Après l'échec de la tentative d'enlèvement et d'assassinat d'un journaliste contestataire, en décembre 2021, les services de le Direction Générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure que dirige le général major Djebbar Mehenna, viennent d'essuyer un double échec en l'espace de 48 heures. Samedi 27 avril, en début d'après-midi, à l'aéroport d'Orly, les services de la police nationale arrêtent le dénommé Saïd Bensdira, alias « le rat de Londres » au moment où il s'apprêtait à s'envoler pour Barcelone. Objet de plusieurs plaintes déposées à son encontre par une sizaine de ses victimes, « le rat de Londres » est conduit au commissariat de police de Puteaux, dans la région parisienne. Protégé par les services secrets algériens dont il est un des relais médiatiques le plus insolent, pour discréditer les figures de l'opposition algérienne à l'étranger, « le rat de Londres » ne lésine guère sur le langage ordurier pour fustiger toute personnes ciblées par ses manipulateurs. Peu satisfait de la rémunération mensuelle, d'un montant de 4000 euros, selon des sources dignes de foi, qui lui est remise en mains propres par le chef du bureau de sécurité de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles, il met à profit la protection dont il bénéficie pour faire chanter des hommes d'affaires algériens, commettre des larcins allant de l'extorsion de fonds par le chantage et la menace jusqu'à la violation de domiciles, la falsification de documents, le vol et la diffamation en public d'honorables personnalités. Un certain nombre de ses victimes se sont mises d'accord pour déposer des plaintes auprès des services de la police nationale française. Ces plaintes appuyées par des documents ne souffrant la moindre irrégularité, ont commencé à affluer à partir du mois de janvier dernier. Moins de quatre mois plus tard, « le rat de Londres » tombe dans la souricière de la police française comme relaté plus haut. Son arrestation n'a rien de politique et n'a aucune relation avec ses activités d'agent à la solde des services secrets algériens. Un agent non structuré, rappelons-le. Les chefs d'inculpation retenus contre lui relèvent purement du droit commun.
Après une garde à vue de 48 heures, il est déféré devant le parquet de Nanterre qui le place sous contrôle judiciaire en attendant le complément d'enquête que mènera le juge d'instruction en charge du dossier. Peu après la mise en liberté provisoire du « rat de Londres » l'influenceur algérien Amir Boukhors, connu sous le pseudonyme d'Amir Dz, est enlevé vers 23h30 dans la soirée du lundi 30 avril. « Un véhicule banalisé avec un gyrophare de police sur le toit, me barre la route, alors que j'étais à bord de ma voiture m'apprêtant à rentrer chez moi. Quatre hommes cagoulés descendent du véhicule et me demandent de sortir les mains en l'air après m'avoir ordonné d'arrêter le moteur et de déposer les clés sur le tableau de bord », raconte Amir Dz. Les ravisseurs ne sont pas de la police française, comme le croyait Amir. Ils ne sont pas Algériens non plus. « A leur accent, je pense qu'ils sont Roms ou Albanais. Et l'un d'eux est un Algérien beur », dit-il. Amir est séquestré dans une bâtisse précaire située dans une forêt non loin de la région parisienne. Il passera 27 heures menotté et en attente d'une décision qu'il avait du mal à imaginer. Les ravisseurs n'avaient aucune idée sur ses activités ni sur son profil. Ils sont étonnés d'apprendre qu'il était algérien réfugié politique en France. De fil en aiguille, au cours de sa conversation avec l'un d'eux, il a compris qu'ils avaient passé un deal avec des Algériens qui avaient commandité son enlèvement pour le transférer en Espagne et de là, il sera expédié vers l'Algérie. Le lendemain de la disparition de son époux, Madame Boukhors alerte la police vers les coups de 15heures. Le déploiement des forces de police, autour de l'immeuble où réside Amir, a certainement attiré l'attention des commanditaires du kidnapping. C'est ce qui serait la cause de la coupure du contact entre les commanditaires et les ravisseurs. Ces derniers ont fini par relâcher, dans la nature, leur otage vers trois heures du matin. Assommé par les comprimés ingurgités de force et affaibli par les événements qu'il venait de vivre, Amir se traîne difficilement jusqu'aux abord de la route pour faire du stop et rentrer chez lui au lever du jour. Une fois chez lui, il est pris en charge par la police nationale. Il est, d'abord, emmené à l'hôpital pour des analyses sanguines et urinaires. Il sera, ensuite, auditionné pour relater les faits dans leurs moindres détails pour les besoins de l'enquête. Une enquête qui ne tardera pas à localiser la voiture d'Amir. Elle a été abandonnée et calcinée par les ravisseurs à quelques encablures de son lieu d'enlèvement. Pour Amir Boukhors, il n'y a aucun doute. « Ce sont les services algériens qui sont derrière mon kidnapping. Ils ne sont pas à leur première tentative. Cela avait commencé en octobre 2016, lorsque l'un de leurs sbires, le dénommé Aref Mechakra avait chargé un groupe de jeunes africains pour me tabasser. J'avais déposé plainte ». Ce Aref Mechakra connu pour ses exhibitions en nuisette et porte-jarretelles roses, sur les réseaux sociaux, est l'un des acolytes du « rat de Londres ». Il n'y a pas longtemps, il avait purgé une peine d'une année de prison en Algérie pour avoir été pris en flagrant délit, à Alger, avec un ressortissant étranger. Selon le quotidien algérien « Al-Hayat », il indiquait à ce ressortissant des sites sensibles relevant de la sécurité de l'Etat. Devant le juge d'instruction du tribunal d'Alger, « l'homme à la nuisette rose », comme l'appellent ses intimes, s'est défendu en expliquant que sa relation avec ce ressortissant étranger est d'ordre sentimental. Il l'avait connu à l'hôtel Georges V à Paris où Aref Mechakra travaille comme chasseur (bagagiste). Après avoir purgé une peine d'une année de prison, il retourne en France où il poursuit ses activités au profit des services algériens avec plus de zèle pour effacer les traces de l'accusation de trahison qui le poursuit à ce jour. Ces deux affaires, arrestation du « rat de Londres » et le kidnapping avorté d'Amir Boukhors ont fait des vagues au siège de la DGDSE sur les hauteurs d'Alger. Le général Djebbar Mehenna a convoqué en urgence le colonel Sadek, chef du bureau de sécurité à l'ambassade d'Algérie à Paris. Une convocation, somme toute, logique pour que soit élaboré un plan pour « sauver le soldat à la nuisette rose et son acolyte le rat ». Morale de l'histoire, jamais un service secret dans le monde n'a connu pareil déballage sur la scène publique. « Le rat de Londres » s'était déjà fait subtiliser son téléphone portable qui contenait nombre de documents et de conversations enregistrées entre lui et ses commanditaires. Des numéros de comptes bancaires de nombreux officiers supérieurs de la DGDSE dont ceux du général Mehenna et son bras droit le colonel Zerguine Souahi alias Mouad et se autres acolytes, Hocine Boulahia, de son vrai nom Hamid Oubelaïd et le général Abdelkader Haddad, alias Nacer El-Djen, directeur par intérim de la sécurité intérieure. Les deux derniers nommés possèdent des biens immobiliers en Espagne tout comme Lotfi Nezzar, le fils du général défunt Khaled Nezzar, qui possède un appartement de 98m2 à Barcelone et un terrain de 6000 m2 à Tarragona. Les comptes bancaires en Espagne sont communiqués au rat de Londres pour des virements d'importantes sommes d'argent extorquées à des hommes d'affaires algériens installés en Europe. Cette fois, « le rat de Londres » s'est fait confisquer ses téléphones portables et son matériel informatique, par les enquêteurs. Une véritable mine d'or qu'il trimballe avec lui régulièrement et qui va mettre en grosses difficultés un grand nombre d'officiers supérieurs, et d'agents de la DGDSE. Un véritable scandale.