Alors que l'ex-premier ministre Abdelaziz Djerrad l'avait inaugurée, le 28 octobre 2020, la salle de prière de la grande mosquée d'Alger a été de nouveau inaugurée, hier dimanche 25 février, par le président Abdelmadjid Tebboune. Les médias algériens précisent : « inauguration officielle ». Comme pour dire que celle d'il y a quatre ans n'était qu'officieuse. La grande mosquée d'Alger a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Emblématique de l'ère Bouteflika, quand les pétrodollars coulaient à flots en Algérie, ce gigantesque lieu du culte avait suscité, dès le lancement de ses travaux en 2011, de vives polémiques tant par son coût (plus d'un milliard et demi de dollars) que par le retard accusé dans sa réalisation et dans son inauguration. Bâtie sur une surface brute de plus de 400 000 m2, à Mohammadia, à l'est de la capitale, en face de la baie d'Alger, la grande mosquée d'Alger devait être inaugurée par le défunt président Abdelaziz Bouteflika au mois d'avril 2019, alors que tonnaient dans les rues d'Alger des slogans l'invitant à « dégager ». Il sera contraint à la démission quelques jours plus tôt, le 2 avril. Cette gigantesque et coûteuse réalisation restera inexplicablement fermée durant 5 longues années. (https://www.atalayar.com/fr/articulo/societe/lincroyable-et-drole-situation-de-la-grande-mosquee-dalger/20230407121144182468.html) Hier, elle n'a pas manqué de provoquer une polémique de plus et susciter de nombreuses interrogations. Et pour cause... Abdelmadjid Tebboune accompagné de son chef d'Etat-major de l'armée et d'une importante délégation comprenant de nombreux théologiens étrangers invités à assister à l'inauguration de la mosquée « avec toutes ses infrastructures annexes » tient à souligner le quotidien arabophone « Echourouq ». Les images diffusées par la chaîne de télévision publique, et reprises par les chaînes privées, ont montré le chef de l'Etat algérien visiter, outre la salle de prière, le musée de la civilisation islamique situé au 23e étage du minaret, l'institut des études islamiques et la bibliothèque. Des annexes aussi gigantesques que la salle de prière qui a une capacité d'accueil de 120.000 fidèles.
Des sources bien informées indiquent que « l'inauguration de la bibliothèque, de l'institut et du musée n'était qu'une parodie de mauvais goût ». Et notre source d'ajouter « le musée s'étend sur 14 étages. Or n'a vu qu'un seul étage visité par Tebboune. De même à la bibliothèque, on n'a vu qu'une demi-douzaine de lecteurs ramenées pour le décor tout comme à l'institut qui n'a jamais enregistré la moindre inscription. Au cours de la visite de Tebboune, ils ont donné l'impression qu'il y avait des étudiants qui suivaient un cours à l'amphithéâtre. Tout c'est du faux. » Toutes les personnes interrogées par téléphone, au lendemain de l'inauguration, assurent que la mosquée demeure fermée et on ne voit pas de monde du tout se rendre à la bibliothèque ou au musée. Par ailleurs, il faudrait signaler que d'autres infrastructures faisant partie de ce complexe cultuel ont été ignorées au cours de cette visite d'inauguration. Il s'agit d'un hôtel de 300 chambres, de plusieurs salles de séminaires, des espaces scientifiques, un centre commercial, des restaurants, un parc de loisirs et plusieurs bâtiments administratifs. Aussi, le parking de 6000 véhicules demeure fermé au public. La sortie de Tebboune, Hier à Alger, n'a pas manqué de poser moults interrogations. Pourquoi inaugurer une nouvelle fois une salle de prière qui l'a été, déjà, par son premier ministre, Abdelaziz Djerrad, en octobre 2020 ? Pourquoi donner l'impression d'inaugurer une bibliothèque alors que le lendemain ses portes sont restées fermées ? Tout comme le musée ? Pourquoi ignorer les autres infrastructures annexes tels l'hôtel, les salles de conférence, le centre commercial, les restaurants etc. ? C'est la deuxième fois en moins d'une semaine que le président Tebboune inaugure des installations inaugurées quelques années plus tôt. C'est le cas du poste frontalier de Tindouf qui a été inauguré en 2018 par le ministre de l'intérieur de l'époque, Noureddine Bedoui. Tout comme il avait procédé, en compagnie de son homologue El-Ghezouani, au lancement de la réalisation de la route Tindouf – Zouérate. Le lendemain, il n'y avait ni matériel ni chantier. Cette manière de faire de Tebboune s'explique par l'approche de l'échéance électorale. N'ayant, absolument, aucune réalisation à son actif durant son quinquennat, il cherche à faire illusion. Il oublie toutefois, que les rares infrastructures qu'il a inaugurées sont des réalisations de l'ère de Bouteflika. C'est le cas des deux stades de football. A Oran et à Alger. C'est le reflet d'une paralysie totale d'un pays qui a engrangé, durant ces quatre dernières années, De centaines de milliards de dollars sans le moindre investissement notable.