Fès et le Maroc attendaient beaucoup de ce derby fassi qui avait disparu des affiches depuis une décade. Finalement, les 20.000 spectateurs du Complexe Sportif de Fès sont restés sur leur faim. Rien à voir avec les 22 joueurs qui semblaient avoir célébré l'Aïd avec des… éléphants. Ce derby de 2009 n'a pas connu sur la pelouse les étincelles, la hargne et les exploits techniques du temps des My Idriss, Lacombe, Rachid Ben Amor, Zahraoui, Bono et autre Tazi… Pourtant les gradins ne demandaient qu'à vibrer tellement les ultras des deux clans avaient aiguisé leurs projectiles incandéçants, chauffé leurs tambours, et brandi deux tableaux géants de leurs couleurs favorites avant le coup d'envoi. Sous les yeux d'un Rachid Ouali Alami noyé dans la foule après avoir hypnotisé les caméras nationales, le match démarra le MAS au volant. Les hommes d'Abdelhadin ont forcé les Wafistes à concéder deux corners précoces. Mais alors qu'on pensait les jaunes sur les rails de la concrétisation, une attaque fulgurante des Taleb-Boys vit Bilal Danguir partir comme une fusée au cœur de la défense massaouie, s'isoler de Abdelhakim Aït Boulemane qu'il exécuta froidement. Un but contre le cours du jeu qui incendia le virage Sud du Complexe. Le WAF, à peine promu, menait donc le Big-MAS dès la 11ème minute ! Enhardis, les recevants repartent au front et voilà le keeper massaoui, obligé de sortir du carré des 18 m pour dégager au pif avec... son genou ! Il a fallu de longues minutes avant que les protégés de Marouane Bennani ne réalisent ce qui leur arrive et reprennent les rennes du match. Bourezouk n'a pu profiter cependant d'un bon service de Hajji en ratant gauchement son coup de tête à quelques mètres de Mohamed Amine Bourkadi qui fit une belle partie tout comme le trio défensif Chkilit-Zaim -Brighal préservant vierges leur cage jusqu'à la mi-temps. Coup de théâtre époustouflant dès la reprise. On jouait à peine la 3ème minute qu'une attaque massive des jaunes provoqua l'irréparable pour les Noir-et-Blanc. Une main wydadie heurta, semble-t-il, le ballon dans la surface de réparation. Rien à voir avec la main de Thierry Henri qui souleva la planète contre l'attaquant français tant la faute était visible... dans le noir. Mais sous le soleil du complexe de Fès, l'arbitre décréta - à tort ou à raison - penalty en faveur du MAS vu la fonction de la phase de jeu. Posément Belamri ajusta et transforma la sentence suprême déclenchant un véritable enfer de fumigènes du chaudron du virage Nord qui n'en pouvait plus de la honte soufferte 40 interminables minutes durant. Une égalisation qui changea de bout en bout la physionomie d'un match qui bascula côté massaoui. Hélas, les projecteurs allumés pertinemment par les services du complexe n'éclairèrent guère les esprits des Tigres qui firent plutôt piètre usage du ballon. Devant un WAF qui reculait monstrueusement, les Fahim, Belamri et autre Sarsar cafouillèrent dès l'approche des 30 mètres. Déprimés, les fans massasouis assistèrent plutôt à une comédie de mauvais goût sous forme d'une partie de rugby avec des tentatives, de drops balancés par défenseurs et médians qui échouaient comme des gâteaux sur une arrière garde wafaouie qui se dégageait paisiblement. Unique éclaircie, celle de la 86ème minute lorsque Abdenbi expédia, à quelques centimètres des buts, un ballon qui heurta la transversale wydadie. Un autre derby fassi s'achevait sur la parité du score… au grand soulagement d'un service d'ordre qui craignait le pire. Des échauffourées avaient, en effet, éclaté dans les gradins entre supporters respectifs des… tribunes des spectateurs (soi-disant) respectables ! De fait, et très intelligemment, les agents en nombres adéquats du préfet M. Arous maintinrent les supporters wafaouis suffisamment longtemps sur leurs gradins après le coup de sifflet final pour laisser filer chez eux les ultras massaouis. Eviter l'affrontement fratricide, ce fut, peut-être, le seul « succès » d'un derby qui ne fit gère rougir – de jalousie – ses devanciers. A remettre dans… 14 journées !