Le Maroc est devenu le principal fournisseur de l'Union Européenne, notamment l'Espagne, en matière de fruits et légumes, enregistrant une valeur totale de 1,8 milliard d'euros en 2023. Une tendance haussière loin d'être au goût des agriculteurs européens. Les expéditions agricoles marocaines destinées aux étals européens, et surtout espagnols, ont grimpé ces derniers temps. Ces hausses concernent aussi bien le volume que la valeur des fruits et légumes et qui permettent à l'UE d'approvisionner adéquatement son marché en produits agricoles de première nécessité. Selon les données émanant de la Fédération espagnole des associations des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (PEPEX), le Maroc se positionne en tête de liste des principaux exportateurs de fruits et légumes frais vers l'UE, damant le pion aux fournisseurs traditionnels du vieux continent. En effet, les 27 Etats membres de l'UE ont importé 1,04 million de tonnes de légumes et de fruits depuis le Maroc contre 662.000 tonnes depuis le Pérou, fournisseur habituel du bloc européen. Les mêmes données indiquent que la valeur des envois agricoles importés par l'UE a atteint 14 milliards d'euros à fin septembre dernier. Dépassant le Pérou (1,5 milliard d'euros) et Pretoria (1,3 milliard d'euros), le Maroc a accaparé 1,8 milliard d'euros de la valeur globale de ces exportations.
Le Maroc, fournisseur de l'Espagne
Tout comme pour les autres pays de l'UE, le Maroc a atteint le pinacle en tant que principal fournisseur de l'Espagne en légumes et fruits. En effet, la valeur des exportations du Royaume vers Madrid a atteint 794 millions d'euros, représentant 20% des importations de ce pays. Ces exportations s'élevaient à 4 milliards et 60 millions d'euros à fin novembre dernier. Près de 66% d'entre elles provenaient de pays tiers, hors l'UE. De plus, la valeur des exportations marocaines vers le pays ibérique représente 30% des importations espagnoles depuis des pays tiers. Le Maroc a ainsi dépassé les fournisseurs habituels de l'Espagne, à savoir le Pérou et la Costa Rica qui occupent la deuxième et la troisième places sur la liste des exportateurs vers l'Espagne, avec une valeur de 440 millions d'euros et 235 millions d'euros, respectivement. Les données de la fédération laissent présager une croissance continue des importations espagnoles, notamment en provenance du Maroc. L'Espagne a importé un total de 3,7 millions de tonnes de légumes et de fruits entre janvier et novembre de 2023, soit une augmentation de 8% par rapport à la même période de 2022. Au cours de la même période, deux millions de tonnes provenaient de pays extérieurs à l'Union Européenne, ouvrant, ainsi, la voie à la promotion des produits - notamment marocains - sur les étalages espagnols.
Montée contre les produits marocains
Cependant, cette tendance ne plaît guère à la filière agricole ibérique, laquelle considère que les expéditions agricoles marocaines transitant par le sol du pays mettent en péril les agriculteurs espagnols. C'est pourquoi, qu'à ce jour, les agriculteurs espagnols mènent une série de protestations pour exprimer leur mécontentement face à ce qu'ils appellent « une concurrence déloyale » de produits agricoles marocains sur le marché européen, laissant croire que ces derniers ne respectent pas les normes de qualité et sont cultivés avec des pesticides interdits dans l'Union Européenne. Les exportations de tomates marocaines vers l'Europe ont été un point de friction majeur, entraînant une diminution significative des exportations espagnoles de ce produit sur le continent européen. Les agriculteurs espagnols arguent que cette concurrence présumée déloyale met en péril leur subsistance et la durabilité de leur secteur. Les agriculteurs exigent des mesures de protection de leur industrie et appellent à une réglementation plus stricte pour garantir des conditions de concurrence équitables sur le marché européen. La grogne contre les exportations marocaines ne s'avère pas propre aux agriculteurs espagnols. En effet, le Premier ministre français a tiré à boulets rouges sur les expéditions agricoles nationales. « Avec de l'argent de l'UE, on renforce le Maroc (...) Ils n'ont aucune exigence », a-t-il laissé entendre.