Un raid de l'armée israélienne en avril contre le camp de réfugiés de Nur Shams en Cisjordanie occupée a dégénéré en une confrontation armée, de près de trois jours avec des militants palestiniens. À la fin, les maisons avaient été réduites en ruines et de nombreux habitants avaient fui. La persistance du militantisme palestinien en Cisjordanie occupée et sa montée en puissance depuis le début de la guerre à Gaza, montre les limites de la puissance militaire israélienne alors que le conflit vieux de plusieurs décennies se poursuit avec peu de perspectives de règlement politique. Les dirigeants israéliens présentent la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, comme le dernier bastion du Hamas, suggérant qu'une victoire longtemps insaisissable dans la guerre déclenchée par l'attaque des militants du 7 octobre pourrait être proche. Ils se sont engagés à maintenir un contrôle de sécurité illimité sur Gaza et à empêcher la création d'un Etat palestinien. En Cisjordanie occupée, cette approche s'est heurtée à des vagues de lutte armée au fil des années. Les rues dévastées de Nur Shams témoignent d'une insurrection faible mais tenace et offrent une illustration frappante de ce à quoi pourrait ressembler Gaza après la guerre. Nur Shams, dans le nord de la Cisjordanie, est l'un des nombreux camps de réfugiés qui remontent à la guerre de 1948 date de la création d'Israël. Des centaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de leurs foyers dans ce qui est devenu le nouvel Etat. Les camps pauvres, dispersés à travers le Moyen-Orient, sont depuis longtemps des bastions pour les militants palestiniens.
Habitués aux raids militaires
Les habitants de Nur Shams sont habitués aux raids militaires, mais affirment que l'opération du 18 avril ne ressemble à rien de ce qu'ils avaient jamais vu. Des coups de feu et des frappes aériennes ont retenti tard dans la soirée. Au cours des trois jours qui ont suivi, les troupes israéliennes ont avancé profondément dans le camp, attaquant des maisons, démolissant des bâtiments et creusant des routes et des canalisations d'égouts avec des bulldozers blindés. « On a l'impression que ces forces viennent ici pour s'entraîner dans le camp avant de se rendre à Gaza le lendemain », a déclaré Qasim Nimr, un défenseur des droits des prisonniers qui s'est réfugié chez lui pendant le raid. Son neveu et son voisin faisaient partie des 14 Palestiniens tués lors du raid, selon le ministère palestinien de la Santé. Nehayah al-Jundi, une militante communautaire qui dirige un centre pour enfants handicapés, a déclaré que plus de 60 maisons du camp avaient été détruites par les forces israéliennes depuis le 7 octobre, ainsi que l'un des rares centres de loisirs du quartier défavorisé. Elle a indiqué que 72 familles ont dû déménager. L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué que le raid visait des militants. Les groupes armés actifs dans le camp ont déclaré que 10 des hommes palestiniens tués étaient des militants. Un responsable militaire, qui n'était pas autorisé à informer les médias et a donc parlé sous couvert d'anonymat, a déclaré que la démolition des maisons et des routes visait à éliminer les mines terrestres et le sous-sol et caches d'armes.
500 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens en Cisjordanie
Le ministère palestinien de la Santé affirme que plus de 500 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens en Cisjordanie depuis le début de la dernière guerre entre Israël et le Hamas. La plupart ont été tués lors de raids israéliens et de violentes manifestations, même si parmi les morts figurent également des passants innocents et des Palestiniens tués lors d'attaques perpétrées par des colons juifs. Le responsable militaire a déclaré que l'armée avait intensifié ses opérations en raison de l'augmentation des attaques contre les Israéliens, ajoutant qu'elle pouvait opérer avec plus de liberté maintenant qu'elle n'avait plus à s'inquiéter autant des représailles du Hamas à Gaza. Un héros du Jihad islamique palestinien, un groupe militant opérant à Nur Shams, a initialement annoncé que son chef du camp, connu sous le nom d'Abu Shujaa, avait été tué. Mais ensuite, le commandant nerveux a fait une apparition surprise aux funérailles des autres militants. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on le voit hissé dans les airs par une foule en liesse tandis que des militants à proximité tirent des coups de feu en l'air. Les principaux militants sont réticents à apparaître en public, mais les signes de leur présence sont partout. Le drapeau du Jihad flotte à l'entrée du camp et les rues sont bordées d'affiches représentant des combattants tués considérés comme des martyrs de la lutte palestinienne. Des jeunes hommes et des enfants armés de talkies-walkies patrouillent dans les ruelles sous des auvents en plastique noir accrochés pour dissimuler leurs mouvements aux avions israéliens. Israël a occupé la Cisjordanie, Gaza et Al Qods, lors de la guerre au Moyen-Orient de 1967. Les Palestiniens luttent toujours pour la récupération de leur territoires afin d'y instaurer leur futur Etat. Traduit de L'Associated Press Les enfants obnubilés par les militants adultes
Les camps de réfugiés ont toujours été parmi les communautés palestiniennes les plus pauvres et, en Cisjordanie, leur situation s'est aggravée depuis le début de la guerre. Israël a cessé de transférer les recettes fiscales qu'il collecte au nom de l'Autorité palestinienne et a suspendu des permis qui avaient permis à des dizaines de milliers de Palestiniens de travailler en Israël. La Banque mondiale estime qu'environ 292.000 Palestiniens de Cisjordanie ont perdu leur emploi depuis le début de la guerre. Cela a potentiellement créé une armée de recrues pour des groupes militants comme le Hamas et le Jihad islamique, financés par l'Iran et d'autres bailleurs de fonds, et qui paient leurs combattants. Les Palestiniens affirment que cet appel va au-delà du gain financier et s'enracine dans des griefs de longue date : la dépossession générationnelle des réfugiés, des décennies de régime militaire apparemment illimité, la croissance des colonies juives et la diminution des espoirs d'un Etat indépendant. Samer Jaber, le père d'Abu Shujaa, le commandant du Jihad islamique, affirme que son fils est devenu une célébrité locale, et que des enfants se rassemblent autour de lui chaque fois qu'il fait une rare apparition publique. « Les enfants sont obsédés », a-t-il déclaré. L'une des personnes tuées lors du raid était Jihad Jaber, le cousin d'Abu Shujaa, 15 ans. Le père de Jihad, Niyaz, a déclaré qu'il avait tenté d'éloigner son fils des militants, en lui construisant un appartement dans la ville voisine de Tulkarem et en lui achetant même une BMW. Cela n'a servi à rien, a déclaré Niyaz. "Il a tout rejeté" ajoutant que Jihad Jaber était proche de son cousin et irrité par les violents raids répétés contre le camp.