C'est un déplacement qui a provoqué l'ire du pouvoir algérien. En pleine crise diplomatique entre Alger et Bamako, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a débarqué à Marrakech afin d'assister à la Réunion ministérielle de coordination sur l'Initiative Royale pour favoriser l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique. Tout comme le Tchad, le Niger et le Burkina Faso, le Mali a décidé d'adhérer pleinement à cette initiative, y voyant un moyen de sortir de son enclavement géopolitique et surtout économique. En effet, depuis le coup d'Etat du 24 mai 2021, ce pays de la bande sahélo-saharienne est à couteaux tirés avec l'ancien colonisateur français, et subit en outre des sanctions économiques de la part de la CEDEAO. Pour compliquer davantage la situation, le voisin du Nord a choisi d'adopter une attitude ambiguë à son égard. Sous prétexte de promouvoir la paix et la stabilité, Alger s'immisce dans les affaires internes du Mali en parrainant des groupes séparatistes et terroristes. L'accueil réservé par le président Abdelmadjid Tebboune à l'imam Dicko, ennemi juré du président de la transition, le colonel Goita, est la goutte qui a fait déborder le vase. Pendant que l'Algérie ne peut concevoir dans son voisinage immédiat que des Etats faibles et sous son influence, le Maroc se pose en partenaire sérieux et crédible. Rabat propose à Bamako de sortir du blocus, en lui ouvrant les immensités de l'océan Atlantique. Un partenariat "win-win" tourné vers l'avenir et promettant paix et prospérité aux deux nations. A travers le futur port Dakhla Atlantique, c'est toute la région qui va connaître un sursaut économique. Bamako, l'une des dernières capitales africaines à maintenir sa reconnaissance du Polisario, va certainement revoir sa position, suivant ses intérêts économiques et géopolitiques. Ainsi, un verrou sautera dans l'axe Alger-Bamako-Nouakchott, tissé depuis une dizaine d'années par les autorités algériennes dans une vaine tentative d'encercler le Maroc. La prochaine étape sera sans doute la Mauritanie, pays de passage entre l'espace sahélien et le Royaume.