Les gens qui écrivent sur l'art dans les journaux marocains doivent se méfier des peintres débutants et des peintres du dimanche qui sont le plus souvent des fonctionnaires tricheurs cherchant à arrondir leur solde de fin de mois en vendant des tableautins imités. On risque d'avoir de mauvaises surprises. Il arrive parfois que le novice que l'on voudrait encourager dans ses premiers pas se transforme en cas pathologique plein de zèle, d'orgueil et de vices. Un être facétieux imbu de sa personne et d'un tempérament provocateur. N'est pas Dali qui veut? Ainsi, malgré la fraîcheur de leur noviciat et un CV picturo-graphique dégarni ( à peine deux ou trois expositions collectives ) les hâtifs veulent brûler les étapes en prenant des raccourcis où l'on fait fi de toute étique. Les plus narcissiques parmi ces pseudo-artistes sont d'un ego irritant. Tels des resquilleurs pervers, ils sont prêts à commettre les plus folles bavures pour donner l'illusion qu'on est une sommité de l'art. A la longue, on découvre leur penchant maladif. Dévoilés de la sorte, ils ne trouvent consolation que dans la mesquinerie et le lèche-main en courbant l'échine. A ces Zeus et Isis autoproclamés de la peinture nous leur disons: «montrez-nous vos hiéroglyphes.» Les pharaons ont laissé leurs pyramides et les trésors qu'ils recèlent. On ne fait pas école avec du gribouillis tout enchevêtré, pure émanation d'une sensibilité boiteuse et aliénée. Ces énergumènes dont l'imbécillité a dépassé les limites du tolérable et de l'admissible profitent du vide culturel ambiant. Ailleurs, sous d'autres cieux bénis par les muses fécondes de l'art et avec une critique vigilante et aux aguets, on leur aurait montré de quels déboires on s'échauffe. Les failles qui les mèneraient inéluctablement à la faillite leur seraient énumérées une à une. Ils se feraient ridiculiser publiquement pour leur grossière attitude et leur flagrant manque de talent. Finalement, ils seraient contraints de changer de métier car le « Beaux-Arts » (Bozart comme disait Habib) n'est pas le leur. Dans ce bled tout est galvaudé à outrance et le monde semble aller à l'envers. Ceux qui ont de belles idées sont muselés alors les tonneaux vides font sans cesse du tintamarre et comme dit l'autre adage : «Les chevaux sont ligotés mais les ânes sont au galop». Quand est-ce que ces chevaux immobilisés auront enfin les sabots libres?