pourparlers de trêve à Doha L'arrivée au Qatar d'une délégation israélienne dans le cadre des efforts destinés à relancer les négociations pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza associé à une libération des otages a été reportée, a indiqué mercredi une source proche des discussions. Les réunions qui devaient avoir lieu jeudi ont été repoussées au début de la semaine prochaine, a déclaré cette source sous couvert d'anonymat, sans préciser la raison de ce report. Le Qatar, avec l'Egypte et les Etats-Unis, mène depuis des mois des efforts discrets pour négocier une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas, associée à un échange d'otages retenus dans la bande de Gaza et de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. De récentes discussions ont porté sur un cadre présenté fin mai par le président américain Joe Biden, qui avait indiqué qu'il s'agissait d'une proposition israélienne. La délégation israélienne devait rencontrer le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, pour discuter de nouvelles demandes israéliennes, avait indiqué lundi la même source, citant notamment le contrôle du retour dans le nord de la bande de Gaza des civils déplacés. Le Premier ministre du Qatar a eu un entretien téléphonique avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, selon un communiqué officiel publié mercredi à Doha.
Ils ont discuté des "derniers développements à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés, ainsi que des efforts de médiation conjoints pour mettre fin à la guerre dans la région", selon le texte.