«Marcel Cerdan toujours vivant» titrait jeudi dernier le quotidien «L'Equipe » dans un numéro spécial consacré à ce qu'il a appelé « le plus grand boxeur français de tous les temps ». Les Marocains, sexagénaires ou encore plus âgés auront passé leur enfance des années cinquante avec l'évocation régulière du nom de Marcel Cerdan qui faisait partie de toutes les conservations. Celui qui, au temps de sa gloire, était surnommé « le bombardier marocain ». Et c'est peu de dire que les Marocains, toutes régions et toutes couches sociales confondues, s'étaient appropriés un peu de la gloire de ce champion hors pair, pourtant né en Algérie (le 22 juillet 1916 à Sidi Bel Abbès) mais qui en 1922 était venu à Casablanca où sa famille s'installa. Et c'est à Casablanca, dans les quartiers du Maârif que Cerdan devint ce qu'il fut. En 1933 il disputera son premier combat pro dans la capitale économique marocaine. Puis ce fut sa fulgurante ascension vers le triomphe mondial et quand en 1948 il devint champion du monde des poids moyens aux USA, au Roosevelt Stadium de Jersey City, les radios dans les foyers marocains avaient retransmis la rencontre en direct comme le fera plus tard la télévision pour Aouita et Nawal. Les victoires de Cerdan rendaient les Marocains aussi fiers que si c'était un « vrai » enfant du pays qui les remportaient. Mais soixante ans après sa mort, que reste-t-il du mythe Cerdan au Maroc ? Pour autant dire, rien Le stade Marcel Cerdan est devenu « Stade d'Honneur » dans les années 60 et Complexe Sportif Mohammed V en 1983. La brasserie de Casablanca qui portait sa fière enseigne qui gonflait de nostalgie tous les promeneurs a changé de « gueule » et n'a pas gagné au change. On pouvait voir dans un café ou l'autre dans les villes marocaines, des photos de ses combats. A Rabat, l'une des dernières figurait en bonne place au café « Mont Doré » au quartier de l'Océan. Y-est-elle encore ? Ou bien est-elle partie comme sont partis les derniers souvenirs de celui qu'Edith Piaf a immortalisé avec une chanson poignante et inoubliable (L'hymne à l'amour). Mort à 33 ans dans un crash d'avion au dessus des Açores, Cerdan a eu des obsèques nationales à Casablanca où il fut enterré dans le cimetière du boulevard El Hank. Sa tombe était régulièrement « visitée » par toutes sortes d'admirateurs du monde entier. Mais quand sa famille, partie à Perpignan en France, vint, il y a quelques années « rapatrier » son cercueil, personne ici ne s'y opposa. Un article publié dans cette rubrique fut la seule complainte qui accompagna la 2ème disparition du héros du Maârif. Pour retrouver le parfum de ses années là, et la nostalgie du mythe Cerdan, il faudra aller chercher dans les archives de la R.T.M. Il y a une dizaine d'années, Ali Hassan dans son émission « Ciné Club » qui passait le jeudi soir sur la télé de Rabat, la première, la seule, la vraie avant l'afflux des satellites et autres chaînes extra-terrestres, donc dans son émission pour cinéphiles, Ali Hassan avait diffusé le film de Claude Lelouch «Edith et Marcel » et avait, pour le débat qui suivait le film, appelé Mansour Lahrizi (décédé il y a 2 ans, et dont on salue la mémoire ici) qui avait livré un régal d'anecdotes, de souvenirs exceptionnels que seul un routier au long cours et un observateur de la dimension de Mansour pouvait connaître. Si cette émission n'a pas disparu dans les affres des ré- engistrements qui sévissaient naguère à la RTM pour cause de manque de cassettes vierges, les générations d'aujourd'hui auront peut-être la chance de revivre un moment d'exception. Car de Marcel Cerdan, il n'y a plus rien à voir au Maroc, ni café, ni une rue, ni une place, ni une plaque-souvenir quelque part … En 2001, à l'occasion de la célébration de son 30ème anniversaire, l'AMPS qui tiendra son A.G. le 11 septembre prochain avait invité, avec la collaboration d'associations françaises, Just Fontaine et avait organisé une grande soirée à Marrakech, où le meilleur buteur d'une Coupe du Monde avait retrouvé tous ses amis, de Abderrahman Bel Mahjoub à Hassan Akesbi en passant par Zhar, « Chinois» du SAM et tant d'autres, dont bien évidemment la sélection nationale de foot marocaine, celle des années 80 et 81 que Just Fontaine avait entraînée avec l'assistance de Hamidouch et Jabrane. Fontaine grâce à M'hammed Bhiri de la RTM avait retrouvé son ancienne institutrice du temps où il allait à l'école à Marrakech. Et pour la circonstance une plaque avait été apposée sur la maison natale de Just Fontaine que le héros de la Coupe du Monde 58 avait retrouvée quasiment intacte, et où la famille marocaine qui l'occupe désormais lui avait fait un accueil chaleureux. Si on vous parle, ou on vous reparle de cela aujourd'hui, c'est parce que l'évocation de Cerdan que notre génération n'a pas connu, nous a ravivé le souvenir de cet autre sportif dont le Royaume a l'honneur de partager la gloire. Et Fontaine bien que vivant en France est resté plus Marocain que jamais, et en 2001 il avait retrouvé le pays, accompagné de toute sa petite famille, avec une émotion certaine et un plaisir sincère. « Just » n'est plus revenu depuis. On a de ses nouvelles de temps en temps, par ci, par là. On lui souhaite beaucoup de santé et de vitalité pour connaître cette Coupe du Monde 2010 organisé en Afrique pour laquelle il avait tant milité auprès de Driss Benhima en faveur du dossier marocain. Engagé par le Roi Hassan II en 1980 pour entraîner l'équipe nationale au lendemain de la défaite face à l'Algérie, (le fameux 5-1) Fontaine avait raté la qualification pour la Coupe du Monde 82 organisée en Espagne. La faute du Cameroun qui nous battit dès le match aller à Kénitra. Tiens on a évoqué le Cameroun. Ça, nous replonge dans l'actualité brûlante du foot national qui retrouve le Cameroun le 14 novembre prochain. En 1982, quand le Cameroun avait éliminé le Maroc, il avait participé alors à sa toute première phase finale de Coupe du Monde Dans moins de 13 jours, le Cameroun entend obtenir à Fès sa septième qualification à une phase finale. Depuis 82 et l'Espagne, il n'a plus raté que celle de 2006 (Allemagne) où il avait été éliminé par l'Egypte,chez lui à Yaoundé avec penalty raté à la 94ème minute… Le Maroc a quatre coupes du monde au compteur, compteur bloqué depuis 1998. Mais on a très bon espoir pour 2014. Il faut bien garder espoir … non ?