Les syndicats de l'enseignement considèrent que l'augmentation des salaires constitue une démarche essentielle pour la revalorisation de leur statut. Lors de ce nouveau round du dialogue, ils plaideront en faveur d'une augmentation de 3.000 dirhams négociables. Parviendront-ils donc à convaincre l'Exécutif ? L'ensemble du corps de l'Education nationale a le regard rivé sur la réunion prévue, mercredi 6 décembre, entre les syndicats les plus représentatifs, le ministre délégué en charge du Budget, Faouzi Lekjaa, et le ministre de l'Education nationale, Chakib Benmoussa. Une rencontre, le moins que l'on puisse dire, est qu'elle est décisive, étant donné que celle-ci sera consacrée à la valorisation des salaires et des primes des enseignants de l'école publique. En effet, cette réunion intervient dans le cadre du nouveau round de dialogue dicté suite à la décision du gouvernement de geler le nouveau Statut Unifié des enseignants, en attendant sa révision. Un round auquel, d'ailleurs, les syndicats de l'enseignement s'attachent afin d'aboutir à une nouvelle mouture du Statut, en mesure d'améliorer les conditions des enseignants et donc d'apaiser la tension dans le secteur.
3.000 de plus ! Lors de ladite rencontre tant attendue, les syndicats comptent faire entendre leur voix sur la question de l'équité salariale. L'idée étant, selon Miloud Maassid, secrétaire général de la Fédération nationale de l'enseignement (UMT), d'aligner le salaire des enseignants à celui des autres fonctionnaires de l'Etat. « Nous sommes en faveur d'une revalorisation salariale globale qui pourrait agir, dans le futur, sur l'attractivité du métier d'enseignant », plaide-t-il, relevant qu'à la différence d'autres pays, le salaire de l'enseignant, estimé à 5 000, n'encourage pas la nouvelle génération à en faire un choix. D'autant plus que le secteur de l'Education témoigne d'un besoin permanent en ressources humaines qualifiées, acteurs nécessaires à la réalisation des objectifs de la Feuille de route 2022-2026 pour une école de qualité pour tous. Ainsi, Younes Firachine, secrétaire général du Syndicat national de l'Education, nous a indiqué qu'une augmentation des salaires des enseignants d'une valeur de 3.000 dirhams a été proposée, dans le cadre des efforts visant à répondre aux revendications formulées par ces derniers. Il s'agit, selon notre interlocuteur, d'une proposition négociable qui sera examinée mercredi en présence du ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Faouzi Lekjaa. Le syndicaliste soutient cette revendication par le travail « continu » mené par les enseignants même en dehors de la classe, notamment la préparation des fiches pédagogiques, la correction des exercices, des examens et pleines d'autres tâches qui vont au-delà des cours de classe.
Primes et promotion
Suite à l'approbation du nouveau Statut Unifié en Conseil de gouvernement, le ministre de l'Education nationale, Chakib Benmoussa, a annoncé des valorisations à travers les facilités de promotion, notamment à l'échelle 10, la création du grade d'excellence et les primes annuelles. Sauf qu'au regard des enseignants, la revalorisation du Statut de l'enseignant passe inévitablement par une révision correcte du salaire brut et ensuite des indemnités complémentaires et des primes. « La tutelle avait proposé une prime annuelle progressive de 10.000 dirhams qui profite à presque 12 000 enseignants, mais en contrepartie d'une charge de travail plus lourde. Chose que les enseignants ont refusé », nous explique Younes Firachine. La question de la promotion est également un dossier épineux qui fait objet de revendications de la part des syndicats. « Le ministère de l'Education a commencé à recruter depuis 2013 à partir de l'échelle 10. Depuis lors, près de 24 000 enseignants sont restés stagnés à l'échelle 10 depuis des années sans promotion », ajoute-t-il, lequel fait son pari sur ce nouveau round de dialogue pour examiner les solutions, à même d'accélérer la promotion des concernés.
Accord formel avant 2024 Pour sa part, Youssef Allakouch, secrétaire général de la Fédération libre de l'enseignement, affiliée à l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), qui participe aux négociations avec le gouvernement aux côtés des autres syndicats, rassure sur l'état d'avancement du dialogue. Il a indiqué que, comme souligné par le ministre Benmoussa, les parties prenantes parviendront à un accord avant l'adoption de l'actuel projet de loi de finances, et ce, afin d'assurer l'allocation des ressources financières nécessaires et de procéder à la mise en œuvre de l'accord à compter de début 2024. «Nous allons obtenir l'acquis formel relatif aux hausses des salaires bien avant janvier 2024, date à laquelle nous nous retrouverons autour de la table des négociations», détaille Youssef Allakouch. Il a appelé, à son tour, les enseignants grévistes à reprendre les cours après plus de six semaines de protestations impactant ainsi le parcours des milliers d'apprenants.