Bien après le protectorat, notre génération - les sexagénaires d'aujourd'hui - a fréquenté des Européens dont très peu se livraient aux escroqueries. Par respect pour le pays où ils sont nés, ils et elles se tenaient à carreau. Aujourd'hui, on a affaire à des Européens très spéciaux dont les coups bas dépassent l'imagination. Profitant justement de leur statut d'Européens, ils roulent tout le monde, y compris l'Administration. La dernière escroquerie en date : une propriétaire d'agence de location de voitures a été contactée par des ressortissants du Vieux Continent qui travaillent pour une grosse société récemment installée soi-disant à Casablanca. Après avoir commandé 10 Mercedes pour, zaamak, ses cadres, ils ont payé cash 90 millions de centimes à l'agence de location de voitures qui a acheté la dizaine de véhicules à crédit. Après quelques jours d'activités, la société européenne a disparu avec les 10 Mercedes. Aux dernières nouvelles, les belles voitures toutes neuves ont été revendues en Mauritanie. La propriétaire de l'agence a failli aller en prison. Elle s'est engagée auprès de sa banque à rembourser ses dettes. Pour commencer, elle a vendu sa maison et autres biens… stop. Bouregreg. Encore une déclaration rassurante. Jeudi dernier, au Royal Club Nautique Youssef A Nowais, le président du Conseil d'Administration du groupe Al Maabar, a confirmé son engagement, dans la première séquence de son groupe, dans le projet du Bouregreg. Du coup, on s'est dit que les beaux bureaux fermés - architecture de bon goût - entre le pont de Marjane et le parc de Zniber, seront rouverts. Car cet ensemble aux portes et aux fenêtres closes, depuis des mois, ça fait mal au cœur. Lemghari Essakel qui affiche un optimisme de circonstance et qui dit que s'il n'était pas optimiste, il ne serait pas là, n'a aujourd'hui que l'embarras du choix. Maintenant que le spectre de Dubai qui menaçait les projets du siècle de Rabat, s'est dissipé. Avec l'engouement des banques d'ici, il ajoute : «Nous prenons le temps qu'il faut pour cela». Philosophie sage qui est tout à son honneur. Mais à côté des chiffres fabuleux avancés pour Bab Al Bhar : 1 milliard 500 millions de dirhams, qu'est-ce qu'on va réserver pour Bab Er-Rahba et tout le quartier, tissu urbain malade, qui fait aussi partie de ce oued qui nous est cher ? stop. Crise financière au Golfe. Quand le géant de l'immobilier Emaâr a annulé un projet de fusion avec Dubai, mercredi dernier, on a soufflé le chaud et le froid. Mais Dieu soit loué, Il n'y aura pas de changement pour la corniche de Rabat. Le projet des piscines annoncées en aparté par Hassan Amrani, le wali discret qui travaille comme un forcené - alors que la sieste courte est bonne pour la santé - est maintenu. stop. Quand Moussa Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée, a été blessé, dans des circonstances encore mal connues, il fut envoyé rapidement à Rabat pour recevoir des soins, dans l'avion médical du président burkinabé Blaise Compaoré. On n'a même pas consulté la capitale du Maroc parce que Rabat est célèbre pour sa vocation africaine. De la femme de Haj Omar Bongo qui fut soignée dans une clinique dans un quartier résidentiel, aux grandes figures de la scène politique africaine qui viennent consulter des médecins marocains, on ne compte plus les visiteurs du continent qui font confiance au Maroc. Alors qu'il y a quelques années, quand une personnalité de Dakar, Niamey, Cotonou ou Yaoundé avait des problèmes de santé ou voulait établir un chek-up, il prenait l'avion pour Paris, au Val-de-Grâce, pour Nice ou pour Lyon. Le choix du Maroc pour les soins ou les loisirs nous rappelle qu'il y avait un ministère des Affaires africaines au début des années 60 qui faisait de Rabat la capitale incontournable. Un ministère qu'on n'aurait dû jamais fermer. stop. Un lecteur nous signale qu'on n'a pas parlé de Abdellatif Laâbi après sa récompense pour l'ensemble de son œuvre : Prix Goncourt de la poésie 2009. D'abord «L'Opinion» fut l'un des rares à reconnaître la force de ses poésies, en le publiant, sous les années de plomb, alors qu'il était en prison. Ensuite, nous avons rappelé la place primordiale qu'il occupait dans la revue «Souffle» qui compte dans l'édition maghrébine. Laâbi est une valeur indiscutable. Le Prix Goncourt de la poésie 2009 est une consécration qui fait bien sûr chaud au cœur. stop. Le refoulement des évangélistes - deux Suisses et un Guatémaltèque - qui opéraient dans la clandestinité à Oujda, connue pour sa ferveur islamique depuis la nuit des temps, n'a aucun rapport avec l'histoire des minarets en Suisse romande ou en Suisse alémanic. Ce pays réputé pour être neutre, le siège de nombreux organismes internationaux : Croix Rouge, BIT, OMS, etc. stop. Le colloque international sur «L'école et la question des valeurs» organisé les 9 et 10 décembre par l'Ecole Normale Supérieure de Meknès en collaboration avec l'Institut français de la même ville qui fait preuve d'un dynamisme admirable, reste une rencontre de haut niveau qui a vu la participation d'experts enseignants, d'acteurs éducatifs et de chercheurs qui inspirent du respect. Mais la question des valeurs qui se perdent de plus en plus dans notre société, attend d'être étudiée autrement, avec des vues d'ensembles ciblées qui concernent la société marocaine. Ceux qui militent pour la préservation des valeurs nobles, savent de quoi on parle. stop. Quand on a parlé de Barack Hussein Obama sur la liste des nobélisables, il y a une dizaine de jours, on savait que ce n'était pas un vœu pieux. Le temps nous a donné raison. Tant pis pour les repreneurs de dépêches qui voyaient en lui Gaston la gaffe, au moment où les USA avaient perdu les JO qui ne sont la chasse gardée de personne. stop. Quant on voit que la ville de Strasbourg qui détient le taux le plus élevé du vote FN, qui n'a jamais eu la majorité, offrir une dizaine de bus à la ville de Fès, on se dit zut et pourquoi pas Salé, Témara ou Khémisset ! C'est tellement réconfortant de recevoir des bus qui rapprochent les distances et apportent une note de modernité. stop. Taieb Fassi Fihri qui connaît la planète comme sa poche et qui a peut-être lu du Paul Morand, l'homme épris de vitesse : «Il est inadmissible que le passeport marocain fasse l'objet de mépris ou de dénigrement». Il parle bien sûr de la renégate qui rêve de prendre une frégate. Oui, il faut défendre le passeport marocain aujourd'hui accessible depuis que la nouvelle conception de l'autorité a pris les choses en main, depuis qu'il ne traîne plus dans les tiroirs durant des mois, comme du temps où avoir un passeport était un privilège, alors que, de nos jours, c'est devenu un droit. stop. Les échos de la ville. Le Nôtre du Souissi s'est séparé de ses envoyés spéciaux qui croyaient apporter le savoir-faire dans une capitale qui a toujours eu ses références. De la Petite Duchesse autrefois croustillante à Poulhe qui a toujours gardé ses fidèles, en passant par les produits maison des grands hôtels. Un petit mot pour les cuistots, les gérants et les belligérants - quelques uns ! - qui nous viennent de la Canebière ou de la Bavière : qu'ils sachent qu'ils sont toujours les bienvenus ici, mais qu'il y a aussi des cadres marocains à la hauteur. stop.