La côte d'un artiste découle de plusieurs facteurs. Mais l'apport des galeries à la promotion reste déterminant dans la carrière d'un artiste-peintre. La cote d'un peintre correspond à l'estimation de la valeur de son œuvre. Cette appréciation est affaire de qualité, d'innovation, de durabilité dans le travail et de renom. Plus les œuvres d'un peintre sont recherchées, mieux elles sont cotées. Ici, certaines galeries grillent littéralement l'avenir d'un jeune peintre en lui imposant une cote au-dessus de sa valeur réelle. Ils pensent qu'un prix élevé convainc mieux l'acheteur de la qualité de l'œuvre. Au bout de deux expositions, les attentes de la galerie et du peintre sont déçues. Ce dernier en éprouve un profond désarroi et peut même arrêter de peindre. Les peintres morts sont les mieux cotés. Certaines toiles de Gharbaoui ou de Cherkaoui s'achètent à plus de cinq cent mille dirhams. Le décès d'un peintre entraîne souvent la ruée vers sa peinture. L'on sait que son œuvre est finie, en ce sens où il ne l'augmentera plus. L'unicité de l'œuvre plastique, qui est responsable de sa valeur marchande, se confond avec la limite d'une collection que l'on peut, désormais, cataloguer. Tous les morts ne sont pas toutefois bien cotés. Amine Demnati n'a jamais atteint de grands chiffres. Et puis, il y a des peintres qui atteignent des cotes élevées, et dégringolent par la suite. L'exemple le plus manifeste est celui de Ben Youssef. On s'arrachait ses tableaux pendant les années 80, aujourd'hui peu de gens s'y intéressent. Parmi les peintres les mieux cotés au Maroc, on peut citer Farid Belkahia, Fouad Bellamine, Mohammed Kacimi, Miloud Labied, Karim Bennani, Mohamed Melihi, Saad Hassani et Chaâbia Tallal. Il n'est pas inutile de souligner que ces peintres exercent depuis plusieurs années. Leur ancienneté est un garant de la qualité et du sérieux de leur travail. La cote de ces peintres est souvent inférieure de 6 à 9 fois à l'étranger au prix de vente au Maroc. Et c'est là que l'internationalisation de ces artistes pose problème. Cette internationalisation relève des compétences des galeries, mais elle est aussi liée au marché de l'art contemporain en Occident qui accorde très peu d'intérêt aux créateurs du Sud. Il veut réduire l'expression de ces artistes à l'art ethnique, à l'art nègre et aux formes artisanales. Une aberration totale !