Dans un speech prononcé, mercredi 21 février, à l'occasion de la conférence « CFC INSIGHTS » sur le développement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a plaidé en faveur de l'investissement pour une intégration économique plus profonde en Afrique . Lors de cette rencontre, le ministre de l'Industrie et du Commerce a décortiqué les grandes lignes de la stratégie industrielle, qui accorde un primat au développement d'une offre Afrique, adossée au marché commun que constitue la ZLECAf. Adoptée en janvier 2021 par la plupart des pays de l'UA, ce grand marché est une zone de libre-échange et de libre circulation des populations et qui concernerait 1,27 milliard de consommateurs.
Cependant, malgré ces ambitions, « l'intégration économique reste très limitée, le commerce intra-africain ne dépasse pas les 15% », déplore le ministre, notant que « la plupart des pays africains échangent six fois plus avec des pays en dehors du continent, ce qui entraîne une importante captation de valeur à l'extérieur et une sous-valorisation des matières premières africaines ».
Par ailleurs, le ministre a souligné que le « Made in Morocco n'est pas seulement un label national, mais un véritable symbole de l'identité africaine ». « Tout ce qui vient du Maroc vient tout simplement de l'Afrique, ça fait partie de nous, c'est notre ADN, c'est notre continent », a-t-il dit.
Relever la barre !
Bien que la ZLECAf, qui est une initiative phare de l'agenda 2063 de l'Union Africaine, ait permis la libéralisation tarifaire, Ryad Mezzour a noté qu'il faudrait plus qu'une simple libéralisation tarifaire pour stimuler les échanges. Dans ce sens, il a insisté sur la nécessité de développer la connectivité, d'encourager les investissements et de créer de la valeur commune pour favoriser une intégration économique plus forte.
« Le Maroc est un pays qui exporte 88% de la valeur de ses exportations de biens sous forme de produits manufacturiers », s'est félicité le ministre. Le Royaume aussi, en tant que deuxième investisseur africain sur le continent, est activement impliqué en faveur du développement de l'Afrique à travers de nombreux projets.
Dans ce sillage, le Royaume a mené plusieurs initiatives structurantes pour favoriser cette intégration, dont le fameux projet ambitieux du Gazoduc. « Le Gazoduc est souvent perçu comme un transport de gaz entre le Nigeria et l'Europe sans forcément de valeur ajoutée », a-t-il souligné. Pourtant, ce projet serait un catalyseur de sécurité énergétique et alimentaire, comme détaillé par Mezzour, étant donné qu'« à chaque étape de son parcours, à chaque pays qu'il va franchir, il va y avoir ce blending « phosphate-gaz naturel », pour faire des fertilisants adaptés aux sols des pays et augmenter la productivité agricole et donc assurer la sécurité alimentaire de ces pays ».
Le responsable gouvernemental a également mentionné l'Initiative Royale de la façade atlantique, qui vise à connecter le continent à l'océan Atlantique et à renforcer les échanges avec les pays de la région. Il a cité le port Tanger Med comme un exemple de projet transformatif non seulement pour le Maroc mais pour toute l'Afrique. « Le Maroc, en 15 ans, a construit le port le plus important dans cette région-là, qui est d'ailleurs connecté à 160 pays », a-t-il indiqué. Il a aussi mentionné le projet de Dakhla, qui sera achevé en juin, « un port aussi important que ceux de Tanger et de Nador qui nous permettra de commercer avec une logistique et une accessibilité extrêmement intéressantes », a fait savoir le ministre.
L'Afrique, une terre de promesses et d'opportunités
Le ministre a conclu en insistant sur l'opportunité unique qu'offre la ZLECAf pour les entreprises et les investisseurs désireux de s'implanter sur le continent. L'idée, selon le responsable, serait donc de profiter du potentiel africain inexploité, en renforçant davantage les investissements dans plusieurs secteurs tels que l'agriculture, le textiles... « Nous avons plein d'investisseurs, mais peu qui investissent dans la production agricole. 40 à 50% des terres arables non exploitées dans le monde le sont en Afrique », a regretté le ministre. « Dans le secteur des textiles aussi, la production se fait très bien dans un pays africain qui est le Bénin, c'est sur ce genre d'investissement que nous devons nous pencher », a-t-il poursuivi. Il a également rappelé que le Maroc est en pleine transformation avec des échéances exceptionnelles et des investissements massifs. « Cette transformation ouvre des canaux de commercialisation exceptionnelle avec tous les pays du Sahel et les pays de la façade atlantique africaine avec en face une même organisation qui se fait au niveau atlantique sud-américain », a-t-il dit.