Un pénalty non sifflé pour un fauchage évident de Zelzouli, un hors-jeu discutable sur un but de Mezraoui, un carton rouge trop sévère contre Amrabet et une multitude de fautes et de situations préjudiciables à notre équipe mais non sifflées... Mais non, non et non, on ne va crier ni au complot, ni à la «kawlassa». On ne criera pas non plus à la météo, très ingrate, mais pour tout le monde. Il s'agit de simples faits de jeu qui peuvent arriver dans n'importe quel match, à notre faveur ou à notre défaveur. Nous avons perdu et nous l'acceptons. Ainsi sommes nous, dignes dans la victoire comme dans la défaite. Nous avons bien sûr des regrets, mais nous gardons foi en l'avenir, proche et lointain. La disqualification précoce de notre équipe nationale en huitièmes de finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) est un mal pour un bien. C'est comme ça qu'il faudra appréhender cette défaite regrettable, mais porteuse de grandes leçons. La première de ces leçons est que contrairement aux slogans creux sur l'arabité et l'africanité, le chemin vers le sacre en Coupe d'Afrique comme dans toute autre compétition est un sentier froidement vide où l'on doit marcher seul. D'autant plus lorsqu'on a été le demi-finaliste d'une Coupe du Monde mémorable à l'issue de laquelle, grands comme petits du football continental et régional, rêvaient d'obtenir notre scalp.
L'autre leçon est qu'après avoir brillé de mille feux au Qatar, notre football avait grand besoin d'un reset qui ne pouvait survenir qu'au lendemain de ce genre de défaite. C'est le travail de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) qui a maintenant toute latitude pour évaluer l'existant, revoir ce qui doit être revu et prendre les décisions qui s'imposent afin de bien préparer un avenir proche plein de défis, dont celui de la qualification à la prochaine Coupe du Monde, ainsi que celui de la gestion de la participation marocaine à la CAN 2025 qui se déroulera sur nos terres.
En attendant ces échéances et pour ne pas se laisser envahir par la tentation du pathos somme toute normale après ce genre d'échecs, gardons en tête que dans cette compétition qui nous fuit depuis bientôt un demi-siècle, les enjeux sont multiples et transcendent les simples prestations des joueurs sur les pelouses. La CAN, autant que la Coupe du Monde, est en effet une formidable tribune que les pays participants se doivent de mettre à profit pour étaler et doper leur soft-power. Et dans ce registre, les Marocains, qu'ils soient joueurs, membres du staff technique, et surtout supporters ont reflété une belle image de nation qui sait gagner, qui sait perdre et surtout qui sait être. Ce n'est pas donné à tout le monde.