Selon certains artistes et intellectuels, l'ambiance culturelle n'a besoin que d'un espace permanent où on puisse présenter les œuvres et discuter sur les recherches élaborées. La galerie, le centre culturel, la bibliothèque et les espaces de la faculté sont effectivement des lieux propices pour constituer une ambiance culturelle. Seulement, sans éthique, aucune recherche collective ne peut se formuler. Sans ces sentiments nobles et rares aujourd'hui, à savoir l'amour, la sincérité, l'esprit d'équipe et la recherche d'un idéal esthétique et humain, on n'aurait pas vu ces révolutions artistiques créées dans le café Grégoire pour l'impressionnisme, ni dans cette bute de Montmartre pour le cubisme, ni même dans ce tohu-bohu du cabaret Voltaire pour le dadaïsme. Il est vrai que l'ambiance culturelle demande, pour sa réalisation, un grand espace permanent, composé de salles équipées pour les ateliers, l'exposition, les conférences, la bibliothèque, etc. Il est vrai, aussi, que cette ambiance demande pour les chercheurs groupés une implication dans une tendance culturelle contemporaine. Il faut, également, que ces chercheurs croient à l'assimilation du plastique et du littéraire, ou du moins, à la relation intime et profonde des arts de la littérature, ou du moins, à la relation intime et profonde des arts de la littérature, issue d'une vision avant-gardiste. Mais, avant tout cela, il faut qu'ils croient à la relation nécessaire entre l'éthique et l'esthétique. Art et commerce Il est vrai que l'éthique et l'esthétique sont des buts que l'art et la culture sont censés concevoir l'assimilation, dans leur apogée, comme la vérité et le spirituel, mais dans ces dialogues culturels, au début même, si le souci de l'humain n'est pas ancré dans les recherches et le comportement artistique, tout travail sera bouleversé, envahi par les confrontations. L'engagement artistique et culturel du chercheur est censé être épuré des bas sentiments et de toute idéologie, quelle qu'elle soit. Dans la culture, il n'y a nullement de place pour la mauvaise foi, le plagiat, le mimétisme, le vol des idées et des techniques, ainsi que la spéculation. L'âpreté au gain et le mercantilisme détruisent la création, comme le vol, le mensonge, l'appropriation des styles et l'arrivisme. Pour cette raison, il est difficile pour le chercheur et le créateur d'entrer dans l'industrie culturelle, car celle-ci conçue surtout pour le commerce de la création, et il est inadmissible que la création, en tant que concept et action, se commercialise, sinon elle se détruit. Lorsque cette industrie n'admet dans l'art que le commerce, sans prêter l'attention ni à la création, ni à la vertu qui coiffe cette création, tout dialogue esthétique s'annule et toute ambiance de l'art tourne à la production du plagiat. Pire que cela, lorsque le vol, et l'arnaque s'infiltrent dans l'engrenage de cette machine fantastique, l'enfer s'embrase… La plupart des artistes ont l'habitude d'organiser et d'animer leurs activités selon des contrats moraux, détestant les régler avec des signatures légalisées, en présence des avocats ou des notaires. Puisque l'art implique, dans son épuration, l'amour et la sincérité, la bonne foi et les actions vertueuses, ces activités artistiques se déroulent (et doivent se dérouler) dans la bonne entente et le dialogue chaleureux. Le rouage chaotique Malheureusement, dans tout domaine artistique, on trouve des escrocs et des arnaqueurs qui, non seulement, vous volent vos tableaux ou votre manuscrit, mais salissent l'ambiance et la crédibilité de l'art. On ne cesse de voir et d'entendre, ici et ailleurs, des techniques appropriées, des tableaux déposés dans une galerie, dans un centre, chez un marchand d'art ou chez un collectionneur, puis volés d'un coup, à travers une arnaque de chacals, puis vendus dans les coulisses. On ne cesse de voir, aussi, d'autres arnaques de tâches tramées par des organisteurs d'exposition, des marchands d'art et même des artistes (de faux-artistes), raflant toute la production d'un festival ou d'une manifestation artistique, détruisant ainsi, par ce crime culturel,toute ambiance culturelle. Maints plasticiens et peintres sont morts, alors que leurs affaires artistiques ne sont pas réglées ; ou bien leur exposition est restée suspendue, ou bien leurs œuvres sont restées, durant ce drame, chez un marchand d'art ou déposées dans quelque lieu. Alors, l'arnaque commence, sans scrupule, en dehors du ministère de la culture, protecteur essentiel de ce patrimoine national, en dehors de tout syndicat, en dehors même des familles des artistes décédés. Devant ces spéculations irraisonnées, ces arnaques et ces vols de lâches, devant ce carnage de charognards qui rêvent de la mort d'un artiste célèbre ou même méconnu, pour se gonfler la panse, des artistes nobles ont cessé d'exposer ou de vendre, créant dans le repli, réfutant tout dialogue artistique dans cette jungle où seuls les hyènes et les rapaces se bousculent dans une mafia de l'art de plus en plus complexe et effrayante. D'autres artistes, frustrés par ce marasme inquiétant ou étouffant dans cette ambiance répugnante, cessent même de créer ou de parler art. Il est normal de voir dans la vie artistique des créateurs et des plagieurs, des sociétés de vente et des courtiers. Tout un peuple vit de l'art et s'enrichit même lors du développement de son industrie. « Tout ce qui a un prix a peu de valeur », écrit Nietzsche. Seul le plagiat a un prix dans l'art, mais la création est en dehors de tous les prix. Lorsque l'industrie culturelle ne distingue aucune différence entre la création et le mimétisme, lorsqu'elle cible, dans ses efforts la société de consommation, sans prêter aucune attention à l'artiste, elle tourne mal, sans contrôle. Lorsque des hommes sans scrupules, des mercenaires, des escrocs, des courtiers et des faussaires s'infiltrent dans l'engrenage de cette machine, elle devient machinerie. La crise de l'art se forme, se prolifère en métastase, envahissant toute la vie artistique, et peu à peu, cette machine incontrôlée par l'Etat et par les organismes autonomes, cette industrie artistique se détruit elle-même, détraquée par son rouage chaotique et sa vitese folle… comme une sculpture auto-destructrice de Tinguely.