Dans nos sociétés modernes, la lutte contre le mariage et le travail des mineures est loin d'être acquise. Le nouveau roman de Mounir Ferram retrace la saga d'un personnage au destin, « sévère », commun à de nombreuses villageoises. * Après votre quatrième roman, psychologique, « Quand plus rien ne te retient », vous venez de publier votre cinquième œuvre « Quand le cœur parle ». Votre recueil s'ouvre sur le portrait d'une petite bonne villageoise accueillie par une famille marocaine de confession juive. Quel était votre objectif ?
Effectivement, le précédent roman était de dimension psychologique. Celui-ci se veut un roman social. Il expose et explore nos réalités. Il reflète les différentes couches de notre société, mettant en lumière les défis auxquels font face les individus et les communautés.
En raison de la diversité culturelle du Maroc, le roman social traite souvent des relations entre différentes communautés, que ce soit sur le plan ethnique, linguistique ou religieux. Cela contribue à une représentation plus complète et nuancée de la société marocaine.
L'objectif est de refléter ces réalités et de rappeler que lorsque nous faisons l'effort de comprendre le vécu et les expériences des autres, nous sommes plus enclins à développer des sentiments d'affection envers eux, de nous défaire de nos préjugés et de nos a-prioris. Partant, l'amour et la fraternité nous sont nécessaires, surtout dans des moments de doute, de fragilité et de crises, semblables à ceux que nous traversons actuellement.
* Que nous dit votre personnage sur le détournement des filles de l'école ?
Il s'agit d'une combinaison complexe de situations sociales autour d'un personnage : Rahma, à travers lequel se révèlent des vécus, se mêlent des destins en quête d'un idéal. Le tout converge vers la nécessité de vivre ensemble, de ne conserver en nous que l'essentiel : notre humanité. Le détournement des filles de l'école fissure cette humanité, justifie les abus et élargit les territoires de l'ignorance et de l'injustice. Toutefois, Rahma refuse de se soumettre, croit en sa capacité d'espérer et de s'en sortir... puis d'aider à son tour afin que son expérience ne se reproduise plus dans son village.
* La question du mariage des mineures et de leur exploitation est débattue actuellement dans le cadre de la révision de la Moudawana. Quelles en sont vos attentes ?
Le mariage et le travail des mineures est un sujet important en matière de droits de l'enfant. Le Maroc a mis en place des lois visant à protéger les enfants et à garantir leur accès à l'éducation.
Malheureusement, la réalité sur le terrain est parfois différente. Certains enfants continuent d'être victimes d'abus et d'exploitation. Les causes de cette situation peuvent être nombreuses, allant de la pauvreté, des traditions locales, de la pression sociale à l'absence d'infrastructures éducatives adéquates, surtout dans certaines régions reculées.
Je pense que mes attentes sont semblables à celles de beaucoup de Marocains, soucieux de voir nos enfants s'épanouir et vivre dignement. Le mariage des mineures devrait cesser par respect à leur humanité innocente et incarnant l'espoir de notre pays.
* Vous explorez également la quête de liberté, de tolérance et de paix...
La quête de liberté, de tolérance et de paix est une aspiration profonde qui a traversé l'Histoire de l'humanité. Ces idéaux représentent des valeurs qui ont inspiré et guidé plusieurs actes humains. La tolérance est un principe clé pour la coexistence pacifique des diverses cultures, religions et opinions. Elle implique le respect et l'acceptation des différences, même lorsque celles-ci sont en désaccord avec nos propres croyances. La tolérance favorise le dialogue, la compréhension mutuelle et contribue à construire des sociétés inclusives. Ce sont ces valeurs qui ont permis, dans mon roman, à des personnages ayant vécu la fragilité et l'exclusion de parvenir à la résilience et de reprendre espoir en la vie.
Réforme de la Moudawana : Vers l'instauration d'une conception nouvelle de l'égalité et de l'équilibre familial Dans le cadre des consultations et auditions menées par l'Instance chargée de la révision du Code de la famille, avec les différents acteurs concernés, les propositions de nombreux partis politiques et organisations concernées sont recueillies. Dans ce sens, « le Parti de l'Istiqlal considère le chantier de la réforme du Code de la famille comme étant une démarche participative de grande importance », pour reprendre les mots du Secrétaire Général du Parti, Nizar Baraka, dans une déclaration à la presse, à l'issue d'une réunion avec l'Instance, tenue fin novembre dernier. Les propositions présentées par le PI visent principalement à renforcer la cohésion familiale, à préserver l'intérêt supérieur des enfants et à consolider les droits de la femme, tout en respectant les dispositions des textes de la Charia et la jurisprudence, a-t-il relevé. Il a aussi souligné la nécessité d'œuvrer dans le cadre de ce chantier pour mettre en place des mesures d'accompagnement permettant d'améliorer la situation des familles, notamment l'institutionnalisation de la réconciliation familiale, le développement et le renforcement des tribunaux de la famille et des politiques publiques favorisant l'emploi et l'autonomisation des femmes. Rappelons que dans la Lettre Royale adressée au Chef du gouvernement, SM le Roi Mohammed VI a affirmé qu'il est nécessaire de réexaminer le Code de la famille, qui a eu l'immense avantage d'impulser une dynamique de changement vertueuse et d'instaurer une conception nouvelle de l'égalité et de l'équilibre familial, ouvrant ainsi la voie à une avancée sociale considérable, afin de corriger les dysfonctionnements et les lacunes que l'expérience de sa mise en œuvre judiciaire a révélés.