Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur nos villes, ces dernières semaines, ont ouvert la voie à un élan de solidarité associatif. En tête du peloton de ce filet, il y a lieu de nommer le SAMU (Service d'Aide Médicale d'Urgence) social de la Cité blanche. Les hautes montagnes du Royaume ne sont pas les seules localisations concernées par les pluies diluviennes, la vague de froid et la flagrante baisse de la température. A Casablanca, au quatre coins de la Métropole, l'hiver et ses affres se font sentir tous les jours et surtout toutes les nuits. Cette dégaine ragaillardie, ce visage accueillant et affable, c'est Mohammed. Un gardien qui dit connaître tous les anciens SDF du centre-ville casablancais « du port jusqu'au fin fond du marché sénégalais », se vante-t-il, l'air un tantinet cabotin. «Je vous parle de ceux qui ne causent pas de problèmes. Ceux à qui la vie a joué de mauvais tours, ou ces jeunes femmes veuves ou divorcées qui s'en sortent en intégrant les foyers de mères en difficulté », tient-il, d'emblée, à préciser. «Il y a des revenants qui disparaissent trois ou quatre ans mais qui reviennent dormir ici le soir, à même le sol enveloppés de plusieurs couches de vieux vêtements. Les plus chanceux d'entre eux ont droit à un divan sur lequel ils n'ont qu'à s'enrouler dans une ou deux couvertures », continue notre interlocuteur, en nous montrant, preuve à l'appui, quelques vidéos. Les revenants. Tel est le talon d'Achille de ce phénomène qui ressemble à un serpent qui se mord la queue. Il s'agit, plus précisément, des personnes accueillies au SAMU social de Casablanca, logés, nourris, blanchis, soignés, formés et parfois socialement et financièrement associés. Parmi eux, il y en a qui bénéficient d'une formation en coiffure ou en mécanique ou qui travaillent comme des agents de nettoyage. Il y en a aussi qui partent à la campagne pour travailler dans les champs ou, pour les plus chanceux, dans les fermes. Mais ce n'est de loin pas le sort de tout le monde. Il y en a aussi qui sombrent dans l'alcoolisme ou dans la drogue. «Nous avons la possibilité de couvrir les soins médicaux et médicamenteux d'addictologie aux personnes dépendantes aux psychotropes et autres substances chimiques pouvant mener à l'addiction, mais il faut que le filet social nous emboîte le pas sur du long terme car une seule main n'applaudit pas », témoigne Anne, assistante sociale et bénévole au SAMU social international en précisant qu'il n'est pas rare où ces personnes réussissent à s'intégrer ou se réintégrer dans le noyau social. Comme Anne, beaucoup d'assistants sociaux et médicaux, locaux et internationaux font des rondes de jour comme de nuit dans les ruelles de la Cité blanche dans l'unique optique de porter assistance à ces personnes en situation de rue. Et contrairement aux idées reçues, les SDF ne souffrent pas tous de troubles addictifs. Il y en a qui sont victimes d'autres fléaux, à l'instar de la précarité et de l'exclusion sociale. De même, le nombre d'histoires de revirement de sort n'est pas négligeable. Ce qui nous mène à constater qu'il suffit d'une maladie chronique ou d'un imprévu de force majeure pour que notre confort de vie bascule. Houda BELABD Le SAMU en quelques mots Le SAMU social de Casablanca a été inauguré le 6 septembre 2006 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette institution s'inscrit dans l'esprit de l'INDH (l'Initiative Nationale pour le Développement Humain), définie en mai 2005. Le dispositif de cette entité compte en son sein un Centre d'Accueil d'Urgence, composé du Centre d'Accueil de Jour (services d'hygiène, aide médicale et sociale) et d'un Centre d'Hébergement d'Urgence temporaire pour les enfants de moins de 17 ans, et les femmes avec ou sans enfant en situation de rue. Il est le premier maillon d'une chaîne qui va de l'urgence à l'insertion qui agit en partenariat avec les institutions de droit commun médico-psychosociales, les associations et organisations œuvrant dans ce domaine, ainsi que les instances institutionnelles ayant pour mission la lutte contre l'exclusion.