Le Samu social est une association qui travaille avec les sans-abris. H24info les a accompagné durant une nuit. Mardi soir à Casablanca, dans les locaux du Samu social, l'équipe composée d'un chauffeur, d'une infirmière et d'un assistant social fait son débriefe. Le point est fait sur l'itinéraire de la ronde de ce soir, les nouveaux signalements, les SDF habitués et la situation des squats connus. L'équipe charge la camionnette et démarre sa maraude. Les rues de Casablanca défilent et la camionnette stationne près d'une mosquée en plein centre ville squatté par plusieurs hommes. Un homme s'approche, c'est un habitué. Il reçoit un plateau-repas et une couverture. Mais à l'instar de ses amis, il refuse de parler. «Une fois que l'un de nos squats est connu, le moqaddem nous déloge dès le lendemain», finit par lancer un autre SDF. L'équipe se dirige par la suite vers une famille connue des services du Samu. Cette mère de trois enfants accepte d'être filmée. Durant le tournage, l'un de ses enfants d'une vingtaine d'années s'adresse à nous en marmonnant un «pardon»: «Pardon pour ce spectacle», ajoute-t-il. Nous quittons la famille pour des quartiers périphériques. Un gardien nous guide vers une voiture qui abrite deux hommes âgés. L'un d'eux accepte de raconter son histoire: il est dans la rue depuis 5 mois et les effets sur sa santé se voient déjà. L'autre fond en larme, nous supplie de ne pas diffuser son image: «Je suis un ancien gendarme, je préfère mourir plutôt que mes enfants me voient dans cet état». En face, nous commençons le tournage devant une cabane. «C'est une niche qui a été abandonnée au SDF avec ce froid. La chienne qui y vivait a été hébergée chez ses propriétaires», nous explique-t-on. Mais à un moment, on remarque un mouvement dans la niche qui pourtant semblait vide. Apparaît alors une femme. Elle est dans la rue depuis un an et demi. Elle ne voit plus très bien. Divorcée, mère d'une petite fille, elle fait des ménages pour tenter de garder un lien avec sa fille.
La maraude finit à la gare routière Oulad Ziane. Dès l'arrivée de l'équipe, apparaît une femme d'un certain âge qui vend des cigarettes au détail. Dès qu'elle voit l'équipe, elle sourit. L'assistant lui propose de venir au centre d'accueil, elle refuse et promet de venir rapidement pour trouver des vêtements à sa taille. Durant toute la conversation, son sourire ne quitte pas son visage marqué par des années de vie dans la rue.
Une fois de retour au Samu, l'équipe prend une pause, l'occasion de ravitailler le camion. Pour nous c'est fini, mais pas pour le trio du Samu qui, lui, se prépare déjà à retourner face à la réalité de la rue.
À noter que l'association accueille une trentaine de femmes avec enfants. En hiver, la salle d'activité est transformée en dortoir pour une vingtaine de personnes âgées. La journée, le Samu est ouvert aux sans-abris qui peuvent bénéficier des services d'hygiène, médical et social.
Cette association est financée à 50 % par l'Etat, notamment par les ministères de la Famille, de la Santé, la Commune et le Conseil de la ville. Quant au reste, l'association vit grâce aux dons. Par ailleurs, la présidente de l'association, Wafah Bahous, déplore le fait que trop souvent, à défaut de moyens, le Samu cesse ses activités. http://www.h24info.ma/wp-content/uploads/2018/01/samu-social.mp4