À l'occasion de la sortie du livre retraçant sa jeune carrière, « Suleiman Zanfari, né pour la course », écrit par Fabien Baumann et paru aux éditions « Langages du Sud », le pilote de Formule 3 et de Formule 4 nous a accordé une interview et est revenu sur les différents jalons de son parcours ainsi que sur ses ambitions. * Pour commencer, quelle est votre actualité sportive pour 2024 ?
- Cette année, je roule sur sept circuits de Formule 1, dont trois au Moyen-Orient, à Bahreïn, à Djeddah, et au Qatar, puis quatre en Europe, au Red Bull Ring (ndlr : à Spielberg, en Autriche), à Spa, à Zandvoot et à Barcelone. Cela s'effectuera dans le cadre de deux championnats, à savoir : la Formule 4 Saudi Arabia et la Formule 3 Eurocup régionale. En plus de cela, je participerai au championnat du monde de karting en Angleterre.
* Vous avez débuté par des compétitions de karting en Italie à l'âge de huit ans. Qu'est-ce qui vous a poussé à cet âge si jeune ?
- Pour aller un jour en Formule 1, il faut commencer très tôt. J'ai fait ma première course à huit ans en Italie, en karting, puis j'ai remporté mon premier podium. L'Italie, c'est le centre névralgique, ce sont les premières usines de karting, l'équipement, le moteur, les pneus, les pistes et les courses internationales. Les plus grands pilotes ont commencé en participant à des courses là-bas.
* Maintenant, vous avez 18 ans. Est-ce l'âge moyen de la compétition dans laquelle vous évoluez ? Quel regard portent sur vous les concurrents ?
- Je fais partie de la génération de pilotes qui peuvent atteindre la F1. Cela dépendra en grande partie des résultats en Formule 2 FIA (Fédération internationale de l'automobile) et en Formule 3 FIA, mais également des sponsors qui me soutiendront pour attendre un jour la F1.
* Lors de vos débuts en F4 en 2020 avec Global Racing Service, avez-vous vécu une bonne première année dans le sport automobile au niveau professionnel ?
- L'année 2020, c'était celle du Covid. J'ai dû vivre quatre mois en Espagne, loin de ma famille et de mon pays. Ce fut une année très compliquée.
* Vous en parlez dans le livre, la course automobile n'est pas vraiment le sport favori au Maroc. Comment avez-vous surmonté ce handicap ?
- En fait, il faut souligner d'abord que j'habite au Maroc. Cependant, je fais régulièrement des allers-retours entre mon pays et les autres de l'Europe. Je roule à l'étranger depuis l'âge de huit ans, notamment sur les pistes les plus célèbres et les plus compliquées. Cela fait de moi un pilote complet prêt à atteindre un jour la Formule 1.
- Que pensez-vous de l'avenir du sport automobile au Maroc ? Quelle serait la stratégie pour développer la pratique de ce sport dans le Royaume ?
- Pour développer le sport automobile au Maroc, il faut qu'il y ait une décision politique. C'est-à-dire des circuits, notamment de Formule 1, des budgets et une stratégie, identique à celle du football par exemple.
* Avez-vous un rituel avant de commencer une course ?
- Avant de démarrer ma voiture, je fais ma prière.
* Vous concourrez, entre autres, pour Campos Racing en Eurocup-3. Avez-vous un circuit préféré dans cette compétition ?
- Dans le cadre de la Formule 3 régionale Eurocup-3, il y a huit manches. Mon circuit préféré est celui de Barcelone car il s'agit d'un circuit de Formule 1.
"Pour développer le sport automobile au Maroc, il faut qu'il y ait une stratégie identique à celle du football."
* À Bahreïn, vous vous êtes adjugé la pole position et avez remporté la course 2 en décembre 2023, puis au Koweït, il y a deux semaines. Vous avez aussi excellé en remportant la course 1 après avoir obtenu la pole position. Comment avez-vous vécu ces premiers succès ?
- Mon objectif est de gagner le championnat de Formule 4 Saudi Arabia. Le 6 avril 2024, date de fin du championnat seulement, je saurai si je suis satisfait ou non.
* Vous occupez actuellement le deuxième rang au classement provisoire du championnat Saudi Arabia. Quels sont vos objectifs cette année ? Espérez-vous continuer sur cette bonne lancée ?
- Oui, bien sûr. J'espère gagner les compétitions dans lesquelles je suis engagé cette année, à savoir : le championnat de Formule 4 Saudi Arabia, le championnat de Formule 3 régionale Eurocup-3, et celui du monde de karting en Angleterre. * En 2023, Campos Racing a été champion équipes. Comment avez-vous atteint cet objectif ? Avez-vous ressenti de la fierté de faire partie de cette équipe ?
- Je vais faire court : l'objectif d'un pilote est simplement de gagner. C'est ce que nous avons fait la saison dernière.
- La FRMSA a annoncé l'organisation, pour la première fois au Maroc, d'un championnat de Formule 4 en 2024 et 2025. La compétition est ouverte aux meilleurs pilotes tant internationaux que nationaux. Avez-vous l'intention de participer à l'une de ces deux éditions ?
- Je ne vais pas y participer. Je laisse la chance aux jeunes pilotes marocains de remporter le championnat.
* Quel regard portez-vous sur vos aînés qui ont fait carrière dans le sport automobile, à commencer par Mehdi Bennani, qui a sévi en WTCC ?
- Bien sûr, je respecte les aînés, dont Mehdi Bennani, mais c'est assez différent car je concours en Formule 4 et ai l'ambition de participer un jour à la Formule 1. Mehdi Bennani, lui, a excellé dans son domaine. Par contre, il a roulé en voiture de tourisme en WTCC, ce qui est vraiment différent.
* Enfin, vous évoluez en F4. Mais on sait que la F2, la F3 et la F4 sont l'antichambre de la catégorie reine. Avez-vous pour espoir ou ambition de gravir les échelons et participer un jour à la Formule 1 ?
- Dans la région MENA, il y a 500 millions d'habitants, et il y a quatre circuits de Formule 1 : Abu Dhabi, Bahreïn, Qatar, Djeddah. Depuis soixante-quatorze ans, il n'y a pas eu de pilote arabe et musulman en Formule 1. Mon objectif personnel est de changer cette donne et de devenir un jour, pourquoi pas, champion du monde de Formule 1. Quelle est la voiture utilisée en Eurocup-3 ? La Formule 3 et la Formule 4 sont des catégories de compétition du sport automobile où évoluent des monoplaces à roues ouvertes. Si le championnat international ainsi que la Coupe du monde de Formule 3 n'admettent qu'un seul modèle de monoplace (la Dallara F3 2019), c'est aussi le cas du championnat régional Eurocup-3. Toutes les équipes utilisent le même châssis (Taatus F3 T-318), et la voiture pèse 25 kg de moins que celle utilisée en FRECA (Formula Regional European Championship by Alpine). Calendrier du Championnat d'Arabie Saoudite de F4 Le programme comprend 24 courses réparties sur six manches et quatre circuits, dans quatre différents pays. Trophy Event : Circuit international de Bahreïn, Sakhir (les 15 et 16 décembre 2023) 1. Koweït Motor Town, Ali Sabah Al Salem (les 2 et 3 février 2024) 2. Koweït Motor Town, Ali Sabah Al Salem (les 9 et 10 février 2024) 3. Circuit international de Lusail, Lusail (du 14 au 16 mars 2024) 4. Circuit de la corniche de Djeddah, Corniche de Djeddah (du 28 au 30 mars 2024) 5. Circuit de la corniche de Djeddah, Corniche de Djeddah (les 5 et 6 avril 2024) Une première victoire en F4 le 16 décembre 2023 Le jeune pilote marocain a connu sa première victoire en Formule 4 lors du lancement de la saison du Championnat d'Arabie Saoudite de F4 à Sakhir les 15 et 16 décembre, sur le Circuit international de Bahreïn (Trophy Event). Suleiman Zanfari a accompli l'exploit d'obtenir la première victoire d'un Marocain sur un circuit de Formule 1 lors du 2ème jour de l'évènement, sur la course 2. Par la suite, le pilote de 18 ans a réussi à remporter la première course sur le circuit Koweït Motor Town le 2 février puis a signé une nouvelle victoire sur le même circuit le 9 février. Ces performances le placent au second rang du classement du championnat avec 92 points.